Equipe de France : « Ce groupe a une qualité humaine incroyable », salue le Lyonnais Léo Dubois
INTERVIEW•A 26 ans, Léo Dubois va disputer sa première compétition internationale avec l'équipe de FrancePropos recueillis par Aymeric Le Gall
L'essentiel
- Appelé pour la première fois en Bleu en mai 2019, le Lyonnais Léo Dubois compte aujourd’hui sept sélections en Bleu.
- Malgré la saison en demi-teinte de l’OL, qui a terminé aux pieds du podium de L1, le latéral droit a toujours espéré faire partie du groupe de 26 pour l’Euro.
- Pour 20 Minutes, il revient sur son intégration en bleu il y a deux ans et sur l’ambiance qui se dégage du groupe à moins de quinze jours du début de la compétition.
Régulièrement appelé par Didier Deschamps en équipe de France depuis maintenant deux ans, Léo Dubois va vivre pour la première fois de sa carrière une grande compétition internationale avec la sélection. Titulaire sur le flanc droit de la défense lyonnaise, l’ancien Nantais sort d’une saison pleine malheureusement ponctuée par l’échec de la qualif en Ligue des champions.
S’il n’a évidemment pas le même statut en Bleu qu’à l’OL, le latéral a le sentiment aujourd’hui d’être parfaitement intégré à ce groupe. Pour 20 Minutes, il a accepté de nous donner ses premières impressions sur cette équipe de France en quête d’un doublé historique Coupe du monde-Euro.
Benjamin Pavard a été remplacé à la pause face aux Gallois et c’est Jules Koundé qui est entré à sa place. Vous aviez un petit pépin physique ou c’était un choix de Didier Deschamps ?
C’est un choix du sélectionneur sur le moment, de mon côté physiquement tout va bien.
Sur le papier, vous avez été appelé pour être la doublure de Pavard à l’Euro… Qu’est-ce qu’on se dit sur le coup quand on voit que ce n’est pas nous qu’on appelle pour entrer ? Il y a du doute, des interrogations ?
Forcément sur le coup il y a une réflexion à avoir par rapport à ça mais j’ai ce caractère-là de ne jamais me plaindre, de bosser à l’entraînement et de donner 100 % de moi-même sur le terrain. Donc je ne me pose pas non plus mille questions, je suis là pour me mettre au service de cette équipe si on fait appel à moi et pour faire partie de cette belle aventure. Comme je l’ai déjà dit, je tiendrai mon rôle jusqu’au bout, il n’y a pas de question à se poser, il faut juste bosser toujours plus pour le groupe.
Dans certains écrits, dans certaines interviews, on a la sensation que vous êtes parfois remis en question, que votre place dans les 26 n’est pas légitime. Ça ne finit pas par vous fatiguer à la longue ?
Fatigant je ne sais pas, ce qui est sûr c’est que les débats existeront toujours à partir du moment où on est pris dans une liste pour un championnat d’Europe ou une Coupe du monde. Il y a toujours des débats autour de chaque joueur, c’est comme ça, il faut apprendre à vivre avec. Je fais ce métier-là depuis maintenant suffisamment de temps pour pouvoir gérer ces périodes-là, ces discussions, et continuer à bosser dur dans mon coin. Et puis on a des objectifs tellement élevés qu’on n’a pas forcément le temps de s’arrêter sur ce qui se dit autour de nous.
Ca va faire deux ans que vous avez intégré les A. Comment on fait pour trouver sa place dans un groupe de champions du monde qui a déjà un beau vécu en commun sans vous ?
Ils ont un énorme vécu commun, c’est clair, mais ce vécu-là est hyperpositif donc c’est assez simple à vivre. Ça va faire deux ans que je côtoie ce groupe et aujourd’hui je me sens pleinement intégré. Quand je suis arrivé, je suis resté moi-même, je n’ai pas essayé de changer parce que c’était l’équipe de France. Et à l’arrivée ça a matché, tout simplement. Je ne me suis pas pris la tête plus que ça même si je savais que j’arrivais dans un environnement où il y avait une certaine attente du fait du titre de champion du monde. J’ai vécu ça sereinement, positivement. Maintenant la phase d’intégration est derrière moi, on entre dans une phase de compétition et on doit tous ensemble aller chercher quelque chose d’énorme, c’est pour ça que chacun doit tirer dans le sens du collectif pour aller au bout.
Le groupe que vous avez découvert en mai 2019 est-il encore très cimenté par l’aventure de Russie ou est-il définitivement passé à autre chose ?
Un peu des deux en fait ! On part sur une nouvelle aventure bien évidemment, mais il y a encore une grosse ossature de 2018. Et vu que ça a très bien fonctionné en Russie il y a trois ans, ce serait dommage de ne pas s’appuyer sur ce vécu, sur cette aventure, pour aller chercher quelque chose de fantastique cet été.
En club vous commencez à avoir une belle expérience du rôle de capitaine, que ce soit à Nantes ou parfois à Lyon. N’est-ce pas compliqué d’arriver dans un groupe et d’avoir un statut différent ?
C’est vrai que j’ai ce vécu-là, cette expérience, mais aujourd’hui en équipe de France ce n’est pas forcément mon rôle. Chacun doit trouver sa place, il y a beaucoup de joueurs dans le groupe qui ont une énorme expérience au très haut niveau, au niveau international, tout le monde ici a déjà gagné des trophées, donc ils savent comment réagir dans un contexte de grande compétition, comment réagir à tout ce qui se passe autour de nous. Moi je suis là avec une oreille attentive auprès des gars pour ensuite pouvoir, une fois que je reviens à Lyon, apporter à mon tour cette expérience du niveau international. En équipe de France aujourd’hui, je prends tout ce qu’il y a à prendre pour grandir et progresser.
Vous disiez chez nos confrères de Ouest France que le rôle de capitaine caractérise bien votre personnalité. Pourtant, dans les médias, c’est souvent votre timidité et ce côté « garçon qui ne fait pas de vague » qui ressortent. Est-ce qu’on se trompe sur vous ?
Non je ne pense pas qu’on se trompe sur moi. Chacun a le droit d’avoir un avis sur la personne et le joueur que je suis. Je suis quelqu’un qui a une grosse confiance en lui mais qui sait aussi rester à sa place. Après, je sais aussi intervenir quand j’en ressens le besoin, je suis quelqu’un de très à l’écoute des autres. Il y a différente manière d’appréhender le rôle de capitaine et ça c’est la mienne. J’essaye de prendre ce que je peux dans le management des uns et des autres pour ensuite construire à ma façon mon type de capitanat auprès d’un groupe.
Vous expliquiez dans un autre entretien que vous avez toujours eu l’équipe de France dans un coin de la tête. Faites-vous vos choix de carrière et de club en fonction de ça ?
L’équipe de France c’est ce qui me faisait rêver quand j’étais petit, tout simplement. Après, au fil des années on se rend compte que ce rêve peut devenir réalité, donc oui forcément on essaie de faire ses choix de carrière en fonction de cet objectif-là. J’ai choisi l’OL car je savais que c’était un club qui pouvait m’offrir cette opportunité-là, je savais que si j’arrivais à m’affirmer en tant que titulaire à Lyon ça pourrait m’ouvrir les portes des Bleus et c’est ce qui s’est passé. Je suis content de ça, je pense que j’ai fait un bon choix de carrière. Maintenant il faut continuer à bosser parce que ce n’est pas parce que tu joues régulièrement à l’OL ou dans un autre plus grand club que l’équipe de France est assurée. Vu la qualité et le nombre de joueurs talentueux qui peuvent postuler à une place dans le groupe, il faut travailler un peu plus dur chaque jour pour pouvoir y revenir.
Rien n’est jamais acquis en Bleu…
Oui mais c’est aussi ce qui fait la beauté de l’équipe de France, il faut bosser en permanence et être le meilleur possible pour pouvoir y figurer. C’est vraiment ce qui rend une sélection si particulière.
Justement, à ce titre, comment jugez-vous votre saison à Lyon ?
A titre personnel je la juge satisfaisante. Je m’étais fixé comme objectif d’être à l’Euro et je savais que ça devrait forcément passer par de bonnes prestations à l’OL. Si je suis là c’est que j’en ai fait des bonnes, que je mérite cette place. Je suis content de ce que j’ai fait et de ma progression, même si je sais qu’il y a encore beaucoup de steps [paliers] à franchir. J’ai fait mon plus grand nombre de matchs sur une saison depuis mon arrivée à Lyon, j’ai bien enchaîné les matchs, c’est bien. Après, c’est difficile de ne pas lier ça au collectif et avec les résultats qu’on a eus sur la fin, c’est impossible de se contenter de ça quand on joue à l’OL. On a tout fait pour pouvoir arracher le podium, on n’a pas réussi, c’est malheureux mais c’est le sport. On va rebondir la saison prochaine, j’en suis convaincu.
Vous avez contracté le Covid-19 en cours de saison, comment ça s’est passé au moment de revenir sur les terrains ?
Personne ne réagit de la même manière, il y a des joueurs qui se remettent très rapidement, d’autres un peu moins. C’est assez compliqué de répondre à cette question car on n’a pas encore assez de recul. Mais ce n’est pas anodin, c’est une maladie qui touche les voies respiratoires donc en tant que sportif de haut niveau, ça peut être handicapant entre guillemets, même si c’est un bien grand mot. Disons dérangeant, plutôt.
Et à titre personnel, vous n’avez pas ressenti de difficultés particulières à revenir au niveau ?
Après la maladie j’ai eu besoin d’un petit temps d’adaptation mais ça n’a pas été bien méchant.
Revenons aux Bleus. Pardon pour le cliché, mais on a la sensation de l’extérieur que ce groupe vit vraiment bien, qu’il est heureux de se retrouver à chaque rassemblement. Vous le percevez comment depuis l’intérieur ?
C’est un groupe qui a une qualité humaine incroyable, il y a énormément d’échanges, de discussions, de partage. Ce n’est pas toujours le cas dans des groupes mais là c’est vraiment ce qui se passe et c’est génial à vivre de l’intérieur. Et puis, au-delà de la qualité humaine, il y a aussi une qualité collective et individuelle sur le terrain qui est assez extraordinaire. Donc oui, le groupe vit bien comme vous le dites, il vit même très bien ! Maintenant, on sait qu’il faut réussir à retranscrire cela sur le terrain, ça va être à nous de prouver dans les faits que ce groupe-là à plaisir à vivre ensemble. On va forcément connaître des moments un peu plus compliqués pendant la compétition et c’est là que la vie de groupe, que l’osmose qu’il y a entre nous et qu’ont créée au quotidien, va devoir ressortir.