Equipe de France: On attendait Le Sommer, on a trouvé Speedy Diani, «l’une des meilleures attaquantes du monde»
FOOTBALL•La joueuse de PSG est en train d'exploser aux yeux du monde entier pendant la Coupe du mondeAymeric Le Gall
L'essentiel
- Depuis le début de la Coupe du monde, Kadidiatou Diani est certainement le meilleur élément de cette équipe de France.
- Face au Brésil, la joueuse du PSG était à l'origine des deux buts tricolores.
- Passée par Juvisy, l'internationale française éclate tout du côté du PSG depuis 2017.
Au début de la Coupe du monde, on attendait d’abord Le Sommer, Renard ou Henry, finalement on a surtout eu Diani. « Kadi », comme l’appellent ses potes en club et en sélection. Face au Brésil, en huitième de finale dimanche soir au Havre, la joueuse du PSG a mis la misère à la défense brésilienne et a fait danser Tamires dans son couloir tout au long de la soirée. A l’arrivée, les deux buts français viennent de la « bip-bip » des Bleues. Une mise à l’amende, un débordement supersonique et une passe décisive sur le premier but de Gauvin, d’abord, un dribble qui amène le coup franc victorieux de Majri repris par Amandine Henry, ensuite.
« Elle a réussi à fédérer autour d’elle l’idée qu’aujourd’hui, elle est devenue indispensable à cette équipe. C’est bien simple, elle n’a plus la moindre concurrence en attaque. C’est la seule véritable certitude des Bleues d’un point de vue offensif, en fait, lance Aline Riera, l’ancienne internationale tricolore, aujourd’hui consultante sur Canal +. Je trouve que cette saison, et lors de ce Mondial, elle est encore montée d’un cran au niveau de l’exigence. C’est tout simplement l’une des meilleures attaquantes du monde alors qu’elle a encore une marge de progression énorme. » Meilleure passeuse de D1 cette saison avec le PSG, Diani poursuit sur sa lancée.
La meilleure Française du Mondial
Pour Nadia Benmokhtar, son ancienne coéquipière à Juvisy, pas de doute, « c’est celle qui a apporté le plus offensivement face au Brésil. Elle est extraordinaire depuis le début de la Coupe du monde. Aujourd’hui, dans le groupe, c’est celle qui est à 100 %. Autant Eugénie Le Sommer, on connaît ses qualités mais on peut dire qu’on en attend plus d’elle. Kadi est déjà au top. » Le seul bémol dans l’optique du quart de finale face aux Etats-Unis, nous dit la consultante pour Europe 1, « c’est que la fille qui joue arrière gauche aux Etats-Unis, elle va aussi vite que Kadi. Elle va donc être obligée de trouver d’autres solutions dans le jeu. »
« Elle a su se mettre au service du collectif, même si on peut éventuellement lui reprocher d’être trop altruiste et de ne pas assez choisir la solution individuelle, juge pour sa part Aline Riera. Mais par contre, quelle débauche d’énergie ! Contre le Brésil, de la première à la dernière minute, elle courrait partout. Dans le repli défensif, c’est pas le genre à laisser une coéquipière dans la galère. Ça doit être un régal de jouer derrière elle. Je n’aime pas l’expression "on peut aller à la guerre avec elle", mais je dirais qu’avec Diani, on peut voyager sereinement. »
Cité des Combattants et petit pont aux garçons
Recrutée par le PSG pour 150.000 euros – un record chez les féminines – au Paris FC (ex-Juvisy), Diani est en train d’exploser aux yeux du grand public durant cette Coupe du monde. Mais celles qui la connaissent ne sont pas surprises. La grand-mère de Kenza, son amie d’enfance, habitait à deux pas de la cité des Combattants à Vitry-sur-Seine, l’occasion pour les deux copines de taper des five dans le quartier. « On a compris tout de suite qu’elle avait un vrai truc, commence Kenza. Après l’école, on allait au centre de loisirs du quartier et on faisait beaucoup de foot en salle avec les garçons. Après l’avoir vue jouer, ils la voulaient tous dans leur équipe ! Quand elle leur mettait des petits ponts, forcément derrière ça chambrait pas mal, mais ça restait bon enfant. »
Pourtant, Diani aurait pu connaître une toute autre trajectoire, loin du foot et des Bleues. « Je n’ai pas eu ce déclic [de s’inscrire dans un club], on l’a provoqué chez moi. Et sans ça, je pense que je serais encore en train de jouer en bas de chez moi. Mais voilà, les gens disaient que je jouais bien et que je devrais m’inscrire. J’ai fini par les écouter », racontait la Parisienne dans le podcast Conquérantes sur le site madmoizelle.com. Elle rejoint alors une équipe de garçons en catégorie benjamin à l’ES Vitry. Le problème, c’est que Diani, réputée très réservée, ne se sent pas trop à sa place. « Sa première saison, elle n’était entourée que de garçons et même si elle avait un super niveau, ce n’était pas toujours facile pour elle », confirme Kenza. Sur les conseils d’une amie qui joue chez les féminines à Ivry, la Parisienne rechausse les crampons. Là-bas, elle se dit « contente de retrouver des filles avec qui parler dans les vestiaires ». Et sur le terrain, elle casse la baraque et se fait remarquer par Juvisy en D1.
Juvisy pour grandir, le PSG pour exploser
C’est à ce moment-là que Nadia Benmokhtar fait sa connaissance. Elle se souvient : « Quand je l’ai connue, elle était surclassée des U19 pour venir s’entraîner avec nous en D1, donc elle était largement au-dessus des autres de sa génération. Après, ce n’était pas une grande, grande bosseuse. Le goût de l’effort n’était pas forcément naturel chez elle. Elle était tellement au-dessus du lot qu’elle jouait sur ses qualités. On les a vues débarquer en même temps avec Aïssatou Tounkara [sa coéquipière en équipe de France] et c’étaient des joueuses qui ne se faisaient pas trop mal. Du coup, on était quelques anciennes à les secouer un peu. » Pas juste pour le plaisir, mais parce qu’elle sentait qu’il y avait un gros potentiel chez « Kadi ». « Disons que celles dont tu sais qu’elles n’iront pas au-dessus, t’insistes pas, alors qu’avec elle, on savait qu’elle pouvait aller haut », confirme Benmokhtar.
Un exemple ? « Je me rappelle d’un entraînement où on faisait une séance de vitesse, moi j’étais la moins rapide de l’équipe et Kadi c’était l’une des plus rapides, ben j’arrivais avant elle à chaque sprint. Du coup je me retournais et je lui disais "non mais attends, Kadi, tu te fous de ma gueule !" (rires) Elle a pris conscience de ce qu’étaient les exigences du haut niveau et ce que c’était que de se faire secouer par les anciennes. Et quand elle est partie au PSG, où elle a trouvé une vraie concurrence, elle a encore franchi un nouveau cap et c’est devenu la Kadi qu’on connaît aujourd’hui. »