SERIEIl y avait quoi d’autre à la télé le 12 juillet 1998?

La Coupe du monde dans nos vies, épisode 26. Vingt millions de Français devant le foot, mais il y avait quoi d’autre à la télé le 12 juillet 1998?

SERIEPenelope Cruz dévêtue, Emmanuel Chain (vêtu), Arsène Lupin...
Bertrand Volpilhac

B.V.

Nous sommes tous un peu la Coupe du monde. Qu’on adore ou qu’on déteste le foot, qu’on le suive régulièrement ou une fois tous les quatre ans, qu’on soit né un soir de juillet 1998 ou trente ans avant, nous avons tous une expérience singulière et collective liée à la Coupe monde. Durant tout le Mondial en Russie, 20 Minutes vous propose de l’explorer chaque jour à travers des témoignages, des interviews, des anecdotes, des jeux, des reportages ou des portraits. Parce que la Coupe du monde, c’est bien plus que juste du foot.

>> Pour revoir toute la série

Aujourd’hui, l’épisode N°26 : Et il y avait quoi d’autres à la télé, le soir du 12 juillet 1998 ?

Pardonne-moi Matthieu parce que j’ai pêché. Salement. J’ai contrevenu à l’unique règle que tu m’avais donnée le premier jour de mon stage à 20 Minutes, un funeste lundi de la fin du mois de mars 2010 : « Ne lis jamais les commentaires ». Tu es parti depuis bien longtemps t’occuper de la politique au Monde et tu ne vas pas être fier de moi : j’ai lu un commentaire. C’était pour la bonne cause : un appel à témoin sur des histoires personnelles liées à la Coupe du monde.

Et plutôt que les trop habituels messages insultants ou méprisants que vous nous offrez cher lecteur, j’y ai trouvé une belle idée de sujet.

Bullshit
Bullshit - 20 Minutes

C’est absolument faux. Mais merci néanmoins Marienbad pour ce commentaire, qui m’a donné envie de vérifier l’état de votre mémoire. Rapide coup de fil au service de presse de Médiamétrie, le capteur d’audience de télé française depuis au moins l’ORTF. Y avait quoi à la téloche le 12 juillet 1998 à part le foot ? « Ça tombe bien, on garde un dossier spécial pour les dates importantes. » Et laissez-moi vous dire que le 12 juillet 98, c’est une date sacrément importante.

Co-diffusé sur TF1 et Canal +, le foot fait 75 % de part d’audience. Bon. Et derrière ?

  • Sur France 2, le film Tess fait 4,6 % de pda, avec 1,2 millions de téléspectateurs
  • Sur France 3, la série Les nouveaux exploits d’Arsène Lupin tapent le 4 % de pda, avec 1,1 millions
  • Sur Arte, le film Jamon Jamon s’en sort avec 2,3 % de pda, 628.000 spectateurs
  • Sur M6, un épisode de Capital spécial « les fortunes du tourisme » récolte 2,5 % de pda avec 680.000 téléspectateurs.

Pour poursuivre cette enquête, on a appelé du monde et regardé beaucoup (trop) de trucs sur YouTube. Trois infos primordiales :

1/Dans Jamon Jamon (Jambon, Jambon), Penelope Cruz pas plus majeure qu’habillée a marqué une génération entière d’adolescents incandescents

a

2/On ne trouve les nouveaux exploits d’Arsène Lupin sur YT que doublés en Russe, et ça perd de son intérêt

3/Emmanuel Chain a une mémoire d’éléphant

Car on s’est évidemment senti obligé d’appeler l’ancien présentateur star de M6. Surtout quand on a appris qu’il s’agissait – évidemment – de la pire audience de l’histoire de son émission. Le souvenir est vivace :

« « Tout le monde savait qu’on allait prendre une claque, on avait pris ça avec beaucoup de philosophie. Un des directeurs de l’antenne avait même dit : "plutôt que d’envoyer Emmanuel au casse-pipe, mettez plutôt la mire". A cette époque-là, M6 se vantait de pas avoir le foot, on avait fait une campagne 0 % foot. C’était une émission d’été, on reprenait des reportages déjà diffusés et on faisait des remix en en changeant l’ordre. On invitait un people pour créer le lien, cette fois si c’était Olivier de Kersauson. Pour être tout à fait honnête, au moment de faire les invitations, je lui avais dit ‘pas de chance, l’émission sera face à la concurrence la plus terrible qu’on puisse imaginer’. Mais c’était une bonne émission bien sympa. » »

Qu’il n’a même pas regardé. Enfin pas lors de sa diffusion. Comme tout le monde, Emmanuel Chain était devant le foot, et même au stade. « Je connaissais l’émission par cœur et je voulais vivre l’histoire ! J’étais au Stade de France à tous les matchs depuis les quarts ».

En revanche, on ne sait pas si Roman Polanski était lui aussi au stade, devant sa télé ou en train de se faire réchauffer un cordon-bleu surgelé. On s’en fout, à vrai dire. A part raconter des inepties sur #Metoo, le réalisateur de Tess ne sert plus à grand-chose. Bref, pour savoir pourquoi France 2 avait choisi ce film de 1979 pour affronter le monstre France-Brésil, on a donné la parole à quelqu’un qui a nettement mieux vieilli, Jean-Pierre Cottet, directeur général de l’antenne de France 2.

« Si vous me demandez ce qu’on a mis ce jour-là comme ça, je ne m’en souviendrai pas, sans doute un truc romantique non ? » lance-t-il en préambule. On lui donne la réponse. « Ah bah voilà ! On avait joué à fond la carte du romantisme pour s’adresser à un public plus féminin. On a essayé de jouer le contre-pied total du foot. C’est un beau film. »

Allociné confirme. Bonne note, mais « pitch » légèrement moins sexy qu’une finale de Coupe du monde avec la France dedans.

Ce pitch... merci Allociné
Ce pitch... merci Allociné - Capture d'écran Allociné

Tess, un choix difficile à faire ? « Oh je crois que ça n’avait pas fait grands débats, répond Cottet, qui a lui aussi regardé le foot ce soir-là, évidemment. Face à la finale de la Coupe du monde avec la France, on aurait pu mettre la mire que ça aurait pas changé grand-chose… »

Ça fait deux fois qu’on l’entend, celle-là. François Dunoyer préfère plutôt le terme « d’abattoir ». L’acteur principal Des nouveaux exploits d'Arsène Lupin se demande encore ce qu’il faisait dans ce bordel.

« « Je croyais que la peine de mort était abolie mais en fait non ! Quand j’ai vu qu’on m’avait diffusé ce soir-là, j’ai dit "ok c’est bon". La diffusion de la série était erratique, ils se sont dits on va essayer, peut-être que ça va marcher… Tu parles. Moi j’étais un poids plume et on m’a sur le ring contre Cassius Clay et allez, débrouille-toi ». »

Respect éternel pourtant à François Dunoyer, car il est le seul à pouvoir se regarder dans la glace aujourd’hui. Enfin, un peu… « J’étais sur la 3 pendant pour voir comment c’était diffusé, puis bon j’ai zappé sur le match. Fallait bien voir ça. » Ouais enfin avec 20 ans de recul, on regrette quand même un peu de pas avoir jeté un œil à ce Capital spécial tourisme. Ça avait l’air chanmé.

>> Demain: L'enfer des jeux de pronostics en entreprise