Coupe du monde féminine: Les Bleues ont affronté une vraie équipe et on sait (enfin) ce qu'elles ont dans le ventre
FOOTBALL•Après avoir roulé sur la Corée du Sud lors du premier match, l'équipe de France sait enfin ce qu'elle vaut contre une équipe qui joue un peu au ballon, après avoir affronté la Norvège mercrediAymeric Le Gall
L'essentiel
- L’équipe de France a battu la Norvège, mercredi soir, au stade de Nice (2-1) et s’empare de la tête du groupe A.
- Après une promenade de santé contre la Corée du Sud en match d’ouverture, les Bleues ont enfin eu du répondant du côté de Nice.
- Cette victoire devrait permettre de véritablement lancer l’aventure des joueuses de Corinne Diacre.
De notre envoyé spécial à Nice,
Enfin un vrai adversaire. On ne voudrait pas être méchants avec la Corée du Sud, mais à un moment donné il faut quand même dire les choses : vendredi, au Parc des Princes à l’occasion du match d’ouverture du Mondial 2019, l'équipe de France a affronté (et tartiné) tout sauf une équipe de foot. A tel point que nous étions sortis de ce match avec l’étrange sensation de n’avoir pu tirer le moindre enseignement de cette victoire (4-0). Mercredi, à Nice, c’était tout le contraire.
En s’arrachant pour gratter la victoire contre la Norvège, les Bleues ont montré une belle force de caractère, un gros mental alors que le sort – et la mégaboulette de Wendie Renard, un peu, aussi – aurait pu leur faire trembler des genoux et paniquer à l’idée de se rétamer dès le deuxième match de poule. On se demandait il y a encore quelques heures ce qu’elles avaient dans le ventre, nous voilà rassurés.
Des enseignements, enfin
« C’est vrai que ça a été plus difficile aujourd’hui, a immédiatement concédé Eugénie Le Sommer dans les entrailles de l’Allianz Riviera. On savait que la Norvège c’était au-dessus de la Corée du Sud, elles ont montré sur le premier match qu’elles avaient beaucoup de qualité. On a eu du mal à aller chercher cette victoire ce soir. On remporte le match qui, je pense, était celui pour la première place. »
« Ça fait du bien pour le mental, pour la tête, d’aller chercher cette victoire. On s’est mises nous-mêmes en difficulté parce que les occasions on les avait, il y a eu pas mal de ballons devant le but. On ne les a pas toutes concrétisées, mais au final, on se retrouve avec 2-1, c'est ce qui compte », enchaîne Amel Majri, passeuse décisive sur le premier but de Valérie Gauvin.
Victorieuses et (quasi) qualifiées pour les 8es, les femmes de Corinne Diacre ont fait le job. Surtout, en affrontant une vraie équipe de foot, les Bleues sont enfin entrées de plain-pied dans la compète. La pente s’élève, très bien, et les Françaises ont les guibolles taillées pour. « Ce match peut être un déclic dans cette compétition parce qu’on s’est montrées solidaires, on n’a rien lâché jusqu’au bout, et même à la 94e on n’avait encore la force de tacler pour ne pas prendre le deuxième but, se félicitait Amandine “Vegedream” Henry. Quand on joue dans une telle équipe, on ne veut rien lâcher, on est ensemble. »
Les USA dans un coin de la tête
Ce coup-ci, et même si Diacre a soutenu n’avoir « rien appris » sur son équipe après la victoire, on peut enfin tirer des enseignements intéressants pour la suite de l’aventure. « C’est bien, ça permet d’étoffer notre palette dans plein de domaines. Aujourd’hui il y avait tout, il a fallu être fortes sur le plan athlétique et sur le plan mental. On a vu qu’on peut être fortes dans ces deux domaines, c’est une leçon importante pour la suite », se réjouissait Marion Torrent en zone mixte.
Pour Le Sommer, les difficultés rencontrées mercredi soir ont du bon pour « emmagasiner de l’expérience internationale. Je pense qu’il faut en passer par là, ça fait partie du chemin pour aller loin dans la compétition. » Quand on sait que les Bleues ont de grandes chances de croiser rapidement la route des Etats-Unis (en quarts de finale), qui ont désossé la Thaïlande 13-0 mardi soir, on se dit que ce n’est peut-être pas inintéressant de se frotter à des joueuses qui les secouent un minimum. Et même si toutes nous ont affirmé ne pas encore penser à ce choc crucial, impossible de ne pas l’avoir dans un coin de la tête. « C’est évident, il nous faut des matchs avec ce genre d’intensité, avec autant de rythme, car ça va monter au fur et à mesure », a conclu Thiney, des drapeaux US plein les yeux.