OM-Atlético: Etait-ce une bonne idée de titulariser un Dimitri Payet sur une jambe?
FOOTBALL•Dimitri Payet a abandonné ses coéquipiers à la demi-heure de jeu, lors de la finale perdue face à l'Atlético de Madrid. Rudi Garcia a-t-il bien fait de l'aligner, alors qu'il était en reprise..?Jérémy Laugier et Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Le staff médical de l'OM pensait que la cuisse de Dimitri Payet tiendrait, au moins une heure.
- Le capitaine et meneur de jeu de l'OM a craqué au bout d'une demi-heure, lors de la finale de Ligue Europa face à l'Atlético de Madrid (3-0).
- Une blessure qui handicape peut-être sa sélection pour la Coupe du monde en Russie...
Le double une-deux journalistique. C’est l’avantage des finales européennes : deux envoyés spéciaux à Lyon, quatre mains pour rédiger les articles d’après-match. Et pour débattre de l’opportunité de titulariser un Dimitri Payet sur une jambe (sur une cuisse, même) en finale de Ligue Europa, face au redoutable Atlético de Madrid. D’accord, pas d’accord ? C'est à la mode : 20 Minutes se clashe, ce jeudi matin.
>> Evidemment qu’il fallait tenter le coup, c’est le seul facteur X de cette équipe
Commençons par le point 1993, l’équivalent du point Godwin quand on parle Marseille et finales européennes. Basile Boli qui demande à sortir, le genou qui siffle. Depuis la corbeille, Bernard Tapie empêche le changement. Vous connaissez la suite (Non ? Sérieusement ? Tête de Boli sur corner, à jamais les premiers, tout ça tout ça).
Revenons à nos moutons. Dimitri Payet souffrait de la cuisse, OK. Mis au repos pour le match à Guingamp (où l’OM a concédé un décevant match nul, tiens donc), Dimitri Payet « allait de mieux en mieux », jugeait le staff jusqu’au coup d’envoi. Même diminué, il est le seul joueur de l’effectif olympien capable d’éclairs de génie, de trouver la transversale qui lance la contre-attaque, d’adresser la passe D qui fait basculer le match.
Il y a un OM avec et un OM sans Payet : les Olympiens ont perdu cinq des treize matchs disputés en son absence (pour trois nuls et cinq victoires). Cinq défaites sur treize, ça fait quasiment du 40 %. Alors que l’OM n’a perdu en moyenne que 20% de ses matchs cette saison.
>> Tu parles, ton facteur X, il n’arrivait pas à « frapper fort dans le ballon »
J’entends Jean, mais comment Rudi Garcia peut-il sérieusement considérer Dimitri Payet comme son go to guy un soir (et quel soir) où il a autant de doutes sur son physique ? La transparence de son diagnostic médical en conférence d’après-match m’a presque fait froid dans le dos : « On a encore fait un test ce [mercredi] matin et il avait une appréhension pour jouer de manière libérée et frapper fort dans le ballon. Bon, il est resté avec cette appréhension. Ça n’a pas empiré mais c’était trop juste malheureusement pour qu’il soit à 100 %. »
Passons la perspective d’aligner un joueur qui n’est pas au top de sa forme. Mais là, sérieusement, devoir se priver de la menace des frappes lointaines du Réunionnais («oh l'étincelle, oh la foudre », tout ça tout ça) et de potentielles transversales ultra-lointaines car sa cuisse est seulement compatible avec une partie de jorky entre potes ?
>> Sauf qu’il fait un bon début de match, même sur une jambe.
Avec son sens habituel de la remise en question, Rudi Garcia assume pleinement son choix. Mais on le suit, sur ce coup-là. Écoutez-le :
« Sur un match pareil, c’est le genre de risque à prendre. Même diminué, il a fait une passe décisive… Qui AURAIT pu être décisive, pour Valère Germain. On savait que s’il y avait peut-être quelque chose sur lequel on pouvait les embêter, c’était sur les coups de pied arrêtés. Sans lui, on perd un excellent tireur. » »
Outre la quasi passe décisive, on peut mettre également à son actif un coup franc bien envoyé, à la 6e, qui a offert une occasiounette à Adil Rami, auteur d’une grosse reprise juste à côté.
>> Ouais, un bon début de match sans but qui le prive peut-être de Coupe du monde, tu parles d’une affaire…
Franchement, la trajectoire de Dimitri Payet à l’OM depuis son retour en janvier 2017 est pour le moins contrariée. Le bonhomme a longtemps paru emprunté et atone, au point de faire passer l'ex-chant de West Ham (« he’s better than Zidane ») comme le troll déguisé du siècle. Mais là, sérieux, depuis un gros mois, il a retrouvé une vraie carrure internationale.
Ça tombe bien, ce comeback au premier plan arrive en pleine année paire, avant ce qui devrait être sa première… et dernière Coupe du monde, à 31 ans. Ou pas donc, car si cette blessure musculaire « ne s’est pas aggravée » dixit Dr Garcia, elle pourrait dissuader Didier Deschamps de l’intégrer dans sa liste donnée dès ce jeudi soir. Comme quoi Rudi can fail.