«Le timing n'est pas bon du tout!» L'OM a-t-il les moyens de virer Garcia?

Marseille: «Le timing n'est pas bon du tout...» L'OM a-t-il les moyens de virer Rudi Garcia?

FOOTBALLUn départ de Rudi Garcia coûterait très cher à l'OM de Frank McCourt, car l'entraîneur olympien vient de prolonger son contrat...
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Le probable licenciement de Rudi Garcia pourrait coûter extrêmement cher à l'OM.
  • L'entraîneur marseillais a en effet été prolongé fin octobre. Frank McCourt devra donc lui payer 30 mois de salaire s'il décide de se séparer de son entraîneur.

Deux sur douze. Nous ne sommes pas dans le secret de la comptabilité de l'OM. Et on sait que les encravatés du service contentieux jonglent avec des chiffres bien plus impressionnants. N’empêche. Au moment de virer Rudi Garcia, les dirigeants pourront pointer ce famélique bilan : depuis qu’il a été prolongé, fin octobre, l’entraîneur de l’OM n’a remporté que deux petits matchs, en douze sorties. Sa prolongation, malédiction, sur le plan sportif, est un sacré bouclier pour le technicien. Il est en position de force, ces jours-ci, alors qu’il est critiqué de toute part.

« Le timing n’est pas bon du tout pour l’OM, pointe Gautier Kertudo, avocat en droit du travail et droit du sport. Sur le plan économique, cela pose un gros problème pour le club, qui va devoir régler à Rudi Garcia 30 mois de salaire pour rompre son contrat. » En France, les entraîneurs signent en effet des « CDD ». Celui de Rudi Garcia n’arrive à échéance qu’en juin 2021. Avec un salaire estimé aux alentours des 250.000 euros mensuels, l’entraîneur marseillais peut donc prétendre, au minimum, à 7,5 millions d’euros d’indemnités de départ.

Un staff pléthorique

« Il peut en plus demander des dommages et intérêts en disant que cela porte atteinte à sa carrière », rappelle maître Kertudo, du cabinet Barthélémy. De nombreux spécialistes de ces dossiers estiment que l’affaire pourrait coûter entre 10 et 12 millions à l’OM. Car si Jacques-Henri Eyraud se sépare de Rudi Garcia, il faudra peut-être aussi indemniser ses (nombreux) adjoints, que l’ancien Lillois a progressivement fait venir à Marseille : les inséparables sidekicks Fred Bompard et Claude Fichaux, mais aussi Stéphane Jobard et l’équipe de préparateurs physiques, autour de Paolo Rongoni.

Petite infographie maison du staff de l'OM (merci Paint).
Petite infographie maison du staff de l'OM (merci Paint). - J. Saint-Marc / 20 Minutes

« En France, les entraîneurs sont bien protégés par le droit du travail, rappelle Raymond Domenech. Le club est obligé d’annoncer une faute grave, mais la jurisprudence de la Cour de cassation considère que l’absence de résultats sportifs ne peut être considérée comme une faute grave. » Pour le président de l'Unecatef (Union nationale des entraîneurs et cadres techniques professionnels du football), « la question des adjoints pose en revanche un vrai problème. » Raymond Domenech développe :

« Les entraîneurs viennent avec leur staff, qui en général part quand l’entraîneur est démis de ses fonctions. Mais dans ce cas, ce sont les adjoints, et non le club, qui résilient les contrats. Ils n’ont donc pas automatiquement droit à des indemnités. Mais tout est négociable ! » »

Tout peut, aussi, être contesté devant le conseil des prud’hommes. Par exemple si Rudi Garcia, qui aurait signé en octobre une clause de résultats, était licencié pour résultats insuffisants. Là encore, les juristes de l’OM devront jouer fin. « Une qualification européenne, par exemple, n’est pas uniquement liée à l’activité de l’entraîneur, reprend Gautier Kertudo. Le coach peut toujours plaider que l’actionnaire n’a pas recruté des joueurs suffisamment talentueux ! »