FOOTBALLPourquoi n’y a-t-il pas une ferveur totale à Lyon, même en Ligue Europa ?

OL-West Ham : « On n’en peut vraiment plus »… Pourquoi n’y a-t-il pas une ferveur totale à Lyon en Ligue Europa ?

FOOTBALLLe joli parcours de l'OL, cette saison en Ligue Europa, avant son quart de finale retour face à West Ham jeudi (21 heures), ne suffit pas à sauver la saison aux yeux de ses supporteurs
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’Olympique Lyonnais accueille West Ham, jeudi (21 heures), pour un quart de finale retour de Ligue Europa indécis, après le nul à l’aller (1-1).
  • Si l’affluence devrait dépasser les 50.000 spectateurs au Parc OL, la plupart des supporteurs restent remontés contre leur équipe, en raison de la 10e place actuelle en Ligue 1.
  • « Nous sommes à un stade où on n’en peut vraiment plus », lance ainsi Lisa (25 ans), abonnée au virage nord depuis 2013.

Souvenez-vous l’automne dernier, quand le virage nord du Parc OL hurlait à tue-tête son chant à la gloire de Lucas Paqueta, et communiait comme rarement avec son équipe, même lorsqu’il ne s’agissait que d’un match de poule de Ligue Europa contre le Sparta Prague (3-0). Cette connexion n’a depuis eu de cesse de se fragiliser, au fur et à mesure que le groupe de Peter Bosz s’est enlisé dans le ventre mou de la Ligue 1 (il est 10e à 7 journées de la fin). Si bien que même la perspective d’une cinquième demi-finale européenne dans l’histoire du club, jeudi (21 heures) contre West Ham, ne transcende pas la plupart des supporteurs.

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Pour ce quart de finale retour de Ligue Europa, l’affluence à Décines devrait être inférieure à celle du 8e de finale contre le FC Porto (54.551 spectateurs). « Ça doit être l’occasion de tout donner en tribunes et sur le terrain dans un stade plein », a sans surprise exhorté Jean-Michel Aulas, mardi sur Twitter, en appelant à « l’union sacrée » pour la 178e fois sous sa présidence. Une ficelle trop récurrente pour véritablement rassembler les supporteurs lyonnais.

« On a tous eu du mal à se lâcher »

« Nous sommes à un stade où on n’en peut vraiment plus, lance Lisa (25 ans), abonnée au virage nord depuis 2013. On a tout pour être hypés par cette saison en Ligue Europa, mais on est en colère contre le club et les joueurs. Imaginez, je n’ai même pas célébré notre but à la fin, dimanche contre Strasbourg (1-1). » Présent au London Stadium jeudi dernier (1-1), au milieu d’un parcage lyonnais moyennement garni (1.200 personnes), Richard a ressenti cette ferveur actuellement très limitée : « Ce n’était clairement pas la folie. Il n’y avait pas un gros rythme sur le terrain et on a tous eu du mal à se lâcher. Et puis c’était dur de passer comme si de rien n’était d’une grève des encouragements pendant toute la première période contre Angers (3-2) à un gros match européen quatre jours plus tard. Un truc s’est cassé ».

Ce « truc » ne se limite pas au cap symbolique des 10 ans sans le moindre trophée qui tend les bras à l’OL le mois prochain. Non, il s’agit aussi d’un manque d’émotions fortes vécues au stade, notamment en comparaison avec le précédent parcours réussi en Ligue Europa en 2017, avec une place arrachée jusque dans le dernier carré. Personne à Lyon n’a oublié les qualifications mémorables contre l’AS Roma et Besiktas.

La fin de l’état de grâce, même pour Lucas Paqueta

« Ça n’avait strictement rien à voir, j’étais en pleurs au coup de sifflet final après l’élimination en demies contre l’Ajax Amsterdam, raconte Lisa. Là, je ne m’imagine pas du tout pleurer si ça tourne mal face West Ham. Rien ne va cette saison donc ce serait presque logique que ça s’arrête jeudi. » Habitué du virage sud, Richard complète en souriant : « On a eu beau éliminer Porto cette saison, j’avoue qu’avec mes potes, on ne se souvenait même plus du buteur du match aller ».

Les supporteurs lyonnais gardent en tête l'ambiance de folie vécue lors de la demi-finale retour de Ligue Europa, en 2017 contre l'Ajax Amsterdam.
Les supporteurs lyonnais gardent en tête l'ambiance de folie vécue lors de la demi-finale retour de Ligue Europa, en 2017 contre l'Ajax Amsterdam. - Laurent Cipriani/AP/SIPA

Tout simplement car même Lucas Paqueta (car c’est bien de lui qu’il s’agit), idole absolue du Parc OL en début de saison, est désormais le plus souvent méconnaissable, et a priori forfait jeudi car malade. Egalement blasés par le départ précipité de Juninho et, à moindre mesure, par celui de Bruno Guimaraes lors du mercato hivernal, les supporteurs lyonnais sont-ils quand même prêts à tout donner jeudi ? Peter Bosz a insisté sur cet enjeu-là, ce mercredi, lors de la conférence de presse d’avant-match.

« L’atmosphère à Londres était extraordinaire en faveur de West Ham. Dans notre stade, les supporteurs seront pour nous, et ça sera la plus grosse différence. J’ai l’expérience de ces gros matchs et l’ambiance peut vraiment faire la différence. Si les joueurs mettent beaucoup d’énergie et un très bon état d’esprit, les supporteurs seront très vite derrière nous. » »

« De nombreuses personnes sont dépitées dans les virages »

« Quand tu es supporteur lyonnais, un jour tu veux te moquer des joueurs, et un jour tu pourrais partir à la guerre pour les soutenir, tant cette équipe est capable de tout, estime Ilyas (23 ans), lui aussi présent lors du match aller contre West Ham, et auteur d’une vidéo bêtisier sur Twitter du décevant match de son équipe ensuite à Strasbourg. On essaie de rigoler comme on peut parce qu’avec ce qu’on voit sur le terrain, on n’a pas beaucoup de raisons d’avoir le sourire. Quand tu vois le potentiel de ce club et la trajectoire qu’il prend, c’est la frustration qui domine. Seule la victoire finale en Ligue Europa peut sauver ce qui est pour l’instant ma pire saison en tant que supporteur de l’OL. »

Même lors du 8e de finale retour de Ligue Europa contre Porto, qui a permis à Moussa Dembélé et aux Lyonnais de se qualifier, les supporteurs ne se sont pas véritablement lâchés.
Même lors du 8e de finale retour de Ligue Europa contre Porto, qui a permis à Moussa Dembélé et aux Lyonnais de se qualifier, les supporteurs ne se sont pas véritablement lâchés. - Laurent Cipriani/AP/SIPA

« Je pense qu’il y aura une grosse ambiance jeudi mais ce n’est pas un match qui m’excite plus que ça, poursuit Richard. S’il ne se passe à nouveau rien sur le terrain, il y a clairement un risque de désintérêt pour cette équipe d’ici la fin de la saison. Je sens que de nombreuses personnes sont dépitées dans les virages. » A commencer par Lisa, lassée d’effectuer 100 km depuis Oyonnax (Ain) pour assister à de si décevants matchs de son équipe favorite au Parc OL. « On est dans l’optique de retourner le stade contre West Ham, confie la jeune femme. Mais si on se prend un but, ça va être une clim monumentale et l’ambiance va se dégrader. Moralement, cette saison est épuisante. C’est aux joueurs de mériter leurs supporteurs. »