DisparitionA Toulouse, « Justo » la légende menait une vie discrète et ordinaire

Mort de Just Fontaine : A Toulouse, « Justo » la légende menait une vie discrète et ordinaire

DisparitionJust Fontaine, devenu légendaire grâce à son record de buts en une seule Coupe du Monde, est mort à 89 ans à Toulouse. Dans sa ville d’adoption, les hommages se multiplient pour saluer sa gentillesse et sa discrétion
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Just Fontaine, meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde avec ses treize buts lors la légendaire épopée Bleus en 1958, est mort à l’âge de 89 ans.
  • La vedette de Stade de Reims s’est éteinte à Toulouse, sa ville d’adoption depuis le milieu des années soixante.
  • Les Toulousains, anonymes ou pas, rendent hommage à ce héros très discret, à l’immense gentillesse.

Certains ont un jour aperçu Maradona dans la salle d’embarquement d’un aéroport et ne s’en remettent pas. A Toulouse, le frisson, le kif ultime de l’amateur de foot en présence d’une légende, pouvait se produire quasi quotidiennement, pour peu qu’on se balade en centre-ville. Avant que sa santé décline, il y a cinq ans, on y croisait « Justo », boitillant tranquillement, avec ses genoux de footeux en capilotade, parfois un sac de courses à la main.

On pouvait tomber sur lui dans l’ascenseur puis entre les étals du marché Victor-Hugo, ou dans le quartier Saint-Georges, qui avait pour lui l’immense avantage d’abriter à la fois la boutique familiale Lacoste, reprise par son fils, et le cercle des Français d’Afrique du Nord, où il aimait taper le carton avec ses fidèles copains.


« Nous avons connu le Just Fontaine d’après le football, qui faisait sa vie discrètement à Toulouse », souligne le maire Jean-Luc Moudenc (ex-LR). L'édile se souvient des « blagues » et du « goût des relations humaines » de cet administré de marque. Combien de Toulousains ont été tentés de l’interpeller dans la rue avant une énième Coupe du monde pour lui demander si, cette fois, il tremblait pour son record qu’un Ronaldo, brésilien puis portugais, se vantait de pouvoir battre. Combien ont finalement renoncé à l’importuner, désarmés par l’humilité apparente de ce Toulousain ordinaire, aux yeux rieurs ? Les témoignages sur les réseaux sociaux disent tout de la discrétion et de la gentillesse bonhomme du serial butteur.

« Libre et Facétieux »

L’histoire de la vedette de Stade de Reims avec la Ville rose commence en 1965. Par amour, il y a suivi Arlette, son inséparable épouse, et y a commencé sa deuxième vie de commerçant, avec ses magasins de sport. Car il était l’idole d’une époque où les salaires des footballeurs ne mettaient pas à l’abri pour toute une vie. « Il en plaisantait d’ailleurs, en disant qu’avec son statut, de nos jours, il aurait été millionnaire », se rappelle Jean-Luc Moudenc. Justo n’était pas un mondain mais il se pliait de bonne grâce aux sollicitations officielles, quand elles lui tenaient à cœur. « C’était quelqu’un de libre, populaire et de très généreux. Il pouvait se montrer facétieux et n’avait pas la grosse tête », confie Marc Bradfer, un de ses biographes et grand admirateur qui a un temps milité pour que le Stadium porte son nom.

Carole Delga (PS) , la présidente de la région Occitanie, rappelle notamment son engagement dans le Handisport. « Just Fontaine racontait avec passion et humour des histoires de ballon et de vie », se souvient-elle aussi. « J’ai eu l’immense privilège de connaître et d’apprécier l’homme privé, son humour, sa générosité, sa disponibilité », dit de son côté François Briançon (PS), ancien élu en charge des sports à Toulouse. Plus étonnant, François Piquemal, l’ancien coordinateur du Droit au Logement à Toulouse, devenu député LFI, se souvient de son passage dans un immeuble réquisitionné dont il était venu saluer les habitants.


Just Fontaine n’a jamais joué sous les couleurs de Toulouse. Mais il a entraîné, le temps d’une saison, l’US Toulouse, l’ancêtre du TFC, qui dit aujourd’hui son « immense tristesse ». Comme sur toutes les pelouses de France dans les jours à venir, une minute de silence sera respectée ce mercredi au Stadium de Toulouse à l’occasion du quart de finale de Coupe de France que dispute le TFC contre Rodez. Si l’enceinte toulousaine ne porte pas le nom de l’illustre buteur, la tribune d’honneur au pied de laquelle doit être déposée une gerbe, si.

Les obsèques de Just Fontaine doivent être célébrées lundi 6 mars, à 14 heures, à la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse.