FOOTBALLMichel Denisot à la LFP, l’homme de la réconciliation du foot français ?

Elections à la LFP : « On ne peut pas ne pas l’aimer »… Michel Denisot, l’homme de la réconciliation du football français ?

FOOTBALLL’expérience et l’aura de Michel Denisot devraient lui servir, en cas d’élection jeudi à la tête de la LFP, à ramener un peu de calme dans un foot français devenu dingue à cause de la crise du Covid
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Après la crise sanitaire liée au Covid-19, le football français n’a jamais semblé aussi désuni.
  • C’est pourtant maintenant que celui-ci va élire le prochain président de la LFP qui succédera à Nathalie Boy de la Tour.
  • Le grand favori de l’élection se nomme Michel Denisot. Portrait d’un homme qui pourrait bien réconcilier la grande famille du foot français.

Rassembler et apaiser. Ce n’est pas le nouveau slogan de la prochaine campagne électorale d’Emmanuel Macron mais la feuille de route que s’est fixée le foot français à l’heure d’élire, jeudi, le futur président de la Ligue professionnelle de football qui succédera à Nathalie Boy de la Tour, celle-ci ayant décidé de ne pas rempiler après son premier mandat.

Et parmi les prétendants, les mêmes noms ressortent du chapeau ces dernières semaines (Michel Denisot, Vincent Labrune, François Morinière, Gervais Martel et Alain Guerrini) mais un homme fait figure de grand favori : il s’agit de l’ancien patron du PSG et ex-animateur du Grand Journal de Canal +, Michel Denisot. Une nomination qui, vu le personnage, sa renommée et sa connaissance du milieu, ne manque pas de nous chatouiller un peu dans le bas du ventre.

Denisot, l’homme « qu’on ne peut pas ne pas aimer »

Claude Michy, président de l’UCPF et membre du conseil d’administration de la Ligue, nous appelle cependant à la prudence. « Il faut espérer que dans ce monde un peu particulier qu’est le football, les clubs de Ligue 1 arrivent à se mettre d’accord entre eux. Prudence donc, car ce qui est vrai la veille au soir ne l’est pas obligatoirement le lendemain matin. C’est un monde un peu spécial dans lequel tout est possible, c’est comme la Coupe de France, les petits peuvent battre les gros. »

L’ancien président de Clermont se souvient ainsi que lors de la précédente élection, Raymond Domenech, pressenti pour succéder à Frédéric « Moustache » Thiriez, avait été barré par le conseil d’administration de la Ligue qui lui avait préféré Nathalie Boy de la Tour. « C’est pour ça que je pense qu’on n’est pas à l’abri de quelque chose d’étonnant jeudi. Je ne le souhaite pas mais on ne peut pas non plus l’exclure », prévient Michy.

Le nom de Michel Denisot semble quand même faire la quasi-unanimité dans le milieu. Pourquoi ? Déjà parce que le personnage est apprécié par à peu près tout ce qui se fait de vivant sur cette terre. Demandez à Luis Fernandez qui l’a eu en tant que président lorsqu’il entraînait le PSG : « Michel c’est quelqu’un qu’on ne peut pas ne pas aimer, ce n’est pas quelqu’un qui se nourrit du conflit, c’est un homme de consensus ». C’est effectivement un bon point de départ mais entendons-nous bien, être sympatoche n’a jamais été un programme en soi. Même si vu le contexte tendu qui entoure le foot français depuis le début de la crise sanitaire, ça peut servir.

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« Quelqu’un qui écoute beaucoup et qui sait rassembler »

Des présidents de clubs qui se menacent de se « casser la gueule » en plein conseil d’administration, d’autres qui cherchent absolument toutes les solutions possibles et imaginables pour sauver les fesses de leur club en Ligue des champions avant de finalement réclamer une fortune en dédommagement à la LFP, d’autres enfin qui en appellent aux tribunaux pour éviter la descente de leur équipe en Ligue 2, c’est peu de dire que la crise du Covid a mis un sacré coup dans les lampions de la fameuse unité de la « grande famille » du football français.

« Certains épisodes récents ont laissé des traces qui ne seront pas simples à effacer, prévient Claude Michy. Quand vous avez une réunion des clubs de Ligue 1 et que Jean-Michel Aulas ne dit rien mais qu’il envoie une lettre recommandée pour réclamer 117 millions à la Ligue, alors même qu’il est candidat pour intégrer le conseil d’administration, bon… » « C’est vrai qu’on s’est un peu dispersés, tout le monde a parlé à tort et à travers, souvent en fonction de ses propres intérêts, embraye Luis Fernandez. En Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Espagne, partout il m’a semblé voir des instances et des clubs unis en cette période compliquée. Sauf chez nous… » Cocorico ! Non, pas là…

Aussi sympa soit-il, Denisot a-t-il cependant les épaules pour plonger la tête la première dans ce panier de crabes estampillé Ligue 1 ? Son ami proche et ancien directeur sportif du PSG, Jean-Michel Moutier, n’en doute pas un seul instant. « Il n’est pas tombé de la dernière pluie, avertit-il. Il a conscience que c’est un challenge difficile mais un challenge très intéressant. Mais comme c’est quelqu’un qui a une forte personnalité, je pense qu’il saura se faire respecter de tous. Pour moi c’est la personne idéale dans le sens où c’est quelqu’un qui écoute beaucoup et qui sait rassembler. Vu son expérience dans le milieu, je pense qu’il saura faire l’unanimité auprès de toutes les familles du football. »

Ça tombe bien, c’est exactement ce dont le football français a besoin à un moment où, paradoxalement, sportivement le foot français se porte plutôt pas mal (grâce à l’OL et au PSG à Lisbonne) mais où il n’a jamais semblé aussi divisé qu’aujourd’hui en coulisses. Ces deux clubs, parlons-en justement, eux qui auraient préféré voir François Morinière, l’ancien dirigeant du groupe L’Equipe, à la place de Denisot à la tête de la Ligue. « C’est surtout Nasser [Al-Khelaïfi] qui poussait Morinière parce que ça lui aurait permis de mettre à ses côtés le directeur général de son choix afin de faire avancer les dossiers comme il en avait envie, nous glisse un bon connaisseur des instances. Mais Morinière n’a jamais ambitionné de se présenter à la présidence de la LFP. »

Le président de tous les clubs de foot pro

Cette nomination n’avait aucune chance d’aboutir de toute manière, la main (pas si) invisible des gros clubs de Ligue 1 au-dessus de Morinière faisant trop peur aux équipes plus modestes et à leurs intérêts propres. A l’inverse, de par son expérience dans le foot (que ce soit au PSG ou à Châteauroux) Michel Denisot donne l’impression d’être le chaînon qui manquait entre les intérêts souvent divergents des clubs français de première et deuxième divisions. « Il a une expérience forte dans le football. Mais quand je dis dans le football c’est du petit jusqu’au très grand, c’est en ça que je le trouve intéressant vu la situation. Il connaît le fonctionnement des clubs de notre taille comme celui des clubs européens puisqu’il en a dirigé », apprécie Bruno Allègre, président délégué de la Berrichonne de Châteauroux, où Denisot officiait encore récemment en tant que vice-président du club avant de présenter sa démission le 2 septembre.

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« Il a aussi cette faculté d’être à l’écoute d’une population qui va du PDG à la personne la plus modeste dans une société » enchaîne Allègre. Un sentiment partagé par Pierre Ducrocq qui a connu le personnage lorsqu’il évoluait sous le maillot du PSG : « J’ai adoré être présidé par ce monsieur, dit-il d’emblée. Malgré mon jeune âge à l’époque, il se comportait avec moi comme il se comportait avec les plus vieux, ceux qui avaient un statut supérieur au mien. C’est une très bonne personne, quelqu’un d’honnête et d’intègre, ça ne peut qu’être bénéfique pour le foot français ». « C’est quelqu’un qui jouit d’une belle image partout où il est passé, il a une carrière assez exceptionnelle et il a aussi une grande connaissance du monde politique, des arcanes du pouvoir, et une grande connexion avec celui-ci », résume Claude Michy.

Bref, Denisot semble cocher toutes les cases pour le job. Sauf une, peut-être : son statut de candidat parachuté par Noël Le Graët, le grand manitou de la Fédération, qui en a effectivement fait son candidat préféré. « Son élection nous ferait beaucoup dépendre de la FFF », craignait justement un dirigeant de club de Ligue 1 à l’AFP mercredi. Un écueil auquel ne souscrit absolument pas Jean-Michel Moutier : « S’il est président, il est président. Michel a toujours assumé ses responsabilités et ce n’est pas maintenant qu’il va devenir l’homme de quelqu’un. C’est vrai qu’il entretient de bonnes relations avec Noël Le Graët mais ce n’est pas pour autant qu’il ne fera pas preuve d’une grande indépendance dans ses prises de décisions. Ce sera le véritable et seul patron de la LFP. » Manque plus que la fumée blanche.