France-Portugal : Quel Portugais va se dévouer pour inscrire un CSC face aux Bleus ?
Euro 2024•Comme depuis le début du tournoi, les Français auront bien besoin d’un peu d’aide pour franchir les quarts de finale, vendredi
Nicolas Stival
L'essentiel
- La France défie le Portugal vendredi (21 heures) à Hambourg, en quart de finale de l’Euro 2024.
- Inopérants dans le jeu, les Bleus ont marqué deux de leurs trois buts depuis le début du tournoi grâce à un CSC.
- « 20 Minutes » a imaginé cinq scénarios qui pourraient permettre aux coéquipiers de Kylian Mbappé de récidiver vendredi soir.
On ne va pas se raconter d’histoires. A côté du France-Portugal qui s’avance ce vendredi soir à Hambourg en quart de finale de l’Euro 2024, une soirée mousse dans un sanatorium ressemble au summum de la félicité. Toutefois, au milieu de matchs arides, traversés en restant « bien en place, bien équilibrés », une goutte de bonheur parvient parfois à exsuder.
Pour les Bleus, elle s’appelle souvent « CSC », puisque deux des trois malheureux buts plantés par l’équipe de Didier Deschamps en Allemagne l’ont été par un adversaire (l’autre étant un penalty de Kylian Mbappé) : l’Autrichien Maximilian Wöber en ouverture et le Belge Jan Vertonghen en huitièmes.
On peut donc parfaitement imaginer que les Français bénéficient encore d’un coup de pouce du destin (et d’un Portugais) pour forcer la porte des demi-finales. On a imaginé cinq scénarios, en gardant bien à l’esprit qu’un sixième reste possible. Après tout, sur ses cinq pions, la Seleção a aussi bénéficié de deux « própria meta » (grâce au Tchèque Robin Hranac et au Turc Samet Akaydin).
Diogo Costa
Le gardien du FC Porto est l’assurance-vie du Portugal dans cet Euro. Après les trois tirs au but slovènes détournés en 8e, il semble prendre toute la cage devant Mbappé, dans le temps additionnel d’un match aussi désolant qu’annoncé. Le capitaine des Bleus s’apprête à tirer le penalty accordé pour une main contestée de Rúben Dias. Mais son masque, lubrifié par la sueur, glisse et lui obstrue la vue au moment de tirer.
Kyky frappe à l’aveugle, sur l’intérieur du poteau gauche de Diogo Costa. Malheureusement pour lui, le portier portugais est encore parti du bon côté. La gonfle ricoche sur son dos et termine dans les filets, façon Bruno Bellone vs Carlos lors de France-Brésil dans un autre quart de finale, celui du Mondial 1986. Les Bleus sont qualifiés, Deschamps promet de verser ses primes à l’association du Chat libre du canton d’Ax-les-Thermes.
Pepe
Le défenseur central a beau être né en février 1983, comme Rafael van der Vaart, Bacary Sagna et Isabelle Ithurburu, il est encore capable de mettre dans sa poche Marcus « Casper » Thuram. Sorti dès l’heure de jeu, l’Interiste a laissé sa place à Randal Kolo Muani, guère plus menaçant pour le Duncan MacLeod lusitanien.
On se dirige gentiment vers les tirs au but, après 119 minutes de vide existentiel, lorsque le Parisien servi par N’Golo Kanté sur le côté droit de la surface portugaise rate son ersatz de tir. Mais pas le genou gauche de Vertong… heu de Pepe, qui prend Diogo Costa à contrepied. « France-Belgique, Ctrl C, Ctrl V »…
Bernardo Silva
« Mais qu’est-ce que je fous là ? » C’est ce qu’a l’air de se dire le joueur de Manchester City chaque fois que la caméra zoome sur son visage fatigué. L’esthète au physique anachronique ressemble à un intrus perdu dans ce match abrutissant, où les passes à deux mètres, à hauteur ou vers l’arrière, alternent avec les dégagements hasardeux, parfois en touche, quelquefois en six mètres.
La délivrance est proche, puisqu’après ce corner français, Francisco Conceiçao va le remplacer. Les pensées de Bernardo s’évadent vers un monde où le football est plus beau. Elles s’évadent même trop, puisque pour la première fois de l’Euro, Griezmann tape correctement un coup de pied arrêté. L’ancien Monégasque revient tout à coup à la réalité et, d’un geste brusque comme lorsqu’on est réveillé par son chat, tourne la tête vers le ballon. Ricochet sur le nez et but. Adieu l’Allemagne.
Nelson Semedo
Les deux équipes sont carbo, tout au bout de la deuxième mi-temps des prolongations. C’est l’heure des derniers remplacements, effectués davantage pour faire souffler les rescapés avant les tirs au but que pour tenter un ultime coup de folie. C’est donc le moment de Nelson Semedo, qui entre à la place d’un João Cancelo en mode économie d’énergie depuis une bonne heure.
On ne demande pas au latéral de Wolverhampton de forcer la décision, juste de tenir correctement son couloir droit pour le peu de secondes qui restent. Pas comme contre le météore allemand Robin Gosens à l’Euro 2021 en résumé… Pas de faute, pas de faute, pas de faute… Allez, juste une ultime passe en retrait à assurer pour le gardien. Tranquilou. Sauf que Diogo Costa s’est avancé pour demander le ballon, il n’est plus dans ses cages. Le Portugal offre le même CSC à la France que la Turquie lui avait donné en phase de groupes.
Cristiano Ronaldo
Quelques passes (presque) décisives, beaucoup de tirs (presque) gagnants… Face à une défense française pourtant aussi aimable qu’un maton d’Alcatraz, CR7 réussit plutôt un bon match. Mais le quasi-quadra vit pour marquer l’Histoire. Il dispute son sixième Euro (record) et a déjà planté 14 pions (autre record). Seulement, il est toujours muet depuis le début de ce tournoi en Allemagne, et ça le chiffonne. Jan Oblak l’a privé de ce plaisir en huitièmes de finale, et Mike Maignan ne semble pas plus décidé à faire un cadeau d’adieu (?) à la légende portugaise.
Depuis quelques minutes, la France pousse, un peu. L’homme de Madère vient planter son 1,87 m dans le mur, sur ce coup franc de 25 mètres de Griezmann. La frappe est non cadrée, mais déviée par le crâne de l’idole de jeunesse de Mbappé. Que le sport peut être cruel avec ses idoles.