Top 14 : « C’est un peu exagéré »… L’UBB est-elle « Jalibert dépendante » ?
RUGBY•L’Union Bordeaux-Bègles va être privée de son maître à jouer, réquisitionné avec le XV de France pour le Tournoi des VI Nations, pendant de longues semainesClément Carpentier
L'essentiel
- L’Union Bordeaux-Bègles débute sa vie sans Matthieu Jalibert ce samedi (15h15) à Clermont.
- En très grande forme cette saison, le demi d’ouverture portait son équipe ces dernières semaines.
- Pour le remplacer, Christophe Urios attend une réponse collective et appelle son remplaçant naturel, Ben Botica, à élever son niveau de jeu.
Personne ne veut le dire. Pas même Christophe Urios. Pourtant beaucoup le pensent. Cette saison à l’UBB, il y a bien une équipe avec Matthieu Jalibert et une autre sans le demi d’ouverture international. Déjà très bon la saison dernière, le numéro 10 de l’Union Bordeaux-Bègles a pris une nouvelle dimension en club ces derniers mois avec le départ de Semi Radradra. Il est devenu le « top player » de son équipe.
Le manager bordelais l’avoue, son maître à jouer « ne fait que progresser » ! « Il est vraiment sur une progression constante dans tous les secteurs du jeu et surtout, il donne confiance à l’équipe, donc son leadership s’affirme », poursuit Christophe Urios. Joueur pétri de talent, Matthieu Jalibert semble avoir encore franchi un cap dans la gestion du jeu depuis son passage cet automne chez les Bleus. Il est aujourd’hui bien plus qu’un simple attaquant au point de se demander si l’UBB n’est pas « Jalibert dépendante », alors qu’elle va être orpheline de demi d’ouverture dès samedi (15h15) contre Clermont et pour quelques semaines en raison du tournoi des VI Nations.
Jalibert marche sur l’eau cette saison
Dans les faits et sur les chiffres, c’est difficile de dire non. Au-delà du jeu proposé par l’Union quand il est là, celle-ci n’a perdu que trois matchs (Bristol, Lyon et Toulouse) quand il était titulaire cette saison. Mais surtout depuis début décembre, Matthieu Jalibert marche sur l’eau :
- 7 matchs dont 6 titulaires
- 75 minutes de moyenne de temps de jeu
- 15 points de moyenne par match
- 3 essais
Pendant cette période, l’Union Bordeaux-Bègles n’a connu qu’une défaite, à Toulouse, pour cinq victoires et un nul, Top 14 et Champions Cup compris. « Dans une super dynamique et en confiance », comme le souligne son coéquipier Jean-Baptiste Dubié, le Bordelais pourrait faire le bonheur du XV de France et… le malheur de son club. Alors comment combler ce grand vide ?
Une réponse avant tout collective
Pour Christophe Urios, qui déteste parler des absents, la réponse comme souvent devra être collective : « Une équipe, c’est intelligent. Elle sait où sont ses formes. On sait très bien qu’il y a des joueurs qui vont nous manquer… Mais les autres savent qu’ils doivent hausser leur niveau et récupérer le flambeau. C’est ça une équipe. » Tout le monde va devoir en faire un peu plus dès ce week-end face à l’ASM, un concurrent direct pour le top 6. Pour combler cette absence mais aussi parce que la liste des blessés (Cordero, Ducuing, Cros ou Moefana) ne fait que de se rallonger. Le dernier en date, Mahamadou Diaby, victime d’une rupture du tendon d’Achille.
Matthieu Jalibert était lui sur la même longueur d’onde que son manager au sujet de cette dépendance. Pour lui, « c’est un peu exagéré » car « il y a d’autres très bons joueurs dans l’effectif » : « Aujourd’hui, je bénéficie avant tout du travail de mes coéquipiers et c’est grâce à ça que j’arrive à faire ce que je fais. Si le groupe reste à ce niveau de confiance, il n’y aura pas de différence que je sois là ou pas. »
Botica attendu au tournant
Ceux de son remplaçant naturel, Ben Botica, seront particulièrement scrutés. Si l’expérimenté Néo-Zélandais n’est pas le premier venu, « il va devoir reprendre le flambeau et élever son niveau de jeu mais j’ai une totale confiance en lui, c’est un joueur d’équipe », rappelle Christophe Urios. « C’est aussi une opportunité pour Ben [Botica] de montrer que c’est un grand joueur et par rapport à ça, nous, on n’est pas du tout inquiet », ajoute le centre Jean-Baptiste Dubié.
Si le manager de l’UBB laisse entendre que son équipe jouera un peu différemment, pour Dubié, cela ne changera pas grand-chose :
« « Ce sont des joueurs qui se ressemblent, qui attaquent, qui aiment le jeu, qui ont un bon jeu pied. Ce sont deux très grands joueurs. Nous dans l’animation, ça ne change pas grand-chose. La seule différence, c’est que lorsque Matthieu [Jalibert] franchit, il a cette capacité à aller au bout. » »
Peut-être la seule, mais d’une grande importance tout de même au rugby.