La coupe est pleineL’arbitrage « exécrable » de Stéphanie Frappart a-t-il coulé Valenciennes ?

OL-Valenciennes : L’arbitrage « exécrable » de Stéphanie Frappart a-t-il plombé les rêves de finale de VA ?

La coupe est pleineLa seule femme arbitre professionnelle de France a été vivement critiquée par les joueurs de Valenciennes, mardi, après la demi-finale de Coupe de France entre l'OL et VA (3-0)
Coupe de France: Le débrief de la demi-finale OL-Valenciennes (3-0)
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L'OL s’est qualifié pour la finale de la Coupe de France, mardi soir à Décines, en éliminant Valenciennes (3-0) en demie.
  • Si le score est finalement large, les joueurs de VA regrettent « deux gros faits de jeu » à 0-0, à savoir un but en leur faveur accordé puis refusé, ainsi qu’un penalty généreux provoqué par Alexandre Lacazette.
  • Ces décisions litigieuses prises par Stéphanie Frappart ont pesé lourd dans le déroulé de cette rencontre longtemps tendue.

Au Parc OL,

A jamais la première. Pour la première fois en neuf années de notation des arbitres français dans le journal L’Equipe, la pire note, le 1, a été décernée mardi soir à Stéphanie Frappart lors d’OL-Valenciennes (3-0). Déjà 23e (sur 24 arbitres) à la note moyenne en Ligue 1 cette saison dans le quotidien sportif (4,45), la seule femme arbitre professionnelle en France a donc réalisé « un match exécrable » selon le barème de L’Equipe.

Hésitante à de nombreuses reprises durant cette première demi-finale de Coupe de France longtemps serrée (0-0 à la mi-temps), Stéphanie Frappart aurait pu siffler un penalty en faveur des Lyonnais sur un accrochage de Basse sur Nuamah (29e). Mais les joueurs de VA lui reprochent ensuite deux décisions majeures allant à leur encontre.

Alexandre Lacazette et Ernest Nuamah contestent une décision de Stéphanie Frappart, mardi lors de la demi-finale de la Coupe de France entre l'OL et Valenciennes.
Alexandre Lacazette et Ernest Nuamah contestent une décision de Stéphanie Frappart, mardi lors de la demi-finale de la Coupe de France entre l'OL et Valenciennes.  - Olivier CHASSIGNOLE / AFP
  • 38e : Hamache lance un contre et parvient à servir Knockaert juste avant de se faire découper par Mata. Au duel avec O’Brien, Knockaert prend le meilleur sur le défenseur irlandais, qui tombe au sol à 30 m du but lyonnais. L’attaquant de VA en profite pour foncer servir Doucouré, auteur d’une ouverture du score à même de tout changer. Stéphanie Frappart valide d’abord le but, avant d’être appelée par les arbitres VAR Bastien Dechepy et Dominique Julien, et de l’annuler pour un croc-en-jambe du Valenciennois.
  • 47e : Le défenseur de VA Cuffaut déséquilibre très légèrement Lacazette dans la surface, et Stéphanie Frappart siffle immédiatement. Elle est à nouveau appelée par les arbitres VAR. Mais cette fois-ci, à la surprise générale, elle ne modifie pas sa décision après avoir analysé les images. Le capitaine lyonnais inscrit son penalty (1-0, 51e), et Valenciennes ne reviendra jamais.

« Est-ce parce que c’est un grand club en face ? »

Conspuée par une grande partie d’un Parc OL à guichets fermés (56.719 spectateurs) en avant-match à l’annonce de son nom, en raison d’un historique remontant à la saison 2020-2021 avec l’OL de Rudi Garcia, Stéphanie Frappart a vite été insultée par le virage sud après certaines décisions en défaveur des Lyonnais. Un contexte hostile qui a pu influencer son verdict sur ces deux situations litigieuses ?

« On est Valenciennes… Si ça avait été l’inverse, les décisions auraient peut-être été différentes », évoque le gardien nordiste Jean Louchet. S’il refusait « de se cacher derrière ça », celui-ci pointait « deux gros faits de jeu dont on pourrait parler pendant longtemps ».

« Le penalty sifflé pour Lyon, je suis bien placé, juste devant l’action, poursuit Jean Louchet. Quand elle va voir le VAR, je demande à ce qu’on me donne déjà la balle pour que je fasse mon dégagement, car je sais qu’il n’y a pas penalty. Ce n’est pas possible… Ça aurait juste été bien de voir quand Lyon nous aurait potentiellement fait craquer sans ce penalty. Les regrets sont là. » »

Bien que directement impliqué sur le but refusé à Doucouré, Anthony Knockaert nourrit lui aussi des regrets sur le penalty obtenu avec malice par Alexandre Lacazette. « Ce penalty, pfffff, ça me paraît très léger, a-t-il pesté, les yeux rougis, sur beIN SPORTS. Je fais la même chose une minute avant en me jetant sur le défenseur et elle ne siffle pas. Là, dans la surface, elle siffle. Est-ce parce que c’est un grand club en face ? Je pèse mes mots. Ils n’ont qu’à me suspendre s’ils veulent, je n’en aurai rien à faire. Parce que c’est dur à accepter quand on est derniers de Ligue 2 et qu’on voit tous les efforts qu’on fournit ce soir. Au niveau de l’arbitrage, ils devraient se poser des questions… »

Tout comme leurs adversaires, les joueurs lyonnais ont souvent contesté les décisions prises par Stéphanie Frappart, mardi soir au Parc OL.
Tout comme leurs adversaires, les joueurs lyonnais ont souvent contesté les décisions prises par Stéphanie Frappart, mardi soir au Parc OL.  -  Olivier CHASSIGNOLE / AFP

« Il n’y a clairement pas faute sur notre but »

Sous entendu sur le niveau au sifflet de Stéphanie Frappart, première femme à avoir arbitré un match d’une Coupe du monde masculine, en 2022 au Qatar ? Très remonté dès la mi-temps, l’entraîneur de VA Ahmed Kantari a simplement confié en conférence de presse : « Je ne veux pas laisser la colère me submerger et taper sur l’arbitrage mais il n’y a clairement pas faute sur notre but, il faut dire ce qu’il en est. Eux, ils marquent sur un penalty alors que c’est Lacazette qui vient s’empaler sur mon défenseur. » Au cœur de ces critiques compréhensibles vis-à-vis de l’arbitrage de Stéphanie Frappart, le latéral Allan Linguet rappelle un autre élément : « Nous déjà, on n’est pas habitué au VAR. »

Car l’arbitrage vidéo n’existe pas en Ligue 2, et il n’est même apparu qu’à partir des quarts de finale lors de cette Coupe de France 2024. A deux tours de Coupe près, le but de Siriné Doucouré aurait donc été validé. Certes, l’écart final est conséquent mais les Valenciennois n’auraient sans doute pas craqué dans de telles proportions sans ce penalty dès le retour des vestiaires. « Ça fait mal car notre première mi-temps avait créé du doute chez les Lyonnais, et ils auraient pu un peu s’affoler et faire des erreurs », estime à ce propos Allan Linguet. Durant leur vol retour vers le Nord, les joueurs de VA ont peut-être esquissé un sourire en découvrant le message posté sur X par l’agent de joueurs Jennifer Mendelewitsch : « Toute l’année on veut plus de femmes dans le foot. Et puis on voit un match de Stéphanie Frappart. »