Danemark-France : Est-ce qu’on ne se dirigerait pas gentiment vers une grosse cata au Qatar ?
FOOTBALL•Battue au Danemark dimanche soir, l’équipe de France n’est pas dans la forme de sa vie alors que se profile le Mondial au Qatar dans un mois et demiAymeric Le Gall
L'essentiel
- Battue sans combattre au Danemark dimanche soir, l’équipe de France a disputé son dernier match avant de s’envoler pour la Coupe du monde au Qatar.
- Malgré la victoire face à l’Autriche jeudi, les Bleus restent sur une série de matchs piteux et affichent une forme préoccupante à un mois et demi du Mondial.
- Système de jeu, état d’esprit, forme physique, ambiance à la FFF, rien ne semble aller actuellement pour les champions du monde en titre. C’est grave, docteur ?
Méthode Coué ou politique de l’autruche ? Dans la foulée du Gloubi-boulga offert par les rescapés de l’équipe de France au Danemark, dimanche soir, pour ce dernier match avant la Coupe du monde, les Bleus ont entonné en chœur le même refrain : TOUT VA BIEN. D’Antoine Griezmann, qui n’est « pas du tout inquiet » après la claque danoise, à Aurélien Tchouaméni, qui préfère mettre en avant « le match collectif » d’il y a trois jours face à l’Autriche, en passant par Didier Deschamps, qui voit dans ce non-match une simple « piqûre de rappel » avant de s’envoler vers le désert, tous ont assuré qu’il n’y avait pas péril en la demeure.
Et pourtant… A la veille d’un Mondial inédit où l’unique préparation consistera à poser ses valises au pied de son lit et à trottiner vite fait autour du terrain pour récupérer du match de championnat disputé en club l’avant-veille, les raisons de se bouffer les ongles jusqu’aux phalanges ne manquent pas. Avec cette question lancinante qui ne nous quitte pas depuis dimanche : tout ne serait-il pas réuni pour se prendre les pieds dans le tapis bien comme il faut du côté de Doha ?
- Pire série depuis le Général De Gaule
Les chiffres, d’abord. Que nous disent-ils ? Que depuis 1958 l’équipe de France n’a jamais réalisé une telle série de lose avant de s’envoler pour une Coupe du monde. Avec une seule victoire en six rencontres (pour trois défaites et deux nuls), la dynamique actuelle des Bleus ne prête pas franchement à l’optimisme. Et comme si ça n’était pas suffisant, nos amis d’Opta en rajoutent une couche ce matin en rappelant que, hors matchs amicaux, la France a perdu trois rencontres en 2022, égalant (déjà) son pire total sur une année civile, à égalité avec 1966, 1981, 2008 et 2010-année apocalyptique.
- Esprit de 2018, où es-tu ?
Au-delà des chiffres, déjà pas bien fifous, c’est l’impression générale laissée par cette équipe qui nous préoccupe aujourd’hui. Hormis la récente victoire en Autriche, l’équipe de France affiche un niveau de jeu pour le moins préoccupant, d'autant plus que l’excuse des absences en cascade est rendue inopérante quand on se souvient que c’est avec son équipe type que les Bleus ont sombré au Stade de France, en juin dernier, face à ces mêmes danois. Vous nous direz qu’on n’a pas eu besoin de se la jouer samba do Brazil pour être sacré champion du monde en Russie il y a quatre ans. Pas faux. Le problème c’est que ce qui faisait la force de cette équipe – sa grinta, sa défense de feu, sa force collective – n’est plus qu’un lointain souvenir.
- Le retour des blessés, ok, mais dans quel état ?
Tout n’est pas de leur faute non plus, on le sait. Frappés par une scoumoune inédite dans l’histoire avec la moitié de l’équipe type sur le carreau, les Bleus d’hier ne ressembleront pas à ceux du mois de novembre, quand les tauliers auront pansé leurs bobos et repris leur place dans le XI. Mais dans quel état de forme seront les Benzema, Kanté, Coman, Kimpembe ou autre frérots Hernandez d’ici là ? Si, pour KB9, dont le retour sur les terrains est imminent, cette petite pause forcée pourrait presque être perçue comme bénéfique après une saison dernière terminée sur la jante, pour les autres il faudra du temps avant de retrouver un niveau athlétique à peu près décent.
- Deschamps tâtonne encore
D’un point de vue tactique non plus, les choses ne sont pas jojos. S’il est toujours mieux d’arriver à une Coupe du monde avec au moins quelques certitudes de ce côté-là, à l’heure actuelle, les Bleus sont loin du compte. Après une première phase de test réussie dans son nouveau système en 3-5-2, Deschamps a rebasculé à quatre derrière en juin dernier, avant de revenir ces derniers jours sur sa formule à trois centraux. Avec le résultat qu’on connaît. Interrogé sur ce point dimanche soir, DD a expédié la question.
« « Ce n’est pas une question de système, a-t-il répété comme il le fait à chaque fois que le sujet revient sur le tapis. Quand vous avez quatre corners et que ce sont quatre fois les Danois qui ont un mec seul… Vous pouvez jouer à cinq, à dix, à douze… Il y a l’animation mais aussi les ingrédients nécessaires. » »
Il n’empêche, en enlevant une solution supplémentaire au milieu du terrain pour ajouter un troisième défenseur central, il faut au moins être sévèrement burné sur les côtés pour que la magie opère. Or, de ce qu’on a pu en voir dimanche soir, que ce soit avec Pavard à droite ou Mendy à gauche, le danger est rarement venu des pistons. DD va-t-il faire comme d’habitude et changer son fusil d’épaule pendant la phase de poules et trouver la formule gagnante à l’arrache ? Ça avait moyennement marché à l’Euro, un peu plus à la Ligue des nations, mais on peut au moins se désoler de se retrouver aussi hésitants à l’automne 2022 sur la matche à suivre : les phases d’éliminatoires servent en général à peaufiner une identité/un système de jeu à s’y tenir.
- Un trio d’attaque qui bégaye
Devant, sauf cataclysme, on connaît le tiercé gagnant. Ca fait des mois que Deschamps se creuse la soupière pour mettre son trio Mbappé-Griezmann-Benzema dans les meilleures dispositions, il ferait beau voir de tout bouleverser dans la dernière ligne droite. Reste que Benzema revient de blessure, que Grizou joue avec l’Atlético les seules minutes que sa clause contractuelle daigne lui octroyer et que Mbappé n’est pas dans la forme de sa vie, aussi bien sportivement que psychologiquement. Il a beau crier (trop) haut et (trop) fort qu’il préfère son utilisation en Bleu qu’au PSG, où le pauvre, serait réduit à un vulgaire rôle de pivot (LOL), c’est bien de sa forme en club que dépend son Mondial qatari.
Or, quand on voit avec quel entrain il semble évoluer avec Neymar, dont on lui aurait promis la tête au moment de sa prolongation, il y a de quoi se poser quelques questions. Quant aux supersub, si le retour en grâce de Dembouz (ménagé contre le Danemark) au Barça tend à nous redonner un peu le sourire, derrière c’est le néant. Ben Yedder a disparu de la dernière liste du fait de ses prestations moyennes en club et Nkunku peine à s’imposer comme alternative crédible en attaque. Au final, c’est l’increvable Olivier Giroud qui pourrait sortir gagnant de ces duels à distance, à condition que DD veuille bien se laisser convaincre, que non, le meilleur buteur en activité des Bleus ne mettra pas le boxon dans la vie de groupe.