FOOTBALLL'avenir du foot français « suspendu à un fil » les clubs s’impatientent

Mediapro : L'avenir du foot français « suspendu à un fil » les clubs s'inquiètent et s’impatientent

FOOTBALLLes représentants des clubs de l'élite ont de plus en plus de mal à cacher leur angoisse quant aux droits TV, qui plus est dans un contexte de reconfinement
Nicolas Camus

N.C. avec AFP

Si Jaume Roures, le patron de Mediapro, avait assuré lors de sa conférence il y a dix jours être confiant quant à une conciliation avec la LFP, il semble être bien le seul. Du côté des clubs, ça grince sévère et le nouveau confinement décrété mercredi ajoute à leurs inquiétudes. « Chaque journée de championnat qui passe est un nouveau handicap dans notre budget », déplore auprès de l’AFP Jean-Pierre Caillot, le président de Reims et du collège regroupant les dirigeants de Ligue 1.

Sevré de billetterie et privé des revenus télévisuels du diffuseur, le football français s’impatiente. La 9e journée de Ligue 1 va pouvoir se tenir presque normalement ce week-end, mais les clubs la vivront une fois de plus avec amertume, conscients de livrer un spectacle à la chaîne Téléfoot sans contrepartie financière.

Pas d’argent non plus début décembre

Problème : les clubs de L1 et de L2 n’ont aucun levier immédiat à actionner, la faute à une procédure de conciliation en cours auprès du tribunal de commerce de Nanterre, initiée par Mediapro en vue de renégocier le montant du contrat de droits TV pour la saison en cours avec la Ligue de football professionnel.

Ceux-ci ont de plus signé une clause de confidentialité les empêchant d’évoquer l’évolution de la situation. Mais l’impatience les gagne, alors qu’approche la prochaine traite de droits TV, début décembre, une échéance considérée par Mediapro comme étant de facto suspendue.

Le président de Lyon Jean-Michel Aulas s’est ainsi dit « plus qu’inquiet » dans un entretien à l’AFP, se montrant pessimiste sur l’avenir du foot français, « suspendu à un fil ». Jean-Pierre Caillot est sur la même longueur d’onde : « Il faut que très vite l’administrateur prenne des décisions et n’attende pas », estime le dirigeant, exhortant le conciliateur désigné par le tribunal de commerce de Nanterre à accélérer ce processus.

La procédure, renforcée par les ordonnances du 20 mai dernier qui favorisent les débiteurs en difficulté au détriment des créanciers, peut durer jusqu’à cinq mois même si plusieurs médias avancent que le conciliateur Marc Sénéchal a prévu d’achever le processus début décembre.

« Une conciliation de cinq ou six mois, c’est beaucoup trop long ! Il ne faut pas que notre diffuseur en profite », s’insurge Caillot. Une source proche du dossier confirme : « On est dans le cadre d’une entreprise qui s’est plantée de stratégie. Mediapro n’a pas réussi à revendre les droits, et se retrouve coincé. Ils profitent de la crise sanitaire pour tenter de se sauver ».

Canal+ en position de force

Selon cette même source, le « seul scénario favorable pour la LFP », à savoir que « Mediapro revienne à la raison et paye », est précisément « le moins plausible ». Dans ces conditions, tous les dirigeants commencent à regarder ailleurs. « Soit Mediapro et ses actionnaires sont capables de nous payer, ce qui ne semble pas être le cas aujourd’hui, soit il faut que ce contrat s’arrête le plus vite possible pour qu’on parle à d’autres diffuseurs », insiste Caillot.

Dans ce débat, Canal+ semble en position de force. Son patron Maxime Saada le sait, et bien pour cela qu’il a fait savoir dans les Echos vendredi qu’il n’était « pas question de faire plonger Canal+ dans le rouge en réinvestissant à perte dans le football ». Si renégociation il devait y avoir, ce serait à leurs conditions.

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Toutes ces inquiétudes des clubs sont « légitimes », a reconnu Noël Le Graët dans un entretien accordé au Parisien publiée vendredi soir. « Tout cela m’inquiète… Surtout que dans la somme globale promise par Mediapro, une partie doit revenir à la Fédération et donc à nos clubs amateurs, a souligné le président de la FFF. Si Mediapro ne paye pas ou si Canal + récupère les droits et paie moins, tout le monde sera en difficultés. »

« Mais il n’est pas encore l’heure de céder à la panique, poursuit le président de la Fédération française de football. On a encore un peu de temps devant nous. Mediapro n’a pas encore déposé le bilan ou déclaré qu’il arrêterait définitivement de payer. En tant que président de la Fédération, je demande donc à tout le monde de se calmer et d’attendre la fin du match. » Même si personne ne connaît la durée du temps additionnel.