PSG-ASSE : « Ils se kiffent, c’est clair et net »… La complicité des Parisiens est-elle la clé de leurs succès futurs ?
SI SI LA FAMILLE•Cette saison, il se dégage une vraie osmose dans le groupe parisienAymeric Le Gall
L'essentiel
- Alors qu’ils s’apprêtent à disputer la finale de la Coupe de France contre Saint-Etienne, les joueurs du PSG ont dégagé ces dernières semaines une véritable force collective.
- Celle-ci est peut-être due au fait que, cette saison, le groupe parisien semble avoir tissé de vrais liens d’amitié.
- Si ce ne sera pas suffisant pour aller gagner la Ligue des champions en août, c’est peut-être un bon début à l’heure d’entamer trois échéances très importantes pour le club de la capitale.
C’est une petite phrase de Paul Le Guen qui nous a mis la puce à l’oreille avant la finale de Coupe de France vendredi soir entre le PSG et Saint-Etienne. Alors que son équipe s’est fait dérouiller en match amical par le PSG (9-0) à la mi-juillet au Stade Océane, à l’occasion de la reprise post-Covid-19, le coach havrais a senti que quelque chose se passait dans le groupe de Thomas Tuchel. « On sent qu’ils ont du plaisir à se retrouver, j’ai vu beaucoup de complicité en les regardant, note Le Guen sur la chaîne L’Equipe. Je suis admiratif, ce sont des champions, des stars, mais des champions qui sont en train de se préparer. Ils ont de l’appétit, ils sont concentrés sur leurs objectifs, c’est précis ».
Cette complicité, ce n’est pas la première fois qu’elle nous saute aux yeux. Depuis la fin du confinement, mais déjà avant, les Parisiens donnent l’impression de former une vraie famille. C’est le fameux « groupe qui vit bien ». Il n’y a qu’à jouer les paparazzis et fouiner un peu du côté de leurs comptes Twitter et Instagram pour s’en persuader. Les joueurs et leurs proches passent énormément de temps ensemble en dehors du foot. Un barbeuc par ci, une fiesta par là, c’est pas compliqué, on dirait une bande d’étudiants Erasmus lâchés sans surveillance pendant un an à Barcelone.
D’où cette question : si cette amitié n’est pas un gage de réussite sportive, peut-elle tout de même servir aux joueurs dans l’optique de cette fin de saison avec trois trophées à la clé ?
Liverpool en exemple absolu
Comme nous, Luis Fernandez a senti « un groupe qui avait hâte de se retrouver, presque qui revit, qui a envie de jouer, envie de se faire plaisir. Quand pendant deux mois t’as été enfermé, que t’as pas vu tes coéquipiers, derrière ton envie de revenir est décuplée, c’est évident. » Pour l’ancien entraîneur parisien, la complicité entre les joueurs « doit être la priorité pour un entraîneur ».
Il détaille : « Tu dois essayer de fédérer un groupe, de créer une osmose, de faire que les gars aient plaisirs à vivre ensemble, à manger ensemble, à se retrouver. Le meilleur exemple de ça c’est le Liverpool de Klopp où on a vraiment la sensation qu’ils sont heureux d’être ensemble et ça se ressent dans leur football. Quand j’entraînais, j’aimais qu’on aille manger tous ensemble après les matchs. Mais pas que les joueurs, leurs femmes, leurs enfants. Ça permet de mieux se connaître, d’aller plus loin que ce qu’on peut se dire dans le cadre du foot. »
Pour mieux cerner l’effet d’une bonne entente entre les membres d’un groupe sur les résultats d’une équipe, il suffit de prendre l’exemple de Gueugnon en l’an 2000, cette bande de potes autrice d’un parcours incroyables en Coupe de la Ligue avec, à l’arrivée, une victoire finale au Stade de France face au PSG. « On faisait beaucoup de fêtes entre nous, on se voyait tout le temps. On restait deux, trois heures dans les vestiaires après l’entraînement à parler, à faire les cons. Il y avait une ambiance de malade », expliquait Nicolas Esceth-N’Zi à nos confrères d’Eurosport à ce sujet. Pour en savoir plus, on l’a relancé sur le sujet.
A Gueugnon en 2000, Ricard, fiesta et barres de rires
« A mes yeux, c’est l’élément le plus important dans une équipe. On me dira qu’il y a des exemples d’équipes qui ont gagné sans forcément être très amis, ok, mais moi ça me paraît compliqué. Ça m’est arrivé dans ma carrière d’à peine parler à des mecs sur une saison, forcément ça se ressent dans la vie du groupe. » Mais cette année-là, à Gueugnon, la bande est soudée comme jamais. Bon, peut-être aussi parce qu’il n’y avait pas grand monde d’autre à côtoyer sur place, mais il n’empêche.
« Pendant la prépa, le coach [Alex Dupont] nous laissait toujours un soir de libre, en mode "allez-y les gars, faites-vous plaisir", et les anciens aimaient bien qu’on sorte tous ensemble faire la fête, se souvient-il. En fait la saison elle démarrait vraiment ces soirs-là. Quand t’as des mecs un peu introvertis, ça les libère. » Du genre ?
« « Ben on arrivait en soirée, tac, 19h tu commences les premiers Ricard, les premiers délires, et deux heures plus tard, le mec que t’entendais jamais d’ordinaire tu le retrouvais à danser torse nu sur la table ! Les mecs se lâchent et tout d’un coup tu ne les vois plus pareil le lendemain. C’est tout con mais ça permet vraiment de libérer tout le monde et de créer un vrai truc dans un groupe. Moi je crois à fond à ça ! » »
En bon indic, on a balancé l’info à Alex Dupont histoire d’avoir son ressenti de l’époque. « Bon, les mecs ne sont pas obligés de se bourrer la gueule forcément, se marre-t-il. Mais le simple fait de se voir au-dehors, ça permet de créer des affinités et pour un coach ça ne peut être que bénéfique. La notion d’esprit de famille, même dans un club comme le PSG, c’est primordial car un groupe de footballeurs, c’est un microcosme, on est plus souvent entre nous qu’avec nos propres familles. Et puis ça leur permet de régler certains aspects techniques ou tactiques par eux-mêmes. »
Son ancien joueur valide : « Une équipe c’est comme une famille, si elle est unie, soudée, tout est plus facile derrière. Tu te dis les choses plus facilement or, dans le foot comme dans la vie, c’est les non-dits qui laissent des traces. Là, si le mec c’est ton pote, tu vas pouvoir lui dire les choses naturellement sans que ça soit mal perçu. »
« Ils se kiffent »
Si l’on peut mesurer la complicité d’un groupe sur sa capacité à faire la fête ensemble, alors on peut le dire tout net, cette saison le PSG est une vraie équipe de potos. Souvenez-vous de ces images de Cavani, Navas, Neymar et toute la clique, torse nu en train de danser sur le dancefloor quelques heures seulement après la défaite à Dortmund lors du huitième de finale aller de C1. Cette fois-là, la police des bonnes mœurs sur les réseaux sociaux avait sorti la savate pour allumer les joueurs. Mais, comme l’avait expliqué Marquinhos peu après, la soirée « c’était juste un petit moment qu’on essayait de passer ensemble pour oublier le foot ».
A l’époque, à 20 Minutes, on avait choisi de minimiser le drama. « De notre côté, on préfère y voir la preuve que le groupe vit bien. Laissons-les préparer le match retour contre Dortmund comme bon leur semble, il sera toujours temps de les troller en mars en cas d’élimination. Après tout, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens », écrivait-on alors. Et que s’était-il passé au retour ? Un gros match, beaucoup de solidarité et une qualif on ne peut plus méritée à la clé. « Pour moi la vérité elle est là, conclut Esceth-N’Zi. Si les mecs sortent ensemble en dehors du foot, c’est qu’ils se kiffent, qu’ils ont les mêmes délires, c’est clair et net, ils ne font pas semblant. Et il n’y a rien de mieux pour une équipe. »