ASSE-OL : « On ne peut pas ne rien faire »… Avec l’échec dans le derby, Sylvinho est vraiment en danger
FOOTBALL•Le nouveau couac lyonnais, dimanche à Saint-Etienne (1-0), place Jean-Michel Aulas et Juninho face à un dilemme : doivent-ils se séparer de Sylvinho après neuf journées de Ligue 1 ?Au stade Geoffroy-Guichard, Jérémy Laugier
L'essentiel
- L’OL vient d’enchaîner son septième match consécutif sans succès, dimanche chez son voisin stéphanois (1-0).
- Cette défaite dans le derby place Sylvinho encore davantage dans une situation inconfortable, malgré le succès quatre jours plus tôt à Leipzig (0-2).
- Jean-Michel Aulas s’est ainsi arrêté devant les médias dimanche soir pour indiquer que « Juninho doit nous dire ce qu’il a envie de faire ».
Les images de high five d’un Sylvinho en transe au milieu des Bad Gones, à la fin du dernier entraînement d’avant- derby sont passées en boucle depuis samedi. On a cru retrouver le coach brésilien sur le même mode dimanche pour une entame tonique dans le Chaudron, durant laquelle il est allé applaudir avec passion, à 20 cm de la ligne de touche, une semelle de Lucas Tousart sur la cheville de Denis Bouanga, qui venait de lui passer un petit pont (16e).
Sauf que deux heures plus tard, il s’est présenté en conférence de presse en costume, bien moins charismatique et rassembleur que la veille, et même un brin fataliste. Et pour cause, l’ancien adjoint de Tite a réalisé une triple contre-performance dans le Forez : un premier derby perdu (1-0) pour l’OL depuis février 2017, le voisin stéphanois (13e) qui passe du même coup devant les Lyonnais (14es), et l’OL qui compte son pire total de points après neuf journées de Ligue 1… depuis 24 ans.
La même approche du match à Sainté qu’à Leipzig ?
« Oui, je suis très inquiet car je ne m’explique pas ce résultat et ces points que nous avons laissés échapper facilement », a souligné Sylvinho devant les médias. Comprendre qu’il a ressassé les six points perdus ces dernières semaines dans le money time, contre Amiens, le PSG, Brest et donc désormais l’ASSE. N’attendez pas une quelconque remise en question sur le maintien du système en 3-4-1-2 comme à Leipzig (0-2) ou sur le choix des hommes, avec une nouvelle fois Jeff Reine-Adélaïde et Moussa Dembélé sur le banc au coup d’envoi. Comme en Allemagne, l’ancien Angevin, recrue la plus chère de l’histoire de l’OL, n’est même pas entré en jeu.
Plus que tout, on ne comprend pas où va ce Lyon-là, frileux au possible dimanche avec seulement deux tirs cadrés, et sans complémentarité entre les rares joueurs offensifs, à savoir Houssem Aouar, Memphis Depay et Martin Terrier. Comme si Sylvinho abordait un derby chez la lanterne rouge de Ligue 1 de la même manière qu’un déplacement européen chez le dauphin du Bayern en Bundesliga…
« Tu n’as pas le droit de perdre un derby », rappelle Anthony Lopes
Pour obtenir un constat autrement plus tranché (et tranchant) sur le marasme lyonnais du soir, on a pu compter sur Anthony Lopes, comme souvent patron sur le terrain (deux arrêts déterminants devant Boudebouz et Bouanga) et face aux micros.
« On n’a pas joué un derby. Quand tu ne joues pas le derby, tu as ce que tu mérites à la fin. Tu n’as pas le droit de perdre un derby. On n’a pas fait le match qu’il fallait. Je ne sais pas si on n’a pas tout donné mais un derby passe d’abord par l’engagement physique. Avant de penser au jeu, c’est dans l’impact que l’on doit montrer que nous sommes meilleurs, que l’on est là pour marquer notre territoire. On peut être dégueulasses, mais si on gagne le derby à la fin, moi ça me va. Il va falloir se remettre la tête à l’endroit et essayer de se relever de cela. » »
Juninho, un directeur sportif « très secoué »
Bon, le gardien lyonnais n’est pas dans le vrai sur tous les plans, tant le mal-être de son équipe semble, bien plus que la gestion des duels, se situer sur ce si décevant apport technique des joueurs, à l’image d’un Thiago Mendes si rayonnant avec le Losc la saison passée, et étonnamment neutre actuellement dans l’entrejeu. Après sept matchs de rang sans succès et malgré une précieuse respiration mercredi en Ligue des champions, la question d’un changement de coach semble inévitable sur ce timing de trêve internationale. « On verra, ce n’est pas moi qui prends cette décision, mais en tout cas on ne le lâchera pas », a assuré Anthony Lopes.
Huit jours plus tôt, après le précédent revers face à Nantes (0-1), Juninho s’était présenté devant les médias pour expliquer que c’était « au président Aulas de prendre la meilleure décision » à ce sujet. Là, dans les travées du stade Geoffroy-Guichard, c’est Jean-Michel Aulas qui a répondu à la presse, tentant de rendre discrète la sortie du stade d’un Juninho marqué (et même « très secoué » dixit Aulas) par cette entame de saison galère. Et surprise, JMA n’assume pas plus que son directeur sportif ce côté décisionnaire, au moment d’évoquer l’avenir de Sylvinho : « Je ne sais pas, il faut poser la question à ''Juni''. La règle du jeu est que ''Juni'' est responsable du département sportif. Il va réfléchir et il faut qu’il nous dise ce qu’il a envie de faire ».
« Il y a sur le banc un certain nombre de joueurs »
Mais Jean-Michel Aulas n’en est pas resté là et a lâché quelques pistes laissant à penser que ça pourrait vite bouger chez ce Lyon en crise, avec « un comité de gestion ce lundi soir et un conseil d’administration d’arrêté des comptes mardi ».
« Cela nous est rarement arrivé d’être dans cette situation très compliquée. Il faut prendre un maximum de réflexion et essayer de bien analyser les choses, car nous aurions pu gagner ce match. Arithmétiquement, ce n’est pas suffisant. C’est vrai que l’on ne peut pas ne rien faire donc toutes les hypothèses sont envisageables. ''Juni'' va proposer des choses et je trancherai évidemment avec le conseil d’administration. Il faut aussi tenir compte de l’avis des joueurs et des autres entraîneurs. Est-ce que l’on peut être plus ambitieux dans le jeu ? Sûrement car l’équipe a été faite pour ça. Il y a sur le banc un certain nombre de joueurs. » »
Au cas où le savant tacle présidentiel n’était pas suffisant concernant la présence sur le banc de trois gros investissements offensifs, à savoir Jeff Reine-Adélaïde, Moussa Dembélé, et à un degré moindre Bertrand Traoré, Jean-Michel Aulas a remis ça pour conclure en saluant le travail de son adversaire du soir Claude Puel, ex-coach de l’OL (2008-2011), avec qui ça s’est fini aux prud’hommes. « Claude est un très bon entraîneur, insiste-t-il. La preuve : en faisant cinq changements, alors que Lyon n’en a pas fait, il a réussi ce soir à peut-être amener plus d’âme et d’envie à son équipe ». OK, cette fois Sylvinho est bien proche d’être sur la sellette.