OM-Atlético: «Étonnamment, ça les motive pour travailler!» Comment sont les élèves à Marseille un jour de finale?
FOOTBALL•En ce mercredi de finale de Ligue Europa, il règne une ambiance particulière dans les collèges et les lycées de Marseille…Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Les lycéens scolarisés à Marseille parlent beaucoup de l’OM, en ce moment. Y compris dans leurs copies…
- Quelques minutes en début de cours, des exercices adaptés… Des professeurs expliquent comment ils gèrent cette période particulière.
C’est un petit mot glissé dans le cahier de texte : « Allez l’OM ». Des trousses bleues et blanches qui apparaissent sur les bureaux. Ou cette étonnante copie corrigée par Hélène*, professeure de lettres dans un collège de l’est de Marseille :
« IIs devaient rédiger un texte à partir d’un thème. Un des élèves avait choisi le mot “amour”. Il a longuement réfléchi… Et il a fini par écrire sur l’OM ! » »
La passion pour le foot déborde parfois jusque dans les copies, mais elle ne perturbe pas les cours dans les collèges et lycées marseillais. Ce mercredi de finale de Ligue Europa (20h45) sera presque une journée comme les autres.
Bien sûr, certains regarderont leur montre un peu plus souvent que d’habitude. Bien sûr, le sujet sera sur toutes les lèvres, à la récré : « Ça fait quelques jours qu’on ressent une petite excitation, c’est le principal sujet de discussion », décrit Julien Marec, professeur d’histoire-géographie au collège Vallon des Pins, dans les quartiers Nord. « Ça met une ambiance sympathique », assure-t-il.
Pas un évènement « perturbateur »
« Ce n’est pas le genre d’évènement qui perturbe la classe, embraye Guillaume, prof de maths à Marseille depuis huit ans. Alors que s’il y a un orage, qu’il se met à pleuvoir, ou, pire, qu’il neige… Instantanément, ils sont focalisés sur ça et ça bloque un peu le cours. » Mais pas l’OM. Même si, parfois, un petit malin tente une diversion en pleine leçon : « Vous suivez le foot, M’sieur ? »
« C’est l’avantage et l’inconvénient des maths : qu’on peut difficilement rapprocher notre matière de l’actualité, sourit Guillaume. Même si on essaye de temps en temps. » Un exercice sur les dabs de Pogba (ou de Thauvin) peut permettre de bosser Pythagore, une comparaison sur les « angles de tir » est parfois plus claire qu’une longue explication.
« Ma stratégie, c’est d’en parler trente secondes avant d’entrer en classe, dévoile Julien Marec. Et ensuite, on met ça de côté, on reprend les choses sérieuses : “Vous avez la récré pour en reparler !”. Mais ça permet de montrer qu’on partage quelque chose avec eux. » « On rentre dans leur univers, on leur montre qu’on n’est pas si différents qu’eux », confirme Caroline Bédènes
Professeure d’éco-gestion, elle est aussi responsable pédagogique du centre de formation de l’OM. Elle partage donc plus que des conversations sur l’OM. Plusieurs fois, cette saison, elle a accompagné ses élèves au stade Vélodrome :
« Pour eux, ce sont vraiment des journées particulières, et encore plus en finale. Ils s’incluent dans l’équipe, ils disent “on joue ce soir, on va gagner.” Ils sont ultra enthousiastes, et, étonnamment, ça les motive pour travailler. On pourrait penser que ça va les distraire… Mais pas du tout ! Ça les met dans un état très positif ! » »
Et ça les mettra peut-être un peu en retard ce jeudi, en cas d’historique victoire et de toute aussi historique fiesta. « Aucun retard ne sera toléré, ce n’est pas le genre de la maison », nous dit-on au rectorat. Nous dit-on dans un sourire, car l’évènement est évidemment festif. Comme le rappelle un prof des quartiers Nord, les enseignants « ont l’habitude gérer des ambiances très négatives. Par exemple, quand il y a un attentat. Ou pire, un règlement de comptes qui touche directement des familles d’élèves. » Alors, quand c’est le foot qui s’invite au collège… « C’est quand même très plaisant ! »
* Son prénom a été modifié, à sa demande.