Juventus : Pogba prend-il un gros risque en refusant de se faire opérer ? (Spoiler : non, mais la Juve oui)
FOOTBALL•Blessé au ménisque du genou droit, Paul Pogba a choisi de ne pas se faire opérer afin de garder toutes ses chances d'aller au Mondial au Qatar, au grand dam de la Juventus de TurinAymeric Le Gall
L'essentiel
- De retour à la Juve cet été après six saisons à Manchester United, Paul Pogba s’est blessé au ménisque du genou droit lors de la tournée estivale des Bianconeri.
- Lancé dans un contre-la-montre d’ici au Mondial au Qatar, le joueur a préféré ne pas se faire opérer pour garder une chance de disputer la Coupe du monde.
- Si ce choix ne plaît pas à la Juventus, qui optait pour une opération, il n’en est pas pour autant plus risqué pour le milieu de terrain, qui donne sa préférence aux Bleus.
Malgré ses beaux yeux, la Vieille Dame n’a pas fait le poids. Quand Paul Pogba, lancé dans une course contre la montre et la douleur après sa récente blessure au ménisque du genou, a dû trancher, il a choisi l’équipe de France et la Coupe du monde au Qatar. Sur la table, trois options s’offraient à lui. Mais deux d’entre elles impliquaient de passer sur le billard et de tirer quasiment à coup sûr un trait sur le Mondial au Qatar. La première, la meniscectomie sélective (ablation du ménisque endommagé), l’aurait tenu éloigné des terrains pour une durée de deux mois minimum, tandis que la suture nécessitait quant à elle une phase de repos d’au moins quatre à cinq mois.
C’est vers l’une de ces deux options que poussait la Juventus, pour s’assurer d’une guérison certes plus longue mais a priori définitive. Ce n’est pas le choix qu’a fait Paulo. Après un passage devant le staff médical des Bianconeri, à Turin, le milieu de terrain est allé demander l’avis de l’un des spécialistes du genou, le docteur Bertrand Sonnery-Cottet, qui a déjà opéré Zlatan Ibrahimovic, au Centre orthopédique Paul-Santy de Lyon. A son retour, au grand dam de la Vieille Dame, Pogba a finalement opté pour un traitement conservateur à base de renforcement musculaire en piscine et au gymnase qui ne nécessite pas d’opération et permet un retour à la compétition en cinq semaines environ.
Le choix du cœur
Ce choix, perçu comme risqué par la Juventus qui évalue à 50 % les chances de guérison totale, le docteur Philippe Loriaut, chirurgien au centre de chirurgie orthopédique et traumatologie du sport des Lilas, le comprend. « C’est vrai que dans le cadre d’une lésion méniscale, on a tendance à privilégier la réparation (donc l’opération) mais, dans le cas de Pogba, on comprend que tout est une question de calendrier, explique-t-il. En optant pour le traitement conservateur, il se donne une chance de jouer la Coupe du monde. D’autant que, s’il n’y a pas de certitudes avec la thérapie conservatrice, il n’y en a pas non plus avec la chirurgie. »
Comme le rappelle la Gazzetta Dello Sport, le champion du monde français a été profondément marqué par son opération de la cheville lorsqu’il évoluait à Manchester United et il préfère désormais des traitements moins radicaux. D’autant que, connaissant l’amour que porte La Pioche à l’équipe de France, qui n’est jamais meilleur qu’avec le maillot bleu lors des grandes compétitions internationales, il semblait peu probable que celui-ci ne tente pas sa chance. C’était aussi le pari qu’avait fait Samuel Umtiti il y a quatre ans (pour le résultat qu’on connaît) et que tout le monde ressort aujourd’hui du tiroir pour commenter le choix de Paulo.
La Juve savait à quoi s’attendre
Mais pour le docteur Loriaut, le risque est calculé et mesuré. « Lorsqu’on parle d’une opération du ménisque, on a toujours quelques mois pour agir, professe-t-il. Il sera toujours temps d’opérer s’il voit que ça n’a pas fonctionné de cette manière. Au vu du contexte, avec le Mondial dans quelques mois, la décision prise par Pogba me semble être la plus logique et la plus raisonnable. C’est peut-être celle-là que je lui aurais conseillée également, même si c’est vrai que ça peut impacter son club pour le reste de la saison. »
Si tel est le cas, la Juve pourra clairement s’en mordre les doigts. Mais quand on signe un Paul Pogba à quatre mois d’une Coupe du monde avec les Bleus, on peut difficilement dire qu’on ne l’avait pas vu venir.