OM: Autopsie d'un effondrement... Comment la section féminine de Marseille a coulé
FOOTBALL FEMININ•Quatrièmes de D1 l’an dernier, les Marseillaises sont cette année reléguées en D2, après avoir gagné seulement trois petits matchs de championnat cette saison…J.S.-M.
L'essentiel
- L'OM redescend en D2, deux ans après sa montée.
- Le président Jacques-Henri Eyraud pointe des «erreurs de recrutement.»
- L'entraîneur Christophe Parra déclare à 20 Minutes vouloir poursuivre sa mission et faire remonter la section féminine en D1.
Un ciseau à bout portant. L’OM a encaissé son 47e but de la saison, ce dimanche, dans les Côtes-d’Armor. Pas le plus vilain. Ce but inscrit par Guingamp (1-0) ne changera rien au destin des Olympiennes, condamnées depuis longtemps à la relégation. Il n’améliorera pas le moral de Christophe Parra, entraîneur d’une équipe qui n’a remporté que trois matchs de championnat (pour seize défaites et trois nuls). « Il y a beaucoup de regrets, beaucoup d’amertume, beaucoup de déception », égrène-t-il, auprès de 20 Minutes.
On aurait bien aimé diagnostiquer avec lui ce long naufrage, un an après une saison exceptionnelle, où l’OM, promu en D1, avait terminé au pied du podium. Parra avait alors été élu meilleur entraîneur de la saison. Mais pas le meilleur client en interview. Comme « il faut toujours faire attention à ce qu’on dit à chaud » l’entraîneur marseillais attendra de rencontrer ses dirigeants avant d’esquisser le moindre bilan. Des dirigeants avec qui « il n’a pas assez communiqué », reconnaît-il.
« L’erreur fait partie de l’apprentissage »
Jacques-Henri Eyraud a déclaré en conférence de presse qu’il fallait « tirer des enseignements de cette saison » et a pointé « des erreurs de recrutement. » Mais l’entraîneur qui a mené l’équipe féminine de la cinquième division à l’élite (en six ans) ne se sent pas menacé : « Ce n’est pas mon analyse. On est dans un monde où l’échec se paie cash, mais l’erreur fait partie de l’apprentissage », lâche Parra, un peu agacé. Il refuse d’évoquer une « fin de cycle », martèle « qu’il y a sept ans, il n’y avait rien ». Et glisse que les U19 de l’OM ont disputé (et perdu) la finale du championnat de France excellence, ce dimanche. « On continuera à s’appuyer sur notre formation », conclut Christophe Parra, qui parle toujours de l’OM au futur.
« Avec toute l’amitié et le respect que j’ai pour Christophe, je pense qu’il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire, assure Philippe Serve, suiveur (et supporter) assidu de la section féminine de l’OM. Par rapport à toute la progression depuis des années, cet échec est monumental. Ce qu’ils ont fait cette saison, c’est terrible ! » Un échec dessiné au mercato d’été, diagnostique Serve : « C’est inexplicable. Ils sont allés chercher des joueuses qui n’étaient pas du tout au niveau de la D1 ». Et pendant ce temps, l’excellente gardienne Pauline Peyraud-Magnin partait à Lyon pour cirer le banc, pour un bien meilleur salaire.
Un mercato incompréhensible cet été, inexistant cet hiver
Des mouvements inexplicables cet été, un étrange calme plat cet hiver. Cette absence de renfort a étonné Patrice Lair, bientôt ex-entraîneur du PSG féminin :
« Je pense qu’en faisant venir une ou deux joueuses de standing au mercato d’hiver, elles se maintenaient. Le club aurait dû faire un effort. Sa section féminine mérite mieux ! C’est dommage pour eux, dommage pour le foot féminin : OM-OL, OM-PSG, ça faisait de belles affiches ! » »
« On peut toujours dire qu’on n’investit pas assez, mais le budget était en hausse cette saison », répond Jacques-Henri Eyraud. Il veut rassurer les supporters qui craignent un abandon de l’équipe féminine, à l’image de ses comptes Twitter et Facebook, désertés depuis des mois. « On tient à garder cette équipe féminine, et on y croit », assure Eyraud. La D2 est plus homogène que jamais, mais l’OM se voit vite remonter. Et Patrice Lair aussi : « Elles ne feront que l’aller-retour, j’en suis persuadé. » Un trait d’optimisme qui claque comme un ciseau dans le ciel breton.