FOOTBALLA quel point l’OL doit-il redouter une probable nouvelle saison sans C1 ?

AS Monaco-OL : A quel point les Lyonnais doivent-ils redouter une deuxième saison consécutive sans Ligue des champions ?

FOOTBALLS'ils ne l'emportent pas dimanche (21 heures) à Monaco (3e), les Lyonnais (4e à quatre points de l'ASM) seraient quasiment éliminés de la course à la Ligue des champions
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Malgré des semaines à un seul match, contrairement au PSG et au Losc, et après un titre honorifique de champion d’automne, l’OL est sur le point de boucler une deuxième saison consécutive sans qualification en Ligue des champions.
  • Actuellement 4e de Ligue 1 à quatre points de l’AS Monaco (3e), les Lyonnais disputeront dimanche (21 heures) « un match à quitte ou double » en Principauté, comme l’a reconnu mardi Jean-Michel Aulas.
  • Finalement, les conséquences d’une qualif' « seulement » en Ligue Europa seraient-elles si graves que ça pour l’OL ?

«Un match à quitte ou double. » Jean-Michel Aulas n’a pas cherché à minimiser cette semaine l’enjeu du déplacement lyonnais de dimanche (21 heures) à Monaco. Désormais lâché à quatre points de l’ASM (3e), à quatre journées de la fin du championnat, l’OL devra absolument l’emporter en Principauté pour espérer remonter sur le podium d’ici le 23 mai. Dans la foulée d’une incroyable demi-finale de C1 en août 2020 lors du Final 8 de Lisbonne, ce n’était clairement pas l’objectif programmé pour ce groupe, surtout après son statut de champion d’automne en Ligue 1. Le dernier « échec » (dixit JMA) de la bande à Memphis Depay contre le Losc (de 2-0 à 2-3) pousse tout de même le club lyonnais à flipper pour de bon d’une deuxième saison consécutive sans Ligue des champions. Quelles seraient les conséquences de cette configuration, inédite depuis la période 2012-2015 avec Rémi Garde ?

Un énorme impact économique

Le nerf de la guerre, plus que jamais avec les conséquences du Covid-19, est évidemment l’impact économique que cette quatrième place en Ligue 1 aurait sur l’OL. En février, OL Groupe annonçait 50,6 millions d’euros de pertes sur les six derniers mois de l’année 2020, soit davantage que sur l’ensemble de l’exercice précédent, clos fin juin 2020 (36,5 millions d’euros). « OL Groupe espérait que les pertes soient compensées par une qualification en Ligue des champions, par le retour du public sur la deuxième partie de la saison, et par des ventes de joueurs à hauteur de 60 millions d’euros, explique l’économiste du sport Pierre Rondeau. Deux de ces trois conditions ne seront donc probablement pas respectées pour tenter de rééquilibrer les comptes. »

Car comme le résume Pierre Rondeau, une présence en C1 garantirait « environ 60 millions d’euros » à l’OL, entre la prime fixe de participation, celle relative à son historique UEFA et la part des droits télévisés. Et ce sans évoquer des recettes billetterie pouvant atteindre les quatre millions d’euros pour une affiche au Parc OL, et 2,7 millions d’euros pour chaque succès dans la compétition. Tous ces chiffres sont a minima divisés par cinq quand on bascule en Ligue Europa comme l’OL est sur le point de le faire. « Lyon ne va pas se retrouver en danger sur le plan financier, mais le club va devoir ralentir son train de vie et faire des concessions », prédit Pierre Rondeau.

Une attractivité en question sur le mercato

L’identité du successeur de Rudi Garcia (en fin de contrat en juin) dépend-elle du sprint final des Lyonnais en Ligue 1 ? « Les entraîneurs qui ont vraiment la cote sont en principe attirés par la Ligue des champions, rappelle l’agent de joueurs Frédéric Guerra, qui vit à Lyon. Et un bon entraîneur a ensuite le pouvoir d’influencer un certain nombre de recrutements. » En cas de quatrième place, Jean-Michel Aulas, Vincent Ponsot et Juninho seront-ils donc condamnés à miser sur un deuxième choix sur le banc de touche ?

Depuis Gérard Houllier (de 2005 à 2007), les supporters lyonnais espèrent en vain l’arrivée d’un grand coach reconnu en Europe. Quant aux joueurs, il sera sans C1 compliqué d’attirer un élément de la trempe de Memphis Depay, qui va quitter le club sans rapporter la moindre indemnité de transfert dans deux mois. « Avant de recruter, et peut-être sur un marché plus français pour créer davantage d’unité dans ce groupe, la priorité de l’OL devra être de vendre les joueurs qui montrent une usure dans ce club, estime Frédéric Guerra. Car s’il n’y a toujours pas de Ligue des champions la saison prochaine, je considère que c’est le signe d’une fin de cycle à Lyon. »

En avril 2014, Corentin Tolisso (et son improbable numéro 55) et Jordan Ferri défiaient la Juve de Carlos Tevez en quart de finale de Ligue Europa.
En avril 2014, Corentin Tolisso (et son improbable numéro 55) et Jordan Ferri défiaient la Juve de Carlos Tevez en quart de finale de Ligue Europa. - Massimo Pinca/AP/SIPA

Des supporters pas si alarmistes que ça

La dernière « période de vache maigre » en date à Lyon, en plein financement du Parc OL, n’avait pas été si mal vécue que cela par les supporters lyonnais. Car c’est à ce moment-là que ceux-ci avaient pu s’identifier pendant plusieurs saisons aux nombreux jeunes joueurs sortant de l’académie, comme Alexandre Lacazette, Samuel Umtiti, Corentin Tolisso, Anthony Lopes, Jordan Ferri ou Nabil Fekir. Supporter de l’OL, Vincent (29 ans) garde ainsi de bons souvenirs de cette époque, illustrée par un quart de finale de Ligue Europa en 2014 contre la Juventus.

« « Cette perspective de Ligue Europa donne envie de revenir à un projet avec du sens, avec plus de jeunes. Quand on voit ce dernier match contre Lille, c’est le résumé de l’absence de continuité de cet OL, avec un coach moyen instiguant la peur à son équipe en deuxième période. On a besoin d’une nouvelle histoire. » »

Et même Jean-Michel Aulas s’est en partie projeté sur ce dénouement mardi, en se montrant philosophe : « La Ligue Europa peut aussi être une ambition, si par malheur on restait à ce niveau-là de la compétition. Car aucun club français ne l’a encore remporté ». Les supporters lyonnais signeraient les yeux fermés pour pareille première, en « période de vache maigre ».