Coupe du monde: Un peu de seum, pas mal de regrets et beaucoup de tristesse… Les Bleues passent à côté de leur rêve
FOOTBALL•Défaites par les Etats-Unis en quart, les Bleues quittent la Coupe du monde par la petite porteAymeric Le Gall
L'essentiel
- L'équipe de France a été battue (2-1) par les Etats-Unis en quart de finale de la Coupe du monde.
- Les Bleues ont pourtant failli renverser la rencontre en fin de match en arrachant une prolongation qui aurait pu tout changer.
- A l'arrivée, c'est une immense déception pour cette équipe, et la tristesse se lisait sur les visages des Françaises après l'élimination.
De notre envoyé spécial au Parc des Princes,
Il y a des mimiques qui en disent parfois plus long que mille paroles. Et vendredi soir, quelques minutes après la défaite de l’équipe de France en quart de finale de leur Mondial, les visages de nos Bleues criaient tristesse. Têtes baissées, regards dans le vide, une bonne dizaine de joueuses sont passées devant la presse en zone mixte sans un mot. Pas la force, pas le courage, le coup de massue qu’elles venaient de se prendre était trop violent.
Certaines avaient les larmes aux yeux quand d’autres, comme Amel Majri, étaient partagées entre la rage, la frustration et la lassitude. La fatigue de constater que c’est la cinquième fois de suite que les tricolores se font sortir en quart de finale, après l’Euro 2013, le Mondial 2015, les JO 2016 et l’Euro 2017.
Le coup est rude, la déception immense
Après avoir hésité à suivre le train des muettes, Marion Torrent a finalement fait demi-tour pour nous livrer ses impressions. La gorge serrée et les yeux humides, la Montpelliéraine ne trouve pas ses mots : « Je ne sais pas quoi vous dire… On a poussé, on s’est battue jusqu’au bout, mais on n’a pas réussi, voilà… Il n’y a pas grand-chose à ajouter. » Comme c’est de coutume dans ce genre de moments, ce sont les éléphantes du vestiaire qui s’y sont collées.
Chez la capitaine Amandine Henry, auteure une nouvelle fois d’un match plein, pas de larmes, mais le visage fermé de celle qui connaît la chanson. Plus que de la tristesse, des regrets, notamment sur le premier but des Etats-Unis : « Il y a forcément beaucoup de déception, de frustration. On fait une erreur d’inattention qu’on paye cash. Bon après, on jouait les tenantes du titre, on savait que ça allait être dur. A ce niveau ça se joue sur des détails. »
C’est vrai qu’il y a de quoi maudire ce foutu début de match qui nous met dedans jusqu’au cou. Après une touche rapidement jouée par les Américaines, Griedge Mbock est prise de vitesse par Morgan et est obligée de faire faute. On connaît la suite. Pour Gaëtane Thiney, c’est « une erreur d’inattention parce qu’on savait qu’elles jouaient les touches très rapidement et on n’a pas été très attentives… » Pour Corinne Diacre, cette erreur est « le seul regret ce soir [vendredi]. On savait qu’elles étaient fortes sur ce genre de situation, qu’elles jouaient vite, on avait anticipé ça mais ça n’a pas suffi. »
Oh, des regrets, des regrets, des regrets
Les regrets, c’est aussi ce qui poursuit Amandine Henry, pour qui les Bleues n’ont « jamais autant dominé les Etats-Unis, mais dominer n’est pas gagner… » « Les deux buts sont évitables mais derrière ça on a quand même eu une bonne réaction et on arrive quand même à les bousculer, enchaîne Wendie Renard. Je pense qu’on méritait de revenir au score mais ça ne s’est pas fait. On a eu de meilleures intentions en deuxième période, il ne nous a pas manqué grand-chose. C’est frustrant. »
C’est vrai que si la première période face aux Etats-Unis était, ecore une fois, très poussive, la seconde a été nettement meilleure. On a enfin vu le visage d’une équipe conquérante et joueuses, tout ce qu’on attendait des Bleues depuis trois semaines en fait, et qui avait fait grandement défaut aux joueuses de Corinne Diacre. « C’est tout simplement notre meilleur mi-temps du Mondial », confirme Henry en zone mixte. Un peu tard...
La défaite amère
On a également senti une pointe de mauvaise foi chez les Bleues, à l'heure d'évoquer le match des Américaines. Une touche de seum, comme vont se plaire à nous le rappeler nos amis belges. Après le deuxième but, explique Henry, « elles ont mis le bus, elles ont attendu. Ce n’est pas une critique, c’est comme ça, peut-être qu’on aurait fait pareil à leur place. »
Les Etats-Unis ont effectivement terminé le match à cinq derrière, histoire de fermer la boutique, comme cela avait été envisagé en amont par la sélectionneuse Jill Ellis: « On avait travaillé ce système à 5 défenseuses, pour des moments comme ça justement. La France est une nation très forte, on savait qu’elle allait pousser fort si on menait. On savait dès le tirage au sort qu’on pourrait les jouer et que ce serait difficile, on s’est préparé. »
La capitaine tricolore en a remis une couche quand on lui a demandé si les Américaines avaient été au-dessus : « Non, je ne pense pas, en deuxième période elles tiraient la langue. Nous aussi hein, mais voilà… A chaud en tout cas, c’est ce que je pense. Taper dans le ballon et courir, c’est leur culture. Nous, on est plus sur de la possession. Le physique a gagné sur la technique ce soir. » Réduire les championnes du monde en titre à de vulgaires bourrines, fallait oser tout de même. Quant au fameux jeu de possession français, on voit où ça les a menées vendredi soir...
« Pour rien au monde je n’échangerais notre style de jeu contre celui des Etats-Unis », clamait de son côté Wendie Renard. C’est pourtant ce « style » qui leur a permis de conquérir le monde du foot féminin. « Elles ont quoi, 5 frappes en tout ?, se demande-t-elle ensuite. Et elles en mettent deux… ». Les Françaises ont effectivement frappé deux fois plus au but que leurs adversaires (20 tirs contre 10) mais, à l’arrivée, les Américaines en cadrent 8 (80 %, donc) quand on peine à en mettre deux vers les cages (10 %). Le réalisme, mon cher Watson.
C’est en grande partie ce qui aura coûté aux Bleues cette sortie prématurée de la Coupe du monde, et c’est tout sauf un détail. Dans une zone mixte désormais quasiment vide, Renard retrouve un peu de lucidité pour annoncer que « depuis le début, on voulait aller au Groupama Stadium le 7 juillet. Mais ce soir on échoue en quart, c’est un échec. » Là-dessus au moins, tout le monde est d’accord.