FOOTBALL FEMININComment l’OL est devenu une «Ferrari» imbattable en 15 ans

OL-Barcelone: «C’est dur de quitter ce club»… Comment Lyon s’est construit une armada imbattable en 15 ans

FOOTBALL FEMININLes Lyonnaises visent une sixième Ligue des champions, samedi (18 heures) contre le FC Barcelone
Jérémy Laugier (avec N.C.)

Jérémy Laugier (avec N.C.)

L'essentiel

  • L’OL va disputer samedi (18 heures à Budapest) sa 8e finale de Ligue des champions sur les dix dernières éditions.
  • Opposées au Barça en finale, les Lyonnaises s’appuient sur « une colonne vertébrale » ayant multiplié les sacres depuis une dizaine d’années, à l'image de Wendie Renard, Amandine Henry et Sarah Bouhaddi.
  • 20 Minutes se penche avec Patrice Lair et Elodie Thomis sur les secrets de la longévité de ces cadres et sur le recrutement souvent réussi de l’OL depuis son lancement en 2004.

Les supporters lyonnais ont encore eu raison de se pencher, dès le début de saison, sur la logistique d’un long déplacement en Europe au printemps. Ils seront une centaine à Budapest samedi (18 heures) pour la finale de Ligue des champions féminine contre le FC Barcelone. Il s’agira de la 8e finale européenne de l'OL sur les 10 dernières éditions. Comment le club lyonnais a-t-il pu à ce point devenir une machine à gagner, en France comme en Europe, depuis 2004 et l’intégration du FC Lyon au sein de l’OL ? 20 Minutes a décidé de se pencher sur la grande réussite historique du recrutement du vainqueur des trois dernières couronnes continentales.

Il a fallu moins d’un an à Jean-Michel Aulas pour signer son premier coup audacieux dans le monde du football féminin en attirant cinq joueuses américaines, dont la gardienne internationale Hope Solo. Leur aventure dans le Rhône n’a duré que quelques mois et n’a pas permis à l’OL d’être champion dès 2005 (3e à 13 points de Montpellier) mais elle en disait déjà long sur les intentions du boss lyonnais. La véritable construction de l’hégémonie lyonnaise remonte aux étés 2006 et 2007, durant lesquels l’OL avait recruté six internationales tricolores évoluant à Montpellier.

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« Des indemnités à Montpellier, des salaires à Lyon »

Parmi elles, on retrouve Camille Abily, Sonia Bompastor, Louisa Necib et Elodie Thomis, qui vont soulever ensemble les deux premières Ligues des champions de l’histoire du foot féminin français en 2011 et 2012. « Avec ''Loulou'' Nicollin, on s’était alors un peu engueulés car Jean-Michel Aulas mettait les moyens qu’il fallait pour dominer le championnat, se souvient Patrice Lair, entraîneur du MHSC de 2005 à 2007. C’est simple, les filles n’avaient que des indemnités à Montpellier et elles allaient toucher des salaires à Lyon. »

L’ancienne attaquante des Bleues Elodie Thomis confirme ce changement de dimension : « En allant à l’OL, on savait qu’on allait vivre du football. Entre cette sécurité financière, les conditions d’entraînement et les titres obtenus, on se sent tout de suite à l’aise à Lyon. Il est facile de se créer un cocon ». Les résultats suivent immédiatement, avec 13 titres de championnes de France enchaînés depuis 2007 et cinq Ligues des champions conquises.

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« C’est assez facile de repérer les meilleures joueuses »

N’imaginez pas que pour en arriver là, Lyon a eu besoin de se doter d’une armée de recruteurs envoyés dans le monde entier. Le président délégué de la section féminine Marino Faccioli, le directeur général adjoint juridique Vincent Ponsot et évidemment JMA sont les décideurs, en collaboration avec l'entraîneur Reynald Pedros mais sans scouts dédiés. Patrice Lair, qui a remporté deux Ligues des champions et quatre sacres en D1 de 2010 à 2014 à Lyon, détaille le fonctionnement du club.

« « Il existe des relais mais il n’y a pas de véritable cellule de recrutement. Dans le football féminin, c’est assez facile de repérer les meilleures joueuses. Il y a peu d’équipes qui mettent vraiment les moyens pour prendre des top joueuses. Donc quand tu proposes aux filles des conditions financières et des structures d’entraînement comme le fait l’OL, tu peux vite faire de bons coups. Il faut surtout observer les équipes présentes en quarts de finale de la Ligue des champions. On avait par exemple ciblé Ada Hegerberg et Dzsenifer Marozsan après les avoir affrontées en Coupe d'Europe. Et parfois, des joueuses donnent elles-mêmes des pistes. » »

« Une Ferrari sur laquelle il n’y aurait qu’une roue à changer chaque été »

La longévité au plus haut niveau des cadres de cet OL conquérant est impressionnante : Wendie Renard, Amandine Henry, Sarah Bouhaddi, Eugénie Le Sommer et Amel Majri sont toutes dans cette équipe depuis au moins neuf saisons. A chaque intersaison de 2013 à 2016, Saki Kumagai, la Ballon d'or 2018 Ada Hegerberg (âgée de 19 ans lors de son transfert de Potsdam en 2014), Griedge Mbock et Dzsenifer Marozsan sont venues renforcer l’équipe actuelle, quasiment imbattable dans toute l’Europe.

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C’est pourquoi même certains recrutements moins décisifs (Morgan Brian, Josephine Henning ou le quatuor de joueuses du PSG Houara-Seger-Hamraoui-Dali en 2016) n’ont pas plombé la dynamique de l’OL. Après avoir enchaîné à l’OL 11 saisons de 2007 à 2018 avant de prendre sa retraite, Elodie Thomis décrypte les secrets de cette interminable réussite.

« « Quand l’OL veut une joueuse, il l’obtient presque toujours. Il sait garder sa colonne vertébrale et réinjecter chaque année de bons éléments. C’est comme une Ferrari sur laquelle il n’y aurait qu’une roue à changer chaque été. Les bonnes joueuses restent super longtemps à Lyon. En même temps, c’est dur de quitter ce club, rien que quand on voit le niveau des oppositions à l’entraînement. Depuis plus de dix ans, on n’a jamais senti une baisse de niveau. Comment trouver mieux ailleurs ? » »

La concurrence viendra-t-elle d’Espagne ?

Entre la Suédoise Lotta Schelin (de 2008 à 2016) ou les Américaines Megan Rapinoe (2013-2014) et surtout Alex Morgan (2017), Jean-Michel Aulas a souvent réussi de jolis coups « pour faire connaître le club dans le monde » (selon Patrice Lair). Le président lyonnais a indiqué cette semaine à l’AFP que l’OL féminin bénéficiait d’un budget situé « entre 7 et 8 millions d’euros » et de salaires moyens « de 5.000 à 10.000 euros mensuels ». Pour la première fois de l’histoire, un club espagnol (le FC Barcelone) s’est hissé en finale de Ligue des champions. Le signe d’une véritable nouvelle concurrence, après l’Allemagne et à un degré moindre l’Angleterre ?

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« En Espagne, les clubs commencent à mettre les moyens pour attirer les meilleures joueuses d’Europe et grandir, indique Aïssatou Tounkara​, défenseure de l’Atlético de Madrid et de l’équipe de France. La présence de Barcelone en finale de Ligue des champions, ce n’est pas un hasard. Il y a un très fort engouement de la part du public pour le football féminin [plus de 60.000 spectateurs pour un Atlético-Barça en mars]. Alors il y a tout pour que ce pays progresse bien. » A en croire Patrice Lair, la passation de pouvoir n’est pas pour samedi : « Le club qui recrute le mieux, c’est l’OL. Il s’est donné les moyens d’être sur le toit de l’Europe et la concurrence a encore du boulot pour l’en déloger. »