Coronavirus à Bordeaux : La jauge à 1.000 spectateurs, un coup fatal pour les Girondins et l’UBB ?
EPIDEMIE•Déjà en grande difficulté sur le plan économique, les deux clubs bordelais vont devoir appliquer cette jauge au moins lors des trois prochaines semainesClément Carpentier
L'essentiel
- Les Girondins et l’UBB ne joueront que devant 1.000 personnes à chaque match pendant trois semaines, en raison de l’épidémie de Covid-19 en Gironde.
- Face à cette situation, les Girondins ont décidé de jouer leurs prochains matchs à huis clos.
- L’UBB, elle, est dans une situation de plus en plus compliquée. Samedi, elle jouera devant 1.000 personnes face à Edimbourg en quart de finale de la Challenge Cup. Le club espère très vite obtenir une aide de l’Etat.
C’est un véritable coup de bambou ! Un de plus. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, ils s’enchaînent pour les Girondins de Bordeaux et l’Union Bordeaux-Bègles. Lundi, Fabienne Buccio, la préfète de la Gironde, a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du virus dans le département (classé rouge), dont un changement de la limitation de la jauge dans les stades : de 5.000 à 1.000 personnes (joueurs, staff, officiels, sécurité, journalistes compris…). On peut donc plutôt parler d’une jauge de 500 à 700 personnes pour le grand public.
Déjà en difficulté sur le plan économique, les deux clubs voient la pression s’accentuer sur leurs comptes. Laurent Marti, le président de l’UBB, a fait part de son mécontentement et surtout de son incompréhension auprès de Sud Ouest : « J’affirme que les 4.000 spectateurs qui ne viendront pas au stade seront plus en danger entre eux, dans les bars. » Si la préfète dit comprendre sa réaction, elle a rappelé ce mardi sur France Bleu Gironde qu’elle ne visait pas l’intérieur des stades, où la distanciation physique est très facilement applicable, mais les dangers des regroupements autour des enceintes.
Les Girondins optent finalement pour le huis clos
S’ils seront toujours moins impactés que l’UBB, c’est un nouveau coup dur pour les Girondins. Pour rappel, il y a deux ans, la billetterie représentait tout de même 20 % des recettes du club hors transfert. Selon un dirigeant du club, si les 4.000 spectateurs en moins (grand public, partenaire ou VIP) demandaient dans les prochaines semaines le remboursement de leur place contre Nice (le 27 septembre) et Dijon (le 4 octobre), le manque à gagner est estimé 250.000 euros par match. Une somme pour un club en pleine cure d’austérité.
Mais surtout, maintenir cette jauge à 1.000 aurait tout simplement pu coûter de l’argent aux Girondins. « Ça n’a aucun sens d’ouvrir pour 1.000 personnes. On prend qui ? On choisit qui ? Il y a aussi le coût, les charges fixes… Juste d’ouvrir les portes, ça coûte 50.000 euros ! On avait déjà réfléchi au huis clos avec la jauge de 5.000, autant vous dire que là… C’est vraiment une contrainte importante pour nous », explique un proche du dossier au Haillan. La direction du club a donc finalement décidé ce mardi « de ne pas accueillir de public lors des prochains matchs de son équipe professionnelle ». Ce sera à huis clos contre Nice et sûrement contre Dijon.
L’UBB va avoir très vite besoin des aides de l’Etat
Pour le club de Laurent Marti, la situation devient de plus en plus inquiétante, car la billetterie représente une part importante du budget des clubs de Top 14. Pour faire simple, sur le budget de 25 millions d’euros de l’UBB, les recettes liées au match sur les dernières saisons représentent une quinzaine de millions d’euros (8 millions pour les VIP et loges, 3 millions les sponsors, 5 millions les abonnements et les ventes au ticket à l’unité). Pour le moment, l’Union Bordeaux-Bègles devra faire avec cette jauge contre Edimbourg samedi et peut-être contre Clermont, le 10 octobre. Ce premier quart de finale de l’histoire du club va donc se jouer devant 1.000 personnes, un nouveau coup dur pour le président de l’Union :
« « Sur ce match [qui devait se disputer au départ le 4 avril], on était à 300.000 euros de recettes avant de stopper toutes les ventes en mars. On aurait même sûrement pu se rapprocher des 800.000 euros avec un stade plein. » »
Pour le match de samedi, le club a décidé d’accueillir prioritairement « les partenaires ayant acheté une prestation commerciale pour cette rencontre : ils sont les principaux garants de la survie financière du club, et les clubs de supporteurs qui constituent la Bordeaux Academy : ils soutiendront leur équipe de tout leur cœur et constitueront l’indispensable 16e homme face à Edimbourg. » Pour les autres, l’UBB propose trois options : un remboursement, un avoir pour un prochain match, ou un don au club.
Laurent Marti attend maintenant impatiemment le retour du gouvernement, puisque le monde du rugby professionnel a demandé l’aide de l’Etat : il s’agit de compensations sur les pertes réelles que chaque club peut démontrer en comparant les recettes de l’an dernier et de cette saison. Ce mercredi, les clubs avaient toujours « zéro retour », affirme le dirigeant bordelais.