Barcelone-OL: «Il crée sans cesse des gestes»… Pourquoi Rayan Cherki est l’un des plus grands «surdoués» formés à Lyon
FOOTBALL•Le milieu offensif de 15 ans Rayan Cherki sera l’une des grandes attractions du premier quart de finale de Youth League de l’histoire de l’OL, ce mardi (18 heures) à BarceloneJérémy Laugier
L'essentiel
- Pour la première fois de son histoire, l’OL s’est qualifié pour les quarts de finale de la Youth League (en U19), avec au programme un remake du 8e de finale de Ligue des champions à Barcelone, ce mardi (18 heures).
- Dans les rangs lyonnais, outre les professionnels Oumar Solet, Maxence Caqueret et Amine Gouiri, la principale curiosité viendra du très prometteur milieu offensif Rayan Cherki, âgé de seulement 15 ans.
- 20 Minutes vous fait découvrir ce phénomène grâce à ses formateurs en U15 et U17 à l’OL, Cyrille Dolce et Pierre Chavrondier.
Ce n’est sans doute pas la dernière fois que Rayan Cherki fera sauter un record de précocité. Le 19 septembre, le milieu offensif lyonnais est devenu, à 15 ans et 33 jours, le plus jeune buteur de la Youth League, et ce à Manchester City (1-4) tant qu’à faire. Un premier coup d’éclat dans une épreuve faisant figure de Ligue des champions des U19. Au sein d’un effectif de l’OL riche en très jeunes et prometteurs milieux créatifs, avec Titouan Thomas (17 ans) et Florent Da Silva (16 ans ce mardi), il sera LA star en devenir observée par toute l’Europe pour le prestigieux quart de finale à Barcelone, ce mardi (18 heures).
Arrivé de Saint-Priest dès l’âge de 7 ans, Rayan Cherki est annoncé depuis très longtemps comme le talent le plus éclatant de la formidable académie. « Il me rappelle Hatem Ben Arfa », a même avoué en début de saison Bruno Genesio à son sujet sur Téléfoot. « Je le vois un peu comme un extraterrestre dans le sens où il fait basculer de nombreux matchs avec des gestes techniques qu’on ne connaît pas », indique Cyrille Dolce, son formateur en U15.
« Il tente la roulette car il aime le foot, pas pour chambrer »
Celui-ci a notamment été bluffé par « un but inscrit à Saint-Genis-Laval avec un enchaînement feinte de frappe et roulette de Mariot sur le gardien » (mais si, souvenez-vous Javier Pastore à Metz). Le type de dribbles incroyables qu’on est censé voir une fois par saison, mais que Rayan Cherki envisage, et surtout réussit, très souvent. « Oui, c’est un geste qui est dans son dictionnaire, confie Cyrille Dolce. Il le tente car il le maîtrise et qu’il aime le foot, pas pour chambrer. Tout est facile pour lui. Il est plein d’incertitudes dans son jeu, avec son immense variété de dribbles et de feintes. Par exemple, je n’ai jamais su quel était son pied fort. »
Un casse-tête incessant pour les adversaires de l’OL qui n’ont pas eu à se coltiner longtemps le phénomène en U15. Cyrille Dolce ne l’a ainsi eu dans son groupe en pré-formation que d’août à novembre 2017, avant qu’il ne rejoigne les U17 à seulement 14 ans. Là, son entraîneur Pierre Chavrondier assure « avoir essayé de prendre le temps » avec Rayan Cherki. Mais après s’être montré décisif à moult reprises, comme dans un derby où il a endossé le costume de joker de luxe pour inscrire le but de la victoire (2-1) en février 2018, il file en U19 en fin de saison passée.
« On ne sait jamais ce qu’il va faire quand il reçoit le ballon »
Pierre Chavrondier est donc lui aussi vite tombé sous le charme : « Rayan crée sans cesse des gestes. On ne sait jamais ce qu’il va faire quand il reçoit le ballon. A partir du moment où c’est efficace, pourquoi s’en priver ? » Auteur d’un récital face à l’Ajax Amsterdam en 8es de Youth League (2-2, 6-5 aux tirs au but), Rayan Cherki cache bien ses défauts. « C’est un joyau brut et il doit encore épurer son jeu et développer son altruisme, son lien aux autres, glisse tout de même Cyrille Dolce. Mais attention, Rayan est productif pour l’équipe et pas pour lui. Et il répond de plus en plus présent dans les transitions défensives. »
Pierre Chavrondier pointe « un manque de rigueur tactique » comme principal axe de progression. « Mais on a tendance à être moins exigeant avec lui sur le repli défensif au vu des différences qu’il fait », constate-t-il. Cette saison, ce rafraîchissant artiste s’entraîne principalement avec le groupe Pro 2 (National 2) avant de « redescendre » avec les U19 pour le championnat national et la Youth League. La semaine passée, durant la trêve internationale, il a même connu ses premières séances avec le groupe de Bruno Genesio.
Jean-Michel Aulas très confiant pour le conserver
Le rendez-vous est pris, et ses débuts professionnels pourraient bien être aussi supersoniques que ceux de Willem Geubbels la saison dernière, à 16 ans et 38 jours. Sans l’exil de Lyon qui suit, malgré des sollicitations de nombreux grands clubs européens ? « On fait des programmes très personnalisés de formation et de contrat qui permettent d’envisager l’avenir [il faut avoir 17 ans pour parapher son premier contrat pro], expliquait en février Jean-Michel Aulas. Il n’y a rien de signé mais je suis très confiant car j’ai confiance dans la famille Cherki. » En attendant, l’intéressé hausse son curseur à chaque nouveau niveau découvert, ce qui rassure Cyrille Dolce.
« « Quand on a un surdoué, il faut s’interroger sur la catégorie où il est le mieux. Il a pris une carrure lui permettant de tracer son chemin, y compris au plus haut niveau U19 en Youth League. Il y a beaucoup de buzz autour de lui mais ça n’a pas l’air de trop le parasiter pour le moment. Il faut qu’il garde sa passion pour le foot. » »
« Quand on le voit, on aime le foot »
Pierre Chavrondier ne semble pas inquiet de ce côté-là : « Rayan arrive toujours en avance à l’entraînement pour taper dans la balle, c’est un amoureux du foot et quelqu’un de bien. Il parvient à ne pas se mettre de pression. » Au point de tenter ce mardi sa petite roulette de Mariot face au grand Barça avec la même décontraction que pour un 32e de finale de Coupe Gambardella à Brétigny (0-2) ?
Ce jour-là, Rayan Cherki avait fait lever les foules adverses. A sa sortie du terrain, les supporters de Brétigny l’avaient même applaudi, tout en lui réclamant son maillot. Une scène aussi rare que le talent du gaillard. Car comme le glisse Cyrille Dolce, « quand on le voit, on aime le foot ».