OM-OL: Il y a dix ans, Lyon a-t-il voulu «choisir son successeur» et priver Marseille du titre de champion?
FOOTBALL•En mai 2009, l’OL avait signé un succès de prestige (1-3) au stade Vélodrome, empêchant ainsi les Marseillais, à la lutte avec Bordeaux, d’être champions de FranceJérémy Laugier et Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Largué dans la course à l’Europe, l’OM (6e) pourrait surtout jouer un mauvais tour à l’OL, dimanche (21 heures), lors d’un « Olympico » ayant pour principal enjeu la lutte pour le podium entre Lyonnais et Stéphanois.
- Rudi Garcia fera peut-être référence au scénario de mai 2009 pour motiver ses joueurs, lorsque l’OL était venu empêcher son rival marseillais de filer vers un sacre en Ligue 1, à trois journées de la fin de la saison (1-3).
- Dix ans après, 20 Minutes s’est replongé dans cet épisode culte des Marseille-Lyon avec des joueurs de l’époque.
Les clins d’œil du calendrier LFP sont parfois cocasses. La programmation pour la 36e journée d’un choc OM-OL au stade Vélodrome dimanche (21 heures) pourrait prétendre à la pole position dans cette liste si on se plonge dix ans en arrière, quasiment jour pour jour. Le 17 mai 2006, les Lyonnais s’étaient déjà rendus à Marseille pour préserver leur troisième place lors d’une 36e journée de L1 bouillante. Avec en bonus la perspective de faire chuter le rival olympien, sur le point d’être sacré champion de France avec Eric Gerets sur le banc.
En plein doute (trois succès sur les 13 matchs précédents), le septuple champion de France en titre profite de cette affiche pour se métamorphoser, avec un succès (1-3) grâce à un doublé de Karim Benzema et un énième coup franc de Juninho. Quatre mois plus tard, l’entraîneur de l’OL Claude Puel avait indiqué dans une interview à So Foot : « Tout le monde disait que les Marseillais allaient être champions. On les en a empêchés. On a choisi notre successeur ». Et celui-ci a donc été le Bordeaux de Laurent Blanc, devenu leader grâce à cet « Olympico ».
Priver Lyon de C1, « le seul moyen de sauver un peu cette saison » ?
Une sortie médiatique que s’empressent de ressortir des supporters de l’OM depuis quelques jours sur Twitter avec le hashtag #PasdeLyonenLDC. « Je ne crois pas à une vengeance dix ans après, confie Renato Civelli, titulaire en défense centrale ce soir-là. Il n’y a que Steve Mandanda qui reste de cette période. Les joueurs, je pense que ça leur est égal, mais pas les supporters. Ça fait cinq jours que je suis à Marseille et tout le monde me dit la même chose : priver Lyon de Ligue des champions, ça serait le seul moyen de sauver un peu cette saison insuffisante pour l’OM. »
En vrai, l’échec du rival était-il un enjeu majeur pour les joueurs lyonnais en mai 2009, comme l’a laissé supposer Claude Puel ? « Franchement, je n’avais pas envie d’embêter Marseille, assure l’ancien défenseur lyonnais Cris. Je n’avais pas de préférence pour un champion cette saison-là, j’étais surtout très déçu que notre série de titres s’arrête. La motivation vient toute seule pour un match là-bas. Le coach s’est peut-être un peu servi de ça durant la causerie mais on voulait surtout finir la saison en beauté. »
« Embêter Marseille n’a jamais été mon souci durant ma carrière »
Titulaire tout comme son capitaine brésilien, et ce pour la première fois après une rupture du tendon d'Achille quatre mois plus tôt, Sidney Govou livre la même version.
« Claude Puel a joué sur ce levier pour nous piquer mais personnellement, embêter Marseille n’a jamais été mon souci durant ma carrière. Ce levier peut plutôt être activé entre Lyon et Saint-Etienne ou entre Paris et Marseille comme sur le titre de 1999, mais je ne l’imagine pas à Marseille dimanche. » »
L’OL se serait donc avant tout occupé de sa propre fin de saison, surtout que la bande à « Juni » ne comptait avant les trois derniers matchs, qu’un point d’avance sur le PSG (4e avant sa chute à la 6e place).
Pour Lyon, « il y avait beaucoup plus de rivalité avec l’OM qu’avec Bordeaux »
« C’était une terrible déception car on avait une chance énorme d’être champions, après tant d’années sans rien gagner, soupire Renato Civelli. Imaginez, en cas de victoire, on aurait quasiment célébré le titre sur la pelouse. Lyon ne voulait pas assister à ça ! » Après avoir régné sur la Ligue 1 de 2002 à 2008, cette perspective aurait en effet rendu le déclin de l’OL encore plus amer.
« Claude Puel a eu raison de motiver ainsi ses joueurs avant le match, estime Benoît Cheyrou, qui l’a côtoyé durant deux saisons au Losc. Il aurait dit la même chose s’il avait joué contre Bordeaux, ça n’était pas contre l’OM. Mais c’est sûr que les Lyonnais étaient plus motivés par le fait de nous empêcher d’être champions. Il y avait beaucoup plus de rivalité qu’avec Bordeaux. » Aujourd’hui, les supporters d’un OM sixième et largué à sept points de l’Europe semblent presque porter un regard bienveillant sur l’épatant parcours de l’ASSE. Surprenant, non ?