FOOTBALLL’UEFA peut-elle tenir encore longtemps avant de se décider à tout arrêter?

Coronavirus: L’UEFA peut-elle tenir encore longtemps avant de se décider à tout arrêter?

FOOTBALLAlors que de plus en plus de sports suspendent leurs activités, l'instance européenne attend mardi prochain et une grande réunion avec toutes les parties prenante pour évoquer les conséquences du coronavirus sur la tenue de ses compétitions
Nicolas Camus (avec J.L.)

Nicolas Camus (avec J.L.)

L'essentiel

  • L'épidémie de coronavirus s'étend de plus en plus en Europe, impactant tous les secteurs d'activités.
  • Le sport n'est évidemment pas épargné, et de nombreuses organisations ont décidé d'interrompre toutes leurs compétitions jusqu'à nouvel ordre.
  • L'UEFA, en revanche, n'a pas encore acté la suspension des coupes d'Europe de football, ni pris position concernant l'Euro qui est censé s'ouvrir en juin.

L’art de ne pas décider. Ou en tout cas de repousser au maximum l’inéluctable, histoire d’être sûr qu’il n’y aurait pas une porte de sortie quelque part dans le faux plafond que personne n’avait encore remarquée. Alors que l’épidémie de coronavirus s’étend toujours plus en Europe, l’UEFA a annoncé jeudi qu’elle ne suspendait pas ses compétitions dans l’immédiat. Les 8e de finale aller de la Ligue Europa ont donc eu lieu dans la soirée, sauf FC Séville-AS Rome et Inter-Getafe, mis entre parenthèses sous la pression des clubs concernés et dont on ne sait pas ce qu’il adviendra.



L’instance a décidé d’attendre un peu. «L’UEFA a invité des représentants de ses 55 membres, de l’Association européenne des clubs, des Ligues nationales et de la Fifpro à participer à une réunion par vidéoconférence mardi 17 mars pour discuter de la réponse à apporter par le football européen à l’épidémie, a-t-elle fait savoir à la mi-journée. Les discussions porteront sur toutes les compétitions domestiques et européennes, dont l’Euro. »

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Sur quoi peuvent-elles déboucher, hormis le fait de tout arrêter ? On ne voit pas bien. L’annonce du test positif d’un joueur de la Juventus, Daniele Rugani, mercredi soir, aurait pu tout déclencher. La NBA n’a pas hésité après celui de Rudy Gobert. L’ATP et la WTA n’ont même pas attendu d’en être arrivés là pour mettre les circuits masculin et féminin en pause pour six semaines.

Se décider seulement mardi prochain peut surprendre. Si les deux 8e de finale retour de la Ligue des champions censés se jouer ce soir-là, OL-Juventus et Manchester City-Real Madrid, sont d’ores et déjà repoussés en raison de la quarantaine imposée aux joueurs italiens et espagnols, ceux du lendemain (Barça-Naples et Bayern-Chelsea) sont pour l’instant maintenus. A huis clos, mais maintenus. Les joueurs vont être laissés dans l’incertitude jusqu’au dernier moment.

L’Euro en 2021, « hypothèse la plus probable »

L’UEFA semble donc faire tout ce qu’elle peut pour gagner du temps. Selon L’Equipe, elle aurait toutefois arrêté son choix : La Ligue des champions et la Ligue Europa seraient suspendues provisoirement, sans doute jusqu’à fin avril, et l’Euro reporté à l’été 2021 pour dégager des dates afin de terminer les compétitions entamées.

« C’est l’hypothèse la plus probable. Le scénario a été étudié en détail, assure Aurélien Sadrin, rédacteur-analyste chez News Tank Football, une agence d’informations à destination des dirigeants. Mais rien n’est décidé. Pour l’instant, l’UEFA s’est seulement réunie avec les dirigeants des cinq principales ligues européennes. » Un membre du comité exécutif, contacté par nos soins, confirme : « Il n’y a absolument aucune décision majeure prise à ce jour. »

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Le journaliste britannique d’Associated Press Rob Harris, bien renseigné sur ce qui se trame dans les hautes sphères, indique quant à lui que l’UEFA prévoit d’organiser un vote interne sur la question du report de l’Euro. La décision ne peut se prendre à la légère, et c’est sûrement ce qui empêche l’instance de se prononcer fermement. Seule une guerre mondiale, jusqu’ici, a eu raison de compétitions sportives de l’envergure d’un championnat d’Europe.

Mais puisqu’il n’y aura pas assez de jours dans le calendrier ultra-serré du football pour se permettre de naviguer à vue, il va bien falloir trancher. Et comment choisir, alors, entre la fin des championnats et coupes en cours et la tenue d’un Euro ? Sur des critères uniquement économiques ? Le marché des droits TV de la Ligue des champions pèse plus de 3 milliards d’euros par saison, celui de l’Euro est estimé à environ 1 milliard d’euros.

La billetterie, « problème le plus sensible » d’un report de l’Euro

L’argument plaide en faveur du scénario annoncé comme prioritaire. Mais ce n’est pas si simple, selon Aurélien Sadrin. « Je ne suis pas sûr qu’ils raisonnent comme ça, estime notre analyste. Déjà, l’UEFA ne peut pas décider de cela seule. L’été prochain est programmée la nouvelle formule du championnat du monde des clubs de la Fifa, par exemple. Il y a aussi 12 pays concernés. Et puis il n’y a pas que les droits TV, il y a le sponsoring, la billetterie, etc. »

La billetterie, c’est justement « le problème le plus sensible », considère Jacques Lambert, l’ancien président de la société organisatrice de l’Euro 2016. Interrogé par l’AFP, il développe : « Comment anticiper vis-à-vis des spectateurs l’attitude à avoir dans la mesure où même l’UEFA ne connaît pas les conditions de circulation qui seront imposées dans trois mois ? Cela ne peut pas être improvisé au dernier moment, sauf à décider que tous les matchs se dérouleront à huis clos. »

Vaut-il mieux jouer à la date prévue mais sans supporters ou un an plus tard dans des stades pleins ? Cela fait partie des dizaines de questions que doit prendre en compte l’UEFA avant de trancher. Ce qui n’aurait pas dû l’empêcher, en attendant, d’annoncer une interruption claire et nette de ses compétitions.