Mondial 2018: Mbappé en Maréchal Ney, DD en Napoléon... On a revisité la campagne de Russie avec les Bleus (épisode 2, le casting)
FOOTBALL•Avec dans le rôle principal...Nicolas Camus (avec J.L)
Dans le premier épisode, on vous racontait l'histoire de la Campagne de Russie de Napoléon revisitée au gout des Bleus. Si vous avez raté ce chef d'oeuvre, on vous invite à le relire de toute urgence. Cette fois, on s'attaque au Casting de cette production XXL, toujours avec l'aide de François Houdecek, responsable de l’édition de la correspondance de Napoléon (15e et dernier volume terminé en mai).
De notre envoyé spécial à Istra, non loin de Moscou la belle,
Au casting de « Campagne de Russie 2 », le (mauvais) remake
Kylian Mbappé est Michel Ney
FH : « Il est à la fois un fin tacticien et quelqu’un de très emporté, capable du meilleur comme du pire. »
Surnommé « le brave des braves » par Napoléon, Ney est décisif pendant la phase offensive de la campagne, lors des terribles batailles frontales de Smolensk et de la Moskova. Pendant la retraite, il est chargé de retenir l’adversaire à l’arrière. Il parvient à rejoindre Napoléon malgré le harcèlement des cosaques, grâce à beaucoup d’audace et de courage. Malheureusement, sur la fin, son indécision lors de deux batailles décisives empêche l’Empereur de remporter des affrontements capitaux.
>> Capable de faire des différences tout seul, de faire jouer les autres et de marquer, le jeune attaquant du PSG est un des hommes de base de Deschamps en Russie. A droite, à gauche, dans l’axe, il se démène pendant toute la compétition sur le front de l’attaque, multiplie les courses, les appels. Il se montre décisif face au Pérou et à l’Espagne, même s’il se montre parfois trop gourmand. Ça a malheureusement coûté cher contre l’Angleterre en demie.
Hugo Lloris est Jérôme Bonaparte
FH : « Il va essayer de ménager ses troupes, mais justement ne va pas agir assez rapidement. Inconséquent, il va manquer d’à-propos dans les débuts de la campagne, ce qui sera la cause de tensions avec Davout. »
Jérôme Bonaparte a toute la confiance de son frère malgré une gestion du royaume de Westphalie calamiteuse et une certaine indécision lors de la bataille de Smolensk, où il manque de clairvoyance au moment d’emporter la mise, permettant aux Russes de réussir leur retraite. Rétrogradé par Napoléon, il rentre en Allemagne, vexé.
>> Capitaine des Bleus incontesté et relais de DD, Lloris entame sa Coupe du monde en lisant avec étonnement des papiers s’interrogeant sur sa capacité à être décisif. Ça ne manque pas, il se troue face au Pérou, ou une incompréhension avec Kanté permet à Guerrero d’égaliser. Les Bleus l’emportent quand même, mais le coup est passé près. « Peut-être que si Hugo n’avait pas envoyé de lettre à la Fifa, Guerrero n’aurait pas été là pour pousser le ballon au fond », balance Kanté alors qu’on s’attendait juste à un sourire et des excuses. Vexé, Lloris abandonne son brassard et bientôt son poste, quand DD le remplace par Mandanda pour la séance de TAB face aux Anglais. Une décision de plus qui ne tourne pas comme il faut.
N’Golo Kanté est Louis Nicolas Davout
FH : « C’est un Maréchal très posé, qui fait régner une discipline de fer dans son corps d’armée. Ce dernier est considéré comme le meilleur après la garde impériale. »
Le meilleur tacticien aux ordres de Napoléon. Davout est le seul maréchal de l’Empire à être resté invaincu au cours de sa carrière militaire. Fiable, il assure le commandement de l’arrière-garde de l’armée lors de la retraite sans jamais fléchir. Contraint de se replier à cause de la défaite de ses camarades, il ne déposera les armes qu’après avoir reçu la confirmation officielle de l’abdication de Napoléon.
>> Fidèle à lui-même, Kanté passe le Mondial à ratisser tout ce qui bouge au milieu de terrain. Ses replis défensifs sont un régal, et il ne supporte pas que ses coéquipiers puissent faire la moindre erreur. Discret et mesuré, il explose, pour une fois, face à Lloris après le Pérou. Suspendu en quarts, il maîtrise les Anglais à lui tout seul en demie, mais assiste à la défaillance des siens lors des tirs au but. Rien à ne lui reprocher sur cette campagne.
Paul Pogba est Joachim Murat
FH : « C’est quelqu’un de flamboyant, un extraordinaire meneur d’hommes, mais qui a du mal à avoir une gestion moderne et durable de ses ressources. Il y aura en fin de campagne de fortes perturbations entre lui et Napoléon. »
Le 5 décembre 1812, Napoléon décide de quitter l’Armée pour aller en réorganiser une nouvelle et préparer la campagne de 1813. Il la confie à Murat, qui quelques jours après, une fois Niemen passé, passe le commandement à Eugène de Beauharnais. Cela restera un grand grief entre les deux hommes, même si le roi de Naples revient le temps de donner une dernière victoire à la cavalerie française à Dresde en 1813, sans empêcher l’abdication de son beau-frère.
>> Critiqué en préparation, Pogba retrouve tout son panache lors de la phase de poule, où son combo elastico-sombrero-manuchao-patate en lulu contre l’Australie passe en boucle pendant 72h sur les télés du monde entier. Brillant balle au pied, le Mancunien oublie parfois ses tâches défensives dans la durée, ce qui conduit le staff à le remplacer par Steven N’Zonzi en 8e de finale. Pogba retrouve sa place en demie, mais quitte ce Mondial frustré pour n’avoir pas été entendu par DD. Le Ballon d’Or n’est pas encore pour cette année.
Olivier Giroud est Eugène de Beauharnais
FH : « C’est le fils adoptif de l’Empereur, et donc un fidèle parmi les fidèles. Il suit à la lettre tout ce que dit Napoléon. »
Après le départ de Napoléon pour Paris et la fuite de Murat, c’est lui qui ramène avec brio les restes de la Grande armée jusqu’à faire sa jonction avec les nouvelles troupes en Saxe, malgré les attaques répétées de la nouvelle coalition. Après l’abdication de Napoléon, il perd son trône en Italie et trouve asile en Bavière. Il n’aura plus aucun rôle politique.
>> Evidemment titulaire à l’entame de la compétition, Giroud fait comme d’habitude : il plante. Efficace, utile pour Griezmann, Mbappé et Dembélé qui gravitent autour de lui, il est le plus régulier des Bleus. A quelques centimètres près, il offrait même la qualification pour la finale face à l’Angleterre. Il prend la parole au retour en France pour défendre Deschamps, à qui il doit sa carrière internationale. Celle-ci se termine avec la nomination de Zidane, qui fait de la place pour le grand retour de Benzema.
Guy Stéphan est Louis-Alexandre Berthier
FH : « C’est le major général de la Grande armée, donc le numéro 2. C’est lui qui transmet les ordres et gère toute la logistique. »
Moins connu, peu doué pour assurer lui-même le commandement sur le champ de bataille, il est toutefois indispensable. Durant l’avancée vers Moscou, il tente de prévenir Napoléon qu’il est dangereux d’aller plus loin dans ces conditions, que l’armée est fatiguée, que les bases sont trop lointaines. Cela va mal passer auprès de l’Empereur. Les discussions sont vives, le couple Napoléon-Berthier ne va plus se parler pendant quelques jours. Berthier reste tout de même jusqu’au bout aux côtés de l’Empereur, mais se rallie à Louis XVIII une fois l’abdication prononcée.
>> Le bras droit de Deschamps depuis toujours sent bien que quelque chose se trame. Les Bleus avancent, mais quelques détails le chiffonnent. Il avait alerté le coach sur la nécessité de garder Tolisso au frais contre le Danemark à cause des cartons. Même chose pour Mendy, dont le contrecoup après son retour commençait à affleurer. DD ne l’a pas écouté, et ne le fera pas non plus contre l’Angleterre à propos du repositionnement tactique de Pogba. Pour la première fois entre eux, le ciment se fissure. Stéphan n’aura pas un mot contre son numéro 1, mais cela ne l’empêchera de rempiler pour un nouveau cycle, aux côtés de Zidane.
Bonus: La partie de l’histoire à laquelle vous avez échappé
Le 6 novembre 1812, alors que Napoléon est en pleine retraite, le général Malet tente un coup d’Etat. Il fait croire que l’Empereur est mort et réussit à prendre le pouvoir quelques heures, avant que la supercherie ne soit dévoilée. On aurait pu imaginer Adrien Rabiot prendre Versailles et gouverner avec Véronique en régente. Mais c’était peut-être un poil trop. Quoique…