OM: Sanctionnés, les Yankee contre-attaquent... Et cherchent, un peu en vain, le soutien des autres supporters
FOOTBALL•Le responsable des Yankee, Michel Tonini, veut poursuivre l'Olympique de Marseille en justice...Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Le groupe de supporters des Yankee a été sanctionné par l'OM : il n'est plus officiellement reconnu par le club.
- Les Yankee envisagent de porter l'affaire en justice.
Un bout de papier jauni, un titre de conte : « Il était une fois les Yankee. » Une page arrachée à La Provence décore la porte d’entrée du local du groupe, dans l’hyper-centre de Marseille. Les Yankee appartiennent-ils au passé ? Après avoir appris lundi, par huissier, que son groupe de supporters n’était plus reconnu par l'OM, Michel Tonini a passé la journée de mardi en réunion, avec l’aréopage du groupe et avec ses avocats.
« On a établi une stratégie. Mais il est trop tôt pour la dévoiler », lâche le patron de l’association, qui refuse donc, pour l’heure, de dire si une plainte a été (ou va être) déposée contre l'OM. Fatigué mais volubile, il embraye sur son expression favorite : « C’est le début d’un plan Leproux à Marseille, l’objectif c’est de se débarrasser des associations de supporters. » Une expression martelée depuis lundi soir, depuis ce communiqué assassin contre le « pseudo bobo parisien » Jacques-Henri Eyraud.
Une tentative « un peu démagogique de rassembler les autres groupes autour d’eux », estime Sébastien Louis, spécialiste du supportérisme radical* : « Ce n’est absolument pas comparable avec le plan Leproux ! Il n’y a pas de dissolution de l’association. »
« On paye et ils font du business sur notre dos »
Les Yankee se retrouvent seulement privés de la distribution des abonnements, des places… Et des revenus qui vont avec. « On paye et ils font du business sur notre dos », s’agace Nicolas, 25 ans, abonné depuis l’enfance chez les Yankee. L’affaire des faux billets distribués par des membres du groupe lors d’ OM-Lyon, puis celle du tifo financé par Netflix ont été « les gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase », lâche le jeune homme. Fataliste, il cherche désormais un nouveau groupe auprès duquel s’abonner :
« C’est très grave ce qu’ils ont fait… Mais avec mon père, ça ne nous a même pas étonnés. Ça fait plusieurs saisons qu’on veut partir. Il y a des tensions entre les membres, sans cesse des débuts de bagarre. Et les capos n’arrivent pas à mettre l’ambiance… Donc ils s’énervent, ils insultent les anciens parce qu’ils ne chantent pas. J’ai entendu plusieurs fois des menaces : “On va venir et vous ne pourrez plus vous lever !” » »
Des menaces proférées par des « brebis galeuses », répond Michel Tonini. Il reconnaît que le groupe est en perte de vitesse : il comptait 5.000 abonnés il y a deux ans, contre 3.000 aujourd’hui. « La direction s’attaque aux Yankee parce qu’on est fragilisés », reprend Tonini, qui a succédé à son frère Lionel à la tête du groupe, fondé par leur mère.
Fragilisés… Et isolés : aucun groupe de supporters n’a officiellement communiqué son soutien, alors que les Fanatics, sanctionnés par l’OM après l’affaire Evra, avaient été soutenus un peu partout dans le stade. « Eyraud a instauré une espèce de climat de terreur », estime Michel Tonini, forcé de reconnaître que ce président qu’il déteste désormais est un fin stratège : « Le temps de la justice joue pour eux. Peut-être qu’on gagnera… Mais dans deux ans ! »
* Professeur à l’Ecole européenne de Luxembourg, Sébastien Louis est l’auteur du livre Ultras, les autres protagonistes du football, Mare et Martin, 2017.