FOOTBALLOusmane Dembélé est-il en train de mal tourner au Barça?

Equipe de France: Retards, hygiène de vie, dilettantisme… Ousmane Dembélé est-il en train de mal tourner au Barça?

FOOTBALLDepuis son arrivée en Catalogne, Ousmane Dembélé n’a pas toujours un comportement irréprochable…
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Après un très bon début de saison avec le Barça, Ousmane Dembélé semble retomber dans ses travers et ses performances s’en ressentent.
  • Au club, le comportement peu adapté aux exigences du football de haut niveau agace de plus en plus.
  • Pourtant, ceux qui l’ont connu à Rennes ne dépeignent pas du tout le même portrait du joueur.

Il existe une règle simple dans le football : plus votre nom est cité dans les médias, mieux c’est pour votre carrière, si et seulement si ces discussions tournent autour de vos performances de haute volée. Dans le cas contraire, soit c’est le cirque sur le terrain, soit vous déconnez grave en dehors. Dans les deux cas, ça pue. Et c’est justement ce qui est en train de se produire avec Ousmane Dembélé.

Depuis plusieurs jours, tout le monde ne parle que de lui du côté du Barça, mais plus pour son comportement hors des pelouses que pour ses crochets et ses frappes sous la barre. Les derniers écarts en date ? Un silence radio d’une heure et demie alors qu’il ne s’était pas pointé à l’entraînement à cause d’une gastro et que le Barça commençait à s’inquiéter, et un retard au moment de se présenter en tribune pour y suivre le match contre le Betis.

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Ces écarts sont arrivés sur la table à Clairefontaine dans le cadre du rassemblement de l’équipe de France et ont poussé Didier Deschamps à réagir : « Il est un peu coutumier du fait par rapport à certains retards. Il va certainement dire qu'il n'est pas le seul mais il doit être un peu plus attentif. C'est un joueur qui a connu beaucoup de choses malgré sa jeunesse. Je ne désespère pas qu'il prenne conscience qu'il doit améliorer ces aspects-là. C'est une situation qui peut se répéter. Il doit comprendre cela le plus tôt possible. »

Histoire de tâter le terrain et de voir dans quelle mesure ces écarts agacent le Barça, on a appelé Juan Irigoyen, un confrère d’El Pais bien informé sur le club catalan. Le verdict tombe, brutal :

« Le club commence vraiment à en avoir marre de son comportement, de ses écarts qui se répètent. S’il n’y avait que les dirigeants encore, mais non, le staff, l’entraîneur et les joueurs eux-mêmes ont fini par perdre patience. Ils commencent un peu à se moquer, à ne plus le prendre au sérieux. Ils ont longtemps été patient avec lui, ils lui ont beaucoup parlé, mais aujourd’hui certains commencent à se demander si ça en vaut la peine. Pour comparer, on peut prendre le cas d’Arturo Vidal, qui lui aussi a fait pas mal de conneries en dehors mais qui est un bon gars au quotidien. Au début, Messi appréciait beaucoup Dembélé, mais comme il ne semble pas écouter ses conseils il a fini par lâcher l’affaire. » »

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Le problème avec Dembouz, c’est justement que ça fait un moment que ça dure. Juan Irigoyen dresse la liste : « Les nombreux retards à l’entraînement, le retard un jour de match, le coup de la maladie quand il ne prévient personne au club, l’hygiène de vie, le cuistot français mis à sa disposition pour arrêter de manger n'importe comment, les sorties, les performances en dent de scie, le manque de compréhension des consignes tactiques du coach car il n’y prête pas beaucoup d’attention. Ça fait beaucoup. »

Docteur Jekyll et M.Hyde

Le plus surprenant dans tout ça, c’est qu’après une enquête minutieuse de notre part, on s’est rendu compte que cette image de dilettante ne lui a jamais collé à la peau à l’époque où il faisait ses classes en France du côté du Stade Rennais. C’est bien simple, on a dû appeler la moitié de la population rennaise et pas une seule personne ne nous a parlé de lui en ces termes. Petite compilation des témoignages de ceux qui ont un jour croisé la route du bolide barcelonais dans l’Hexagone.

>> Romaric Bultel, coach de Dembélé au FC Evreux : « Ce n’était pas du tout le même contexte, il était très jeune, c’était un gamin mais on est très loin de ce qui se dit sur lui aujourd’hui. Il arrivait toujours au stade avant les autres. Quand on s’entraînait à 17h45, il sortait de l’école et arrivait directement au terrain une demi-heure avant tout le monde. Je me souviens d’un garçon respectueux, serviable, toujours avec le sourire. »

>> Laurent Huard, coach de la CFA2 du Stade Rennais : « Je suis surpris par ce que j’entends aujourd’hui. Je n’ai pas souvenir du moindre retard de sa part, ni avec nous ni à l’école. C’était un jeune bien organisé. C’était quelqu’un de très calme dans sa vie, quand il n’était pas au foot il restait chez lui tranquille la plupart du temps. Il avait déjà un rythme de vie très professionnel, très cadré : l’école, les entraînements, la maison, c’était sa routine. »

>> Philippe Montanier, coach du Stade Rennais jusqu’en janvier 2015 : « A part cette histoire de bras de fer entre ses conseillers, son agent et le club, je n’ai jamais rien trouvé à redire contre Ousmane. Après, je ne l’ai pas eu longtemps, d’octobre à janvier, mais il n’a jamais fait d’écart. »

>> Rolland Courbis, successeur de Philippe Montanier à Rennes : « C’était un gamin sérieux, passionné, attachant. Bon, il est peut-être arrivé en retard de temps en temps, oui, mais au-delà de ça c’était tout sauf un emmerdeur.

>> Patrick Rampillon, directeur du centre de formation du Stade Rennais : « C’était un super gamin, très attachant, qui était apprécié de tous au club. Je ne peux pas croire que mon Ousmane a changé depuis cette époque. »

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Allo maman bobo

Il n’empêche, entre ce qu’on nous raconte en France et de l’autre côté des Pyrénées, c’est le jour et la nuit. Une sorte de Docteur Jekill et Mister Hyde à la sauce Dembouz. Mais qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’en l’espace de deux ans le sérieux et gentil Ousmane Dembélé se soit transformé en une machine à emmerdes pour le Barça ?

Philippe Montanier accepte de nous mettre sur la piste : « Tout est allé très vite pour lui, il a connu une trajectoire fulgurante. Plus que Kylian Mbappé qui, lui, n’a pas sauté d’étape, c’est peut-être ce qui a manqué à Ousmane, le fait de connaître un peu plus de stabilité en France. Car quand on part si jeune à l’étranger, encore plus dans des clubs aussi huppés que Dortmund ou le Barça, les choses sont différentes à gérer et il faut un cadre familial très resserré, ce qu’il n’a peut-être pas aujourd’hui. »

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La cadre familial, dites-vous ? Intéressant. On creuse. « La présence de sa maman à ses côtés était primordiale dans sa vie. C’est en partie pour ça qu’on n’a jamais eu à noter de signes de mauvaise hygiène de vie, acquiesse Huard. Sans doute qu'elle est moins présente aujourd’hui et ça se ressent un peu. Même si je vois ça de loin, j’ai l’impression qu’il se retrouve un peu dans la situation d’un jeune étudiant qui quitte le domicile familial et qui fait ses premières conneries. »

Durant des dizaines d’années à la tête du centre de formation rennais, Patrick Rampillon en connait un rayon de ce côté : « Quand on gère de jeunes footballeurs, on parle très souvent d’accompagnement. Et il peut y avoir dans l’accompagnement des influences positives et des influences négatives. Aujourd’hui il a peut-être besoin d’être aidé. En 39 ans de carrière dans le milieu de la formation, je peux vous dire que j’en ai vu des gens qui, dans l’entourage, disent toujours «oui» aux joueurs et à l’arrivée leur sont nocifs. »

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« L'entourage de Dembélé lui nuit clairement. Les personnes mises à son service par le Barça ont lâché l'affaire. Sa mère n'aide pas beaucoup non plus, à ce qu'on dit. Les "Tois" (amis, suiveurs) de Dembélé sont pires que ceux de Neymar ».

Cette thèse de l’étudiant Erasmus qui profite de ne plus avoir Môman dans les pattes pour descendre des shots et se déhancher sur du Despacito, semble se confirmer au fil de notre enquête. Un membre de son entourage - qui préfère garder l’anonymat - se montre même très inquiet.

« On a constaté un changement radical chez Ousmane depuis son arrivée à Barcelone, confie-t-il au téléphone. Ça vient très clairement de ses fréquentations. Avant, il avait sa maman à ses côtés et elle savait lui imposer un cadre. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il vit avec son meilleur ami en Espagne et il a beaucoup d’influence sur lui. Alors autant pour son ami ce n’est pas très grave, mais pour Ousmane, qui mène une carrière de haut niveau, ça pose problème. Ce rythme de vie douteux, ça joue sur deux niveaux : l’attitude et le physique. Ce n’est pas anodin s’il n’avait jamais connu la moindre blessure à Rennes, contrairement à aujourd'hui... Son corps est une mécanique de précision, au moindre changement, la machine s’enraye. Il est tombé dans un engrenage et j’espère qu’il saura rattraper ça. »