OM : Comment André Villas-Boas a séduit supporters, dirigeants… et journalistes
FOOTBALL•Le nouvel entraîneur de l'OM est un excellent communicant. Avant Amiens-OM, décryptage de sa façon de s'exprimer dans les médias, qui plait beaucoup aux supporters, dirigeants et journalistes marseillaisJean Saint-Marc
L'essentiel
- André Villas-Boas a réussi, grâce à son franc-parler, à convaincre supporters, dirigeants et journalistes marseillais malgré des résultats moyens.
- L’entraîneur portugais apprécie l’exercice de la conférence de presse mais a aussi conscience de ces limites.
Une petite blague, un mot d’excuses. André Villas-Boas a terminé sa conf' d'avant Amiens-OM par un message à Michel Aliaga, journaliste de France 3. « Je voudrais m’excuser de l’avoir qualifié de supporter, j’espère que s’il n’est pas là aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’il y a un problème », a lancé l’entraîneur de l’OM. Le tout dans un grand sourire, et en français, une langue qu’il n’a étudié que « trois ans à l’école » mais qu’il maîtrise très bien. En quelques mois, le Portugais a séduit Marseille, malgré des résultats moyens : avant d’aller à Amiens, son OM est cinquième et n’a gagné que trois matchs.
« Villas-Boas semble être un homme très vrai, qui explique les choses sans langue de bois et s’adresse directement aux supporters, s’enthousiasme Ludovic, fan de l’OM depuis 21 ans. Ce coach est clairement parmi ce qui se fait de mieux en communication, surtout dans un club qui gère ça de façon désastreuse depuis des années ! Il est à l’opposé de Rudi Garcia sur sa com’. Garcia était devenu une caricature de lui-même en rejetant sans cesse la faute sur les autres. »
« J’apprécie son franc-parler et son charisme »
Ludovic a donc particulièrement apprécié son autocritique après la défaite face à Reims : « Le responsable des défaites, c’est moi. » Sa franchise lors du mercato (« il n’y a pas d’argent ») a également séduit les fans, comme cette audacieuse sortie contre l’arbitre après OM-Montpellier : « Il a perdu la tête, il donnait des rouges comme des jaunes. »
Dimanche dernier, Villas-Boas s’est illustré par un plaidoyer en faveur de Jordan Amavi : « C’est de la persécution, tu tues ton joueur en le sifflant ! » Même si l’ancien Niçois est détesté par les supporters, ils ont apprécié cette défense : « Ça montre son envie d’impliquer tout le groupe, note Mathieu, habitué du Virage Sud. J’apprécie son franc-parler, sa vision du foot et son charisme ! » Un autre fan, qui préfère rester anonyme, assure qu’AVB lui « rappelle Eric Gerets » : « Il connaît le foot, est lucide sur son équipe et assume ses choix et ses erreurs, par exemple en repensant tout son système en plein match, face à Rennes. Il ne cherche pas de fausses excuses et les joueurs sont derrière lui. »
Les joueurs et Eyraud sont séduits
Sous le charme, même : « Par rapport à l’année passée, tout le groupe est derrière le coach », glisse Morgan Sanson. « Il est très ouvert à la communication », loue Valère Germain, quand Valentin Rongier « aime beaucoup sa façon de travailler, ses méthodes modernes et le fait qu’il soit capable de rigoler quand on sort du terrain, tout en étant très sérieux à l’entraînement. » Les joueurs sont séduits… Les dirigeants aussi. « Je pense que c’est un très bon communicant, a confié Jacques-Henri Eyraud à 20 Minutes. Ce qui plaît c’est que c’est un technicien qui partage ses choix, ses interrogations, c’est pour ça que ça fonctionne bien ! »
La recette plaît aux journalistes. Certains, qui désertaient les confs de Rudi Garcia, sont de retour le vendredi à la Commanderie. Le coach nous épargne, pour l’instant, les tartes à la crème et répond, globalement, à toutes les questions – pour tout vous dire, on a presque envie de le tester en lui demandant quel est son candidat préféré pour les municipales à Marseille. Pour Mourad Aerts, du site Football club de Marseille, « ses interventions sont très riches, c’est à la fois utile et intéressant, alors qu’avec Rudi Garcia c’était inutile ET déplaisant ! »
Pas peur des polémiques
Le franc-parler du Portugais peut surprendre, quand ses homologues sont beaucoup plus timorés : « Il ne se demande pas, avant chaque mot qu’il prononce, comment il va être interprété. Quand sur Amavi, il dit “je ne suis pas supporter de l’OM, je suis supporter du FC Porto”, ça aurait pu faire une polémique à la con avec un autre coach… Mais lui, on se dit qu’il est sincère, qu’il parle cash, apprécie Mourad Aerts, donc ça passe ! »
Quel est son secret ? André Villas-Boas est d’abord bien conseillé par le service de presse de l’OM, qui l’a par exemple « briefé » sur les différents journalistes qui suivent l’OM. Et il a conscience de l’importance et des limites de l’exercice – l’excellent communicant Michel était tombé de haut, par exemple. « J’essaye d’avoir une relation proche avec les fans, mais ce sont les résultats qui font la différence, pas la communication, rappelle Villas-Boas. Ce ne sont pas les conférences de presse qui vont me donner des points ! »