OM : Pablo Longoria va-t-il séduire les très exigeants supporteurs de Marseille ?
FOOTBALL•Le CV du nouveau directeur sportif de l’OM Pablo Longoria a été scruté par les fans marseillais. Ils apprécient sa jeunesse et son talent pour dénicher les bonnes affaires mais restent méfiantsJean Saint-Marc
L'essentiel
- Pablo Longoria est décrit comme un gros bosseur, un geek du football qui passe des heures sur les logiciels de statistiques.
- Le nouveau directeur sportif de l’OM sort d’une expérience plutôt positive à Valence.
- Les supporteurs marseillais restent toutefois circonspects et attendent les premiers recrutements pour juger leur nouveau « head of football. »
Des premiers échos dithyrambiques. L’ancien directeur sportif des Girondins de Bordeaux Eduardo Macia assure que son compatriote espagnol « est un des meilleurs scouts, qui ne fait pas de bruit mais qui aime travailler ». Un agent français, qui a fait plusieurs deals avec Pablo Longoria, abonde : « Il travaille en intelligence avec les clubs pour mettre en place une politique sportive sur du moyen terme avec une volonté de résultat à court terme. » Benjamin Sabran, cofondateur du média Valencia-Sports, s’enthousiasme aussi à propos du nouveau directeur sportif de l'OM : « C’est un homme de l’ombre qui sait bosser en équipe. C’est un intelligent. »
Ces trois témoignages sont dans la droite ligne des principaux commentaires qui ont suivi la nomination de Pablo Longoria comme « head of football » de l’OM. Pourtant, de nombreux supporteurs marseillais restent circonspects.
« Il a des missions différentes à Marseille »
« Sur le papier », Jérémy est convaincu. « Mais je me méfie du papier avec l’OM. Question d’expérience. Tout dépendra de la marge de manœuvre que lui donneront Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud ainsi que de ses interactions avec André Villas-Boas. » A 33 ans, Pablo Longoria aura-t-il le cran de s’imposer face aux autres dirigeants olympiens ? Sa jeunesse et son manque d’expérience inquiètent Wahid, un autre supporteur : « Ses éventuelles réussites passées ne sont pas une garantie de sa réussite à l’OM. Il a, à Marseille, des missions différentes de ce qu’il a pu avoir auparavant, notamment la gestion des contrats. »
Jusqu’ici, le « geek » Pablo Longoria a surtout travaillé comme recruteur ou comme directeur du recrutement (Newcastle, Huelva, Atalanta Bergame, Sassuolo, Juventus). Il a été le directeur sportif de Valence pendant une petite année et demie. Cette expérience préoccupe Jean-Yves : « Les critiques acerbes de Vicente [dirigeant valencien qui assure que Longoria l’a “arnaqué et maltraité”] et l’aspect assez court de son passage font réfléchir sur sa capacité à s’adapter. »
« Quand tu as été à Valence, tu ne crains rien »
Pour François-Miguel Boudet, cette courte expérience ne doit pas inquiéter les supporteurs marseillais : « Il y a eu une charrette avec les départs de Pablo Longoria, de l’entraîneur Marcelino et de Mateu Alemany, le directeur général en raison de dissensions avec le président », rappelle le cofondateur de FuriaLiga. « En un an et demi, le trio a fait doubler la valeur marchande de l’effectif, avec deux qualifications pour la Ligue des champions et une Coupe du roi », ajoute Benjamin Sabran, de Valencia-Sports.
Malgré ces bons résultats sportifs, les trois hommes se sont fait virer comme des malpropres. « Valence est le seul club qui est entré en crise après une saison quasi parfaite, sous prétexte que le staff était allé contre les ordres du président », contextualise François-Miguel Boudet. Après une telle expérience, Pablo Longoria semble armé pour supporter la légendaire versatilité des supporteurs de l’OM. « Quand tu as été à Valence, tu ne crains rien », conclut le journaliste, qui estime que « l’OM est le cousin français de Valence en termes de pression populaire. »
« Refaire des Drogba, Nasri, Valbuena »
La légende raconte que Pablo Longoria regarde sept à huit matchs par jour – avec une passion pour les championnats peu suivis de l’Est et du Nord de l’Europe. Avec l’aide des logiciels de scouting, il y fait ensuite son marché, avec l’objectif de recruter à bas prix des joueurs qui seront revendus plus cher quelques années plus tard. Bref, il sera l’homme du « trading joueurs » cher à Frank McCourt, qui ne veut plus investir à perte.
Son CV colle à la fiche de poste définie (sur LinkedIn) par Jacques-Henri Eyraud. « Son profil correspond : il a des yeux partout, il est capable de dénicher des joueurs peu coûteux mais talentueux », espère Chris. « Il peut dénicher des jeunes joueurs à fort potentiel afin de rentabiliser les investissements lors de leur revente », embraye Guillaume. Ce supporteur marseillais, qui se fait appeler « GuillOM » sur les réseaux sociaux met au défi le nouveau « head of football » de l’OM : « Il faut refaire des Drogba, Nasri, Mendy, Valbuena ! » Rien que ça.