Shakhtar-OL: «Un joli moment de légèreté»…L’épisode «Zorro» a-t-il fait de Paulo Fonseca une légende en Ukraine?
FOOTBALL•Il y a tout juste un an, l'entraîneur du Shakhtar Donetsk, Paulo Fonseca avait surpris toute l'Europe en battant Manchester City, et surtout en se déguisant en Zorro dans la foulée...Jérémy Laugier
L'essentiel
- Paulo Fonseca et le Shakhtar Donetsk vont devoir battre l’OL ce mercredi (21 heures) pour se qualifier pour les 8es de finale de la Ligue des champions.
- Arrivé en 2016 en Ukraine, l’entraîneur portugais avait réussi pareille performance la saison passée, grâce notamment à un succès mémorable contre le Manchester City de Pep Guardiola (2-1).
- Une performance ponctuée par un défi relevé : se déguiser en Zorro, son héros d’enfance, en conférence de presse.
- Cette scène a fait le tour de l’Europe et reste encore dans les têtes de tous en Ukraine, un an plus tard.
De notre envoyé spécial à Kiev,
Difficile de trouver plus antinomique qu’une conférence de presse de football funky. Vous allez spontanément nous citer en contre-exemples le bazar mis par les Bleus champions du monde sur l’estrade occupée par Didier Deschamps l’été dernier ou encore les quelques sorties piquantes de José Mourinho. Mais il y a un an, un autre entraîneur portugais s’est distingué d’une façon autrement plus insolite. Fan depuis l’enfance du personnage de Zorro, Paulo Fonseca s’est lancé dans un drôle de pari, notamment avec le manager du Shakhtar, Vitaliy Khlivnyuk.
En cas de qualif' du club ukrainien pour les 8e de finale de la Ligue des champions, il se déguiserait en Zorro devant les médias. Dans une poule relevée avec Manchester City, le Napoli et Feyenoord, les Mineurs ont réussi leur coup avec à la clé un succès de prestige contre les Cityzens de Pep Guardiola (2-1), le 6 décembre 2017. Et donc une apparition lunaire avec masque, chapeau et cape du coach de 45 ans, transformé en Zorro tout sourire.
« Les médias de toute l’Europe ont parlé du Shakhtar comme jamais »
Un an plus tard, alors que se présente un autre match crucial ce mercredi (21 heures) face à l'OL, quel impact a eu ce moment de grâce de Paulo Fonseca sur son parcours et son image en Ukraine ? « Ça nous a tous beaucoup amusés, indique Dmytro Koval, journaliste pour la chaîne CTC. Il a très souvent été question par la suite de ce que pourrait être son prochain masque en cas de nouvel exploit. Surtout, grâce à cet épisode, les médias de toute l’Europe ont parlé du Shakhtar comme jamais, presque plus qu’après la victoire en Coupe UEFA du club en 2009. »
Et au vu du lourd contexte entourant le champion d’Ukraine, obligé d’évoluer loin de sa Donbass Arena de Donetsk depuis 2014, ce coup de projecteur positif n’était pas de trop. « C’était un vrai joli moment de légèreté, confirme Petro, supporter du Shakhtar. Le football doit avant tout apporter plaisir et divertissement, ce qui est trop souvent oublié tant ce jeu peut être pris trop sérieusement. Qui sait, peut-être qu’il sortira le masque à nouveau ce mercredi. »
« Je ne m’attendais pas à ce que cette blague ait un tel impact »
Comme quoi, en Ukraine, cette histoire s’est à peine tassée depuis un an. « C’était juste une blague à l’époque et je ne m’attendais pas à ce que ça ait un tel impact », a reconnu il y a peu l’intéressé. La continuité de son travail, marqué par deux titres de champion, deux Coupes d’Ukraine, et donc un 8e de finale de Ligue des champions perdu de peu face à l’AS Roma, dépasse largement l’épiphénomène Zorro.
« Cet épisode l’a quand même aidé à se faire un nom en Europe, car ce n’était pas facile de succéder à une icône du club comme Mircea Lucescu [entraîneur de 2004 à 2016], estime Demetrio, un fidèle supporter des Mineurs. On se posait des questions sur les limites de Paulo Fonseca en Ligue des champions et il a su nous faire mentir ce jour-là. »
« Aujourd’hui, trop peu d’équipes essaient de jouer »
Et surtout, il continue de prôner avec réussite un jeu de possession léché, qui a totalement dérouté l’OL pendant plus d’une heure au match aller (2-2 après avoir mené de deux buts). Ouvertement plus proche de Pep Guardiola que de José Mourinho, l’ancien coach du FC Porto et de Braga présentait sa philosophie du foot, mardi dans L’Equipe.
« Il est possible, même avec moins d’argent que Guardiola à City, d’au moins essayer de jouer, assure-t-il. Aujourd’hui, trop peu d’équipes essaient de jouer. Quand je ne croirai plus à ça, je ferai une pause et je réfléchirai à la suite que je veux donner à ma carrière. » Un discours rafraîchissant à souhait et presque à contre-courant en 2018. Vainqueur, le sera-t-il à chaque fois ?