OL-Nice: Lâché par le virage nord mais «porté en triomphe» par ses joueurs, Bruno Genesio va-t-il rester à Lyon?
FOOTBALL•L'entraîneur lyonnais Bruno Genesio a vécu samedi face à Nice (3-2) une soirée très contrastée, malgré la qualification directe de l'OL pour la Ligue des champions...Jérémy Laugier
L'essentiel
- L’OL a su arracher, via un succès (3-2) contre Nice, son ticket pour la Ligue des champions.
- Sous contrat jusqu’en 2019, Bruno Genesio a été chahuté pour la première fois par le Kop Virage Nord.
- Très marqué par une banderole lui demandant « de tourner la page », l’entraîneur lyonnais a par contre reçu le soutien samedi de ses joueurs, sur la pelouse du Parc OL.
La plupart des supporters de l’OL actifs sur Twitter ne sont pas vraiment les plus grands défenseurs de Bruno Genesio, depuis sa prise de fonction en décembre 2015. Leur dernière fantaisie d’avant match (clé), samedi face à Nice (3-2), a été de créer le hashtag #MerciBruno, comme pour devancer une actualité semblant encore indécise avant cette ultime rencontre de Ligue 1.
aCette initiative s’est tellement propagée durant toute la journée qu’elle s’est fait une place parmi les tendances Twitter sur Lyon, surtout à base de messages ironiques quant à ce soi-disant jubilé de l’entraîneur de l’OL. Au bord du précipice durant la première période, comme toute son équipe (0-1), Bruno Genesio a eu la bonne idée de faire évoluer à la pause son système de 4-4-2 en 4-2-3-1 avec l’entrée en jeu de Mariano Diaz.
« Il est temps de tourner la page »
La hargne retrouvée de ses joueurs et un tonitruant coup du chapeau de Memphis Depay ont permis à Bruno Genesio et l’OL de prendre le meilleur sur Nice (3-2) et d’obtenir une qualification (directe) en Ligue des champions. Oui, sauf que cette soirée presque parfaite s’est tout d’un coup gâtée en fin de rencontre pour ce coach sous contrat jusqu’en juin 2019. La faute à une banderole très piquante d’un Kop Virage Nord jusque-là très fidèle envers cet enfant du club.
a« Bruno, ton amour pour l’OL t’honore mais il est temps de tourner la page », balance le principal groupe de supporters lyonnais, qui s’en est également pris au président et à ses tweets et même… «au mug à la con » ! « Ça nous a peut-être un peu gâché la fête, reconnaît Lucas Tousart au sujet des différentes banderoles déployées dans le virage nord. Je comprends leur déception car on a parfois eu des performances en dents de scie. Mais nous avons atteint l’objectif du club. »
« Je suis lyonnais et je n’oublierai pas cette banderole »
Sauf qu’à l’image d’une autre banderole (« On n’a toujours rien à fêter ») sortie dans la soirée, cette fois par le virage sud, les supporters retiennent davantage le palmarès vierge depuis six ans (la Coupe de France 2012 contre Quevilly) que « la 22e qualification européenne consécutive » chère à Jean-Michel Aulas. Un véritable gouffre existe donc entre la perception de cette saison par les dirigeants et par les supporters, qui gardent en travers de la gorge l’élimination européenne dès les 8es de finale contre le CSKA Moscou (1-0 ; 2-3).
Dans ce sens, le bilan de Bruno Genesio cristallise les divergences de points de vue. Et c’est peu dire que l’ancien adjoint d’Hubert Fournier a eu le feu d’artifice amer samedi, malgré la victoire haletante (3-2) face à Nice. "
« « Ça me fait mal, je suis lyonnais et je n’oublierai pas, ça restera bien gravé dans ma tête. Je fais mon job du mieux que je peux, on se qualifie pour la Ligue des champions pour la deuxième fois en trois ans. Ça fait énormément de mal de voir ce genre de chose lorsqu’on finit troisième. » »
Ce coup de massue populaire peut-il avoir un impact sur d’éventuelles envies d’ailleurs ? « Non, non, depuis deux ans et demi, je vis plein de choses et ça ne m’a pas fragilisé, ça m’a renforcé. Mon envie, c’est de continuer à faire progresser cette jeune équipe qui est encore perfectible. Les joueurs sont avec moi, mon staff est avec moi, mon président est avec moi. »
« Ça fait bien sûr plaisir de voir l’adhésion des joueurs »
La réponse des joueurs a d’ailleurs été éclatante puisqu’ils ont tenu à rendre hommage à Bruno Genesio, Rafael, Anthony Lopes et Nabil Fekir en tête. « Quand des joueurs portent en triomphe leur entraîneur qui vient d’être critiqué, ça dénote des choses », ne manque d’ailleurs pas de souligner JMA. « Il faut lui tirer un grand coup de chapeau, indique ainsi Lucas Tousart. De l’extérieur, les gens ne se rendent peut-être pas compte de tout ce qu’il fait pour nous au quotidien. »
Des messages appuyés qui touchent forcément cet ancien milieu de terrain formé à l’OL. « Ça fait bien sûr plaisir de voir l’adhésion des joueurs à la fin, confirme-t-il. Je pense que sans cet état d’esprit et cette solidarité, vu le nombre de moments difficiles traversés, on n’aurait pas réussi à se qualifier pour la Ligue des champions. Mon président m’a d’ailleurs toujours soutenu malgré quelques grosses tempêtes. »
Le conseil d’administration va se réunir d’ici deux semaines
Bruno Genesio himself ne cherche pas à faire disparaître le bilan assez piteux dans les coupes. « C’est un gros regret d’avoir été éliminé par une équipe largement à notre portée en Ligue Europa. Mais je trouve que résumer la saison à ce match-là ou à cette défaite à Caen [1-0 en quart de finale de Coupe de France] est un peu réducteur. » Concrètement, Bruno Genesio est-il certain d’honorer sa dernière année de contrat ?
« C’est très clair depuis le début, assure JMA. Je vais proposer au conseil d’administration de faire en sorte qu’il soit là. Quand on a un garçon qui est aimé et écouté de ses joueurs, un garçon qui réussit de véritables exploits comme là contre Nice [3-2] en galvanisant l’équipe à la mi-temps, le PSG, Monaco et Marseille… Comment imaginer que je puisse ne pas proposer à un coach qui a bien réussi de ne pas aller au bout de son contrat ? »
« Il faut que tout le monde se remette en cause »
OK, donc comme à la même époque la saison passée, Jean-Michel Aulas va faire valider d’ici deux semaines le maintien de cet entraîneur qu’il apprécie tant. Il va même discuter à nouveau avec les virages pour enrayer une situation qui pourrait vite devenir électrique en 2018-2019.
« Il faut que tout le monde se remette en cause, y compris ceux qui portent des jugements en se cachant derrière des banderoles, pointe sèchement le président lyonnais. Ça fait 30 ans que le club est passé d’un niveau Ligue 2 sans équipement à un niveau Ligue des champions. » Mais l’OL en a la preuve depuis samedi : la Ligue des champions ne suffit pas toujours à faire le bonheur des supporters.