Tirage au sort de l’Euro: Est-ce qu’on n’aurait pas envie d’une bonne grosse poule de la mort pour les Bleus ?
FOOTBALL•Fini les premiers tours contre des équipes en bois, cette fois on veut vibrer tout de suite et puis, surtout, l'équipe de France a maintenant les épaules pour assumer
Nicolas Camus
L'essentiel
- Le tirage au sort de l'Euro 2020 aura lieu samedi, à 18h00.
- L'équipe de France, placée dans le chapeau 2, n'est pas à l'abri de se retrouver dans un groupe très relevé.
- On doit bien l'avouer, une partie de nous l'espère, histoire de vibrer dès le premier tour et puis parce que les Bleus ont maintenant les épaules pour assumer.
Préparez-vous à un grand moment de télévision. Samedi, sur les coups de 18h00, aura lieu le tirage au sort le plus bizarroïde de l’histoire. Entre les contraintes géographiques, les tensions géopolitiques et une phase de qualification pas tout à fait terminée, le tirage des groupes de l’Euro 2020 s’annonce pour le moins « cocasse », comme l’avait décrit Didier Deschamps.
Espagne, Portugal et pays de Galles, miam miam
Au moins, concernant l’équipe de France, le suspense est là. Imaginez, on aurait pu être à la place de la Belgique et déjà connaître deux de nos trois adversaires (en l’occurrence la Russie et le Danemark) en tant que seule des six meilleures équipes qualifiées à ne pas accueillir de matchs. Pour les Bleus, placés dans le chapeau 2, tout est possible. Notamment se retrouver dans un groupe très relevé, avec par exemple l’Espagne, le Portugal et le pays de Galles. Une catastrophe ? Franchement, nous, on prend. On peut même dire que pour une fois, on a bien envie d’une bonne grosse poule de la mort pour nos Bleus. Pas vous ? Laissez-nous (tenter de) vous convaincre.
Déjà, il y en a un peu marre des phases de groupe au rabais, où en regardant les matchs on ne sait pas bien si la compétition a commencé ou si on est encore dans les rencontres de préparation. C’est moins vrai pour le Mondial brésilien que pour les deux tournois suivants, mais les Bleus de Deschamps ont une fâcheuse tendance à démarrer tout doux, s’en sortant ric rac après des bouillies face à des nations de seconde zone. Les championnats d’Europe, les Coupes du monde, ça ne revient que tous les deux ans. C’est long, deux ans. Alors on mérite bien des matchs au couteau face à adversaires qui font peur dès le départ, et pas seulement en demies après quatre semaines de compète.
Et puis bon, la chance au tirage, ça suffit cinq minutes. Honduras, Suisse et Equateur en 2014 (en étant dans le chapeau 4 !!), Roumanie, Suisse et Albanie en 2016, Australie, Pérou et Danemark en 2018… Chatte ou pas chatte, DD ne pourra pas toujours passer entre les gouttes. Ça a déjà commencé un peu, d’ailleurs, avec la présence de la France dans le chapeau 2 en tant que septième meilleur premier de groupe, alors qu’il fallait être dans les six. « On aura ce qu’on mérite », avait réagi le sélectionneur en l’apprenant. Dans ce cas, il faudra bien passer à la caisse pour la vilaine défaite en Turquie.
C’est là qu’une petite précision s’impose. Si l’on dit tout ça, ce n’est pas parce qu’on espère que les Bleus se feront sortir salement avant les rencontres à élimination directe. Etre qualifié pour un grand tournoi et ne pas goûter au mélange d’excitation et de peur qui vous triture tout à l’intérieur pendant un match couperet, c’est comme être invité seulement au vin d’honneur d’un mariage. On repart avec la sensation moyennement agréable d’avoir raté le meilleur.
Les épaules pour assumer
En fait, c’est qu’on sent l’équipe de France prête à affronter ça. Les tournois précédents, ok, on ne savait pas trop où on allait. Un peu de marge, le temps de se chauffer, ne pouvait pas faire de mal. Là, les Bleus sont vice-champions d’Europe et champions du monde en titre. Les tauliers sont dans la force de l’âge, ceux qui venaient d’arriver ont deux ans de plus au très haut niveau. Bref, ils ont les épaules pour assumer une adversité très relevée.
On aurait aussi très envie de pouvoir dire aux Espagnols et aux Italiens que leur nouvelle génération devra attendre encore un peu, aux Anglais que les buts d’un capitaine aussi racé qu’un tank ne suffiront pas, aux Allemands que l’histoire a définitivement tourné, aux Belges qu’ils jouent très très bien bravo mais qu’il faut laisser faire les grands et aux Portugais que non, pas deux fois. Les yeux dans les yeux, c’est encore mieux.
Le souvenir de la magnifique densité de l’Euro 2000 n’a pas jauni. La France avait affronté le Danemark, la République Tchèque et les Pays-Bas en poule, puis l’Espagne, le Portugal et l’Italie. Le format à 24 équipes rend plus faible la probabilité de revoir le même genre de parcours, mais à la veille du tirage au sort, il est encore temps d’y croire.