Mercato: Enquête pour fraude fiscale contre le fonds Doyen Sports en Espagne
JUSTICE•L’ouverture de cette enquête intervient après une plainte du parquet anticorruptionA.H. avec AFP
Le fonds Doyen Sports, et son dirigeant Nelio Freire, acteurs influents du marché des transferts, font l’objet d’une enquête de la justice espagnole pour une fraude fiscale présumée, a annoncé mercredi un tribunal espagnol. Quatre autres personnes, dont deux anciens joueurs devenus agents, sont soupçonnées de fraude fiscale et blanchiment, a indiqué le tribunal de l’Audience nationale.
L’ouverture de cette enquête intervient après une plainte du parquet anticorruption. Selon le juge en charge du dossier, Doyen Sports s’est servi d' « une structure complexe de sociétés destinée à cacher au fisc espagnol le fait que la gestion effective [en Espagne] de Doyen Sports s’effectuait en Espagne et non depuis Malte », comme Doyen, qui a son siège dans l’île méditerranéenne, voulait le faire croire.
Cinq millions d’euros soustraits au fisc en 2013
Selon le magistrat, Doyen a obtenu des bénéfices de la gestion de droits de joueurs d’un montant de 20,5 millions d’euros entre 2013 et 2016 ainsi que 1,3 million tiré de prêts concédés entre 2013 et 2015 à des clubs comme l'Atlético de Madrid, Séville ou le Sporting de Gijon. Sur la seule année 2013, les sommes soustraites au fisc s’élèveraient à plus de 5 millions d’euros. Mais l’ardoise fiscale devrait grimper « une fois que l’on disposera des informations précises pour l’estimer », a souligné le tribunal.
Le fonds Doyen est apparu dans l’affaire des Football Leaks, le «hacker» portugais Rui Pinto, responsable de ces fuites sur les coulisses du foot business, étant soupçonné d’avoir accédé à ses systèmes informatiques avant de publier plusieurs documents confidentiels sur Internet à partir de la fin 2015. Le hacker avait ensuite réclamé à un responsable de Doyen le paiement de 500.000 à un million d’euros pour cesser de révéler ces documents compromettants avant de se désister « volontairement », selon ses avocats.
Le fonds s’occupait en Espagne d’achat et de vente de droits de footballeurs ainsi que de la représentation et de la gestion de droits à l’image de joueurs, selon le tribunal qui cite notamment « la vente de droits économiques (du Colombien Radamel) Falcao » ou « l’achat de 50 % des droits (du joueur français Geoffrey) Kondogbia ». Doyen recevait comme paiement « les intérêts pour le capital prêté ainsi qu’un pourcentage sur la future vente » du joueur. Des pratiques appelées TPO (Third Party Ownership) interdites par la Fifa en 2015.