FOOTBALLL'élimination de l'OL en Coupe change-t-elle vraiment tout pour Genesio?

OL: Le fiasco contre Rennes remet-il totalement en cause la prolongation de Bruno Genesio à Lyon?

FOOTBALLJean-Michel Aulas a annoncé mardi, après l'élimination en demi-finale de la Coupe de France, reporter à la fin de la saison la question de l'avenir de Bruno Genesio
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L'OL est passé au travers, mardi soir, en étant éliminé par Rennes (2-3) en demi-finale de la Coupe de France.
  • Cet échec a changé les plans de Jean-Michel Aulas, qui comptait annoncer après cette rencontre la prolongation de deux saisons de Bruno Genesio. Dans une conférence de presse assez improbable, le président lyonnais a indiqué qu'il n'y aurait pas de décision avant la fin de la saison.
  • 20 Minutes décrypte les cinq questions majeures que pose ce rebondissement dans le dossier Genesio.

On se doutait qu’en cas d’élimination surprise de l’OL face à Rennes, à un match d’une première finale au Stade de France depuis 2014, la sortie médiatique de Jean-Michel Aulas s’annonçait truculente. Car celui-ci avait clairement lié le dénouement de cette demie de Coupe de France (perdue 2-3) à une annonce de prolongation, ou non, de Bruno Genesio pour les deux prochaines saisons. Une configuration sans doute inédite en Ligue 1, et à coup sûr périlleuse, d’autant que le timing du 2 avril (après avoir évoqué le 31 mars) est planifié et répété par JMA depuis plus de deux mois.

Quelques instants après le couac lyonnais dans son enceinte, alors que des « Genesio démission » étaient scandés par une cinquantaine de supporters du virage sud, Jean-Michel Aulas et Bruno Genesio se sont installés ensemble dans l’auditorium du Parc OL. Le moment fera date, entre les reproches adressés par JMA à L’Equipe, qui annonçait dès samedi « une prolongation de deux ans (plus une année optionnelle) » pour Bruno Genesio, et ce dernier, visage marqué et regard perdu durant le monologue d’environ 20 minutes de son président. Cette conférence de presse annonçant qu’aucune décision ne serait prise avant la fin de la saison pose cinq questions majeures.

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Pourquoi un tel feuilleton ?

Comment un président aussi expérimenté que Jean-Michel Aulas (70 ans, en poste depuis 1987) a-t-il pu impulser un processus aussi casse-gueule qu’une annonce médiatique majeure, à chaud, après l’adrénaline d’un tel rendez-vous pour son club ? L’intéressé est clair là-dessus et on veut bien le croire, il aurait tranquillement aimé gérer cet épineux dossier fin mai. « C’est ce qui avait été prévu, rappelle-t-il. Puis Bruno a demandé [à la trêve hivernale] à ne pas attendre la fin de la saison. C’était une demande légitime. »

Au vu de ses excellentes relations avec son entraîneur, qu’il a toujours protégé depuis près de trois ans et demi (spoil hormis mardi soir), JMA a donc sollicité le comité de gestion, dont 14 membres se sont réunis lundi, pour ficeler « à l’unanimité » le sort réservé à Bruno Genesio. En vrai, ce dernier avait été mis dans la confidence du « deal » en préparation, comme il l’a évoqué sur Canal + Sport vendredi dernier, après le succès en L1 à Rennes (0-1).

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En quoi consistait exactement leur accord menant à une prolongation ?

La conférence de presse du soir, et plus globalement tout ce feuilleton sur l’avenir de Bruno Genesio à l’OL, donnent l’impression d’être autant improvisés qu’un plan de jeu en 4-4-2 ressorti dans le money time de la saison. Jean-Michel Aulas l’assure pourtant : « On a fait un travail extrêmement minutieux d’analyse de tous les cas de figure, en tenant compte aussi de ce qui était le mieux pour l’institution ».

Le président lyonnais, qui a pris le temps de rencontrer les 12 groupes de supporters du club, présente ce « deal » qu’il était « heureux » de proposer à son coach : « Nous avions convenu que si nous allions en finale de Coupe de France et que nous étions sur le podium de la Ligue 1, il y aurait à ce moment-là une reconduction automatique de deux ans du contrat de Bruno. Je considère qu’il fait du très bon travail. »

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Cette élimination a-t-elle repoussé ou carrément annulé la prolongation ?

Jean-Michel Aulas n’a pas été avare en éléments de langage pour nous faire comprendre que la prolongation quasiment actée de Bruno Genesio avait subi un sérieux coup d’arrêt mardi. Voici quelques morceaux choisis :

  • « Je ne peux que constater cette immense déception chez les dirigeants, le staff, mais aussi, vous l’avez entendu, chez les supporters. » Comprendre que le ras-le-bol des deux virages, dont sont sortis de francs « Genesio démission » en fin de rencontre, pourrait avoir un rôle, dès samedi (17 heures) contre Dijon.
  • « Je remercie Bruno d’avoir joué le jeu depuis le début dans la discrétion. C’est le plus malheureux, il a comme moi l’institution dans la peau. Il a des bonnes performances mais il est aussi respectueux des engagements qu’on s’était donnés. On prendra une décision en fin de saison. » Bon, pour la discrétion, ça sent le potentiel troll au vu du sourire de Bruno Genesio vendredi dernier au micro de Canal + Sport. Concernant la suite, il tient à se montrer réglo aux yeux du grand public quant à ce report de décision.
  • « Les choses ne se sont pas passées comme on l’espérait donc on va rester en l’état. Je suis catastrophé non seulement de la performance de nos joueurs mais aussi de ne pas pouvoir vous annoncer ce qu’on avait prévu. » Depuis trois ans et demi et l’arrivée de Bruno Genesio sur le banc, JMA a rarement adressé un tel tacle envers son équipe.

Le tout avant d’enchaîner une tirade à même de redonner espoir aux anti-Genesio, expliquant que son entraîneur « pourrait être (et non qu’il serait) prolongé » en cas de qualification en Ligue des champions. Ça sent quand même la fin de l’aventure, de la suggestion d’aller voir ailleurs à la référence au professionnalisme à garder, même quand on arrive en fin de contrat.

« La prolongation n’est pas totalement écartée mais on tiendra encore plus compte des résultats. Bruno pourrait être prolongé mais il peut aussi s’en aller et ne pas répondre aux propositions qu’on pourrait lui faire. C’est une histoire qui sera fondamentalement différente de ce qui avait été prévu et j’en suis personnellement catastrophé. J’ai aussi une conscience. Je sais que Bruno a cette force de caractère qui va lui permettre de jouer le jeu jusqu’au bout mais c’est dommage que ça se passe comme ça. » »

Comment Bruno Genesio a-t-il vécu cette fin de soirée maudite ?

Une frappe victorieuse du défenseur rennais Ramy Bensebaini (2-3, 81e) et tout s’écroule. C’est ce qu’a pu ressentir mardi Bruno Genesio, victime de la surréaliste politique sportive de Jean-Michel Aulas, qui pousse à l’extrême le culte du résultat à court terme pour déterminer un choix clé sur les deux prochaines saisons. L’entraîneur lyonnais a bien failli quitter l’auditorium sans livrer son ressenti sur la situation mardi soir, comme sonné par le verdict présidentiel. « Pour l’instant, je vis la déception de l’élimination, a-t-il assuré. J’ai toujours dit que les intérêts personnels passaient après l’institution, je ne vais pas faire d’exception pour mon cas. Il reste huit matchs de championnat et je vais tout donner pour amener l’équipe à la deuxième place. »

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A l’image de Jean-Michel Aulas avant lui, l’entraîneur lyonnais a fourni au passage un indice, comme s’il songeait à l’après-OL : « Je veux laisser le club dans l’état dans lequel je l’ai trouvé, à savoir qualifié en Ligue des champions. Pour moi, c’est ça le plus important et pas mon cas personnel ». Mais Bruno Genesio semblait encore plus condamné/résigné, il y a à peine plus d’un an, après l’étonnante élimination à domicile en 8es de finale de Ligue Europa contre le CSKA Moscou (2-3). Derrière, son équipe avait conclu la saison en arrachant la Ligue des champions, avec huit succès sur les neuf derniers matchs.

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Le vestiaire est-il vraiment derrière Bruno Genesio ?

C’est évidemment l’un des mystères du foot : les joueurs peuvent-ils se transcender pour sauver leur entraîneur ou au contraire le lâcher ? Juste après cette soirée galère, seuls deux Lyonnais se sont arrêtés devant les médias. « Vous me l’apprenez », ont-ils répondu lorsqu’on a évoqué avec eux le report de la décision de JMA. Anthony Lopes s’est une nouvelle fois posé en soutien absolu de Bruno Genesio : « On va continuer à se battre pour aller directement dans la plus belle des compétitions via la deuxième place en L1. Tout le monde a envie que Bruno reste mais la décision ne nous appartient pas. »

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Peu utilisé en début d’année, Lucas Tousart adopte une posture bien moins tranchée, le tout dans un sourire gêné : « Ça regarde le président et le coach. C’est peut-être logique d’attendre avec toutes les échéances qu’on a. Moi, c’est mon coach, il m’a beaucoup appris. Mais c’est le président qui décide, c’est comme ça, ce ne sont pas les joueurs. » En passant au travers mardi, ils ont en tout cas réussi l’exploit de totalement chambouler les plans de leur président pour la saison prochaine.