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Les Mahorais des Jumeaux de M’Zouasia entre frustration et rêve en Coupe

Coupe de France : Le club mahorais des Jumeaux de M’Zouasia entre frustration et rêve

FOOTBALLMalgré leur parcours exceptionnel en Coupe de France, les Jumeaux de M’Zouasia regrettent de ne pas pouvoir jouer sur leur île de Mayotte
Clément Carpentier

Clément Carpentier

L'essentiel

  • Les Jumeaux de M’Zouasia sont de retour en métropole pour affronter ce dimanche (18h20) les Girondins de Bordeaux en 32e de finale de Coupe de France.
  • En raison du manque d’infrastructures et des règlements, ils n’ont pas la possibilité d’accueillir leurs adversaires métropolitains à Mayotte. Un immense regret pour eux.
  • Comme d’autres équipes d’Outre-Mer, ils s’offrent des tournées dans l’Hexagone à chaque tour et l’aventure sportive hors norme l’emporte souvent sur cette frustration.

Le froid ne leur fait même plus peur. Ils s’y seraient presque habitués à force de passer leur vie en métropole ces dernières semaines. Ce mercredi, ils ont en plus le droit à un grand soleil pour leur rappeler qu’à la maison, à 7.887 kilomètres au sud de Bordeaux, c’est l’été austral et ses 30 degrés de moyenne. Le rêve ! Pourtant, celui des Jumeaux de N’Zouasia se poursuit bien loin de Mayotte, sur les bords de la Garonne.

Après un premier périple de deux semaines en Bretagne en novembre, pour autant de qualifications au CS Plédran et au Plancoët Arguenon FC, les Mahorais sont de retour dans l’Hexagone pour affronter ce dimanche (18h20) les Girondins en 32e de finale de la Coupe de France au Matmut Atlantique. Entre-temps, les joueurs d’Ali Djamalidine ont juste eu le temps d’aller faire quelques machines à laver sur leur île natale. Histoire de se faire tout beau, tout propre pour ce match historique qui les attend.

Infrastructure et règlement empêchent tout accueil sur l’île

Un match que cette équipe évoluant en R1 (sixième niveau français) aurait bien aimé joué chez elle. « C’est vrai que beaucoup de Mahorais en parlent. Malheureusement, on n’a pas les infrastructures. On n’a pas le choix. On doit se déplacer », regrette Belhadj Cheik Ahamed, l’entraîneur adjoint.

«  C’est sûr que pour nous, une petite île comme ça, ça aurait été un truc exceptionnel de les recevoir. On espère qu’à l’avenir les élus vont faire le nécessaire pour avoir des stades adaptés. »  »

Pour l’instant, le leur n’a même pas de vestiaire. C’est dire. « C’est vraiment dommage. On aurait aimé recevoir des équipes métropolitaines chez nous. Sur le plan psychologique, ça nous aiderait beaucoup parce que vous recevez, il y a le public, le contexte, ça donne un gros avantage », regrette Ambdillah Allaoui, le secrétaire général du club, même si pour l’instant cela a plutôt réussi aux Mahorais. Au-delà de ces problèmes d’infrastructures, il y a de toute manière un règlement à respecter. Comme le rappelle la FFF à 20 Minutes, le déplacement d’une équipe amateur en Outre-Mer dépend du volontariat et pour les clubs de L1 et L2, c’est tout simplement impossible en raison des calendriers nationaux et de l’UEFA. Un jour, peut-être, cela évoluera…

Les Jumeaux de M'Zouasia avant leur rencontre face aux Girondins de Bordeaux
Les Jumeaux de M'Zouasia avant leur rencontre face aux Girondins de Bordeaux  - G.Fréchou / 20 Minutes

Financièrement, cela ne change presque rien

En attendant, « il y a forcément beaucoup à faire » avec tous ses voyages comme le souligne Ambdillah Allaoui. « La gestion humaine déjà, la gestion matérielle, la logistique, le climat, le transport… C’est quand même un peu tendu », reconnaît le dirigeant mahorais. Une chance tout de même dans tout ça, c’est la prise en charge financière de la FFF. Elle couvre les frais de déplacement et d’hébergement des clubs d’Outre-Mer pour 30 personnes à partir des 32es de finale. C’était un peu moins pour les 7e et 8e tours. Un petit regret car souvent tout le monde ne peut pas monter dans l’avion. Il faut faire des choix.

Les dotations de la Coupe de France pour l'édition 2021/2022.
Les dotations de la Coupe de France pour l'édition 2021/2022.  - Capture écran / FFF

Si les clubs doivent prendre en charge les frais supplémentaires, cela reste au final une belle opération financière comme pour toutes les équipes qui réussissent un vrai parcours. A ce stade, les Jumeaux de M’Zouasia ont déjà engrangé 52.000 euros cette saison. Cela représente plus de la moitié du budget annuel du club. Un chiffre qui pourrait augmenter de 30.000 euros si les Girondins reversent comme de tradition leur part. Et si miracle dimanche, c’est 50.000 euros supplémentaires qui tomberont dans les caisses. Pour le coup, le club Mahorais pourrait au moins s’offrir des vestiaires dans les prochains mois.

Le sportif, plus fort que tout

Enfin, on ne peut pas évoquer le sportif car bien sûr en Coupe de France, il emporte tout sur son passage. Pour Ambdillah Allaoui, « son club vite humainement quelque d’extraordinaire extraordinaire cette saison et c’est encore plus fort pour nous car on vit ensemble pendant des semaines comme en Bretagne. » Cette fois-ci, il y a même la cerise sur le gâteau, celle d’affronter un club de Ligue 1 et pas n’importe lequel.

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« C’est exceptionnel, ça n’arrive qu’une fois dans sa vie », lance le secrétaire général. Jusqu’à maintenant et malgré plusieurs qualifications aux 7e tour et 8e tour depuis dix ans, les Jumeaux de M’Zouasia étaient toujours tombés sur des équipes amateurs (Avranches en 2014 et Chateaubriand en 2015). En plus, l’histoire fait bien les choses puisque plus d’une dizaine de joueurs mahorais sont des supporteurs des Girondins de Bordeaux.


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Alors oui ce ne sera pas chez eux devant leurs proches, mais quoi de plus beau pour un joueur amateur que de se jouer dans un grand stade devant plusieurs milliers de personnes. « Franchement, arriver au Matmut Atlantique, c’est un rêve », avoue Adifane Hamada Noussoura, le milieu de terrain offensif de cette équipe. Avec ses coéquipiers, ils en avaient déjà eu un avant-goût lors du tour précédant en jouant au Roudoudou. « C’était déjà magnifique mais là c’est encore deux fois plus grand, savoure Belhadj Cheik Ahamed. A Guingamp, les joueurs avaient bien géré de jouer dans ce contexte donc je pense que ça ne les effraie pas. »