FOOTBALLEn 2011, c'est le PSG qui croisait Salzbourg... Et c'était «parti en chips»

VIDEO. Salzbourg-OM: «Et là, ça part en chips!» En 2011, Red Bull éliminait le PSG... Et ce match a «tout changé»

FOOTBALLAvant la demi-finale de Ligue Europa entre Marseille et Salzbourg, «20 Minutes» vous raconte la traumatisante défaite du PSG face aux Autrichiens, en 2011...
Christophe Jallet et les  Parisiens avaient trébuché à Salzbourg.
Christophe Jallet et les Parisiens avaient trébuché à Salzbourg. - S. Kubani / AFP
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • En 2011, Salzbourg avait éliminé le PSG fraichement racheté par les Qataris de la Ligue Europa.
  • Ce match a eu d'énormes conséquences pour le club parisien.

De notre envoyé spécial à Salzbourg,

Un stade en travaux, un PSG en chantier. Bruno Salomon a commenté des centaines de matchs depuis. Mais il se souvient bien de cette soirée de décembre 2011. De ces rénovations à la Red Bull Arena, de ce conciliabule derrière le bus parisien, de cette « soirée qui part en chips ».

Le commentateur de France Bleu Paris n’a pas hurlé son « goaaal » signature, ce soir-là. Un journaliste autrichien, en revanche, s’enflammait, à la télé : « Ouiiiiii… C’est déjà Noël ! » Au pied du sapin, une victoire 2-0 face au PSG de Momo Sissoko et de Papus Camara, à l’avant dernière journée de la phase de poules.

« « Ce match, c’était une sacrée performance pour nous, se remémore le latéral Jakob Jantscher, auprès de 20 Minutes. D’abord parce que j’ai marqué un joli but. Et parce que c’était un vrai exploit de battre une grosse équipe comme Paris. Il y avait moins de 10.000 personnes au stade, mais le deuxième but, en toute fin de match… C’était une émotion incroyable. » »

Tout aussi incroyable, ce fail du staff du PSG, à l’époque entraîné par Antoine Kombouaré. On rembobine, avec Rémi, fan parisien, gérant du site HistoireduPSG.fr : « Ce but à la 94e nous élimine, en fait. On n’a plus notre destin en main parce qu’on perd l’avantage du goal-average particulier. » Paris avait battu Salzbourg 3-1 à l’aller. « Il suffisait de bétonner, en face, ils n’étaient pas non plus très virulents », reprend Rémi. « Les Parisiens, complètement amorphes, se mettent le bouillon tout seul », image Bruno Salomon. Svento, seul au deuxième poteau, arme une volée magnifique, qui enverra finalement Salzbourg en seizièmes de finale (pour prendre une branlée 8-1 face au Metalist Kharkiv, mais c’est une autre histoire.)

Une réunion Leonardo/Nasser derrière le bus

Fou de joie, Svento arrache son maillot et célèbre devant des tribunes à moitié vide. L’arbitre siffle la fin du match dans la foulée. Quelques minutes plus tard, Antoine Kombouaré débarque devant les micros, agacé. Il pointe « une faute d’inattention, de concentration » de sa défense. Et s’enerve quand arrivent les questions sur son avenir : « J’ai toujours envie de me bagarrer. Il faut poser la question à mes dirigeants. » Ils sont tout près. Et la zone mixte offre une vue parfaite sur les grandes manœuvres qui s’accélèrent. Bruno Salomon découvre ce soir-là « le côté impulsif des dirigeants qataris ». Il raconte : « C’est tout un maelström, avec Leonardo qui se planque derrière le bus pour discuter avec Nasser [Al Khelaifi]. On comprend que ce match va tout changer. »

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Déjà contesté après une élimination précoce en Coupe de la Ligue et deux défaites consécutives en championnat, dont un humiliant 3-0 à Marseille, Antoine Kombouaré est condamné, ce soir-là par les dirigeants parisiens. Cela fait un moment déjà qu’ils sont en contact avec Carlo Ancelotti. Pour le très bien informé Michel Kollar, historien du club, « ils avaient cette idée en tête depuis longtemps… Mais ce match sert de déclic. Ne pas avoir expliqué aux joueurs qu’une défaite 1-0 était suffisante, c’est une belle erreur de stratégie, ou a minima de communication. » Surtout que Salzbourg était, à l’époque, un club moyen en Europe.

« On essaye de chambrer les Marseillais, mais… »

« L’équipe n’avait pas du tout le style qu’elle a aujourd’hui, confirme Jakob Jantscher. Le club a désormais un plus gros budget, de meilleurs équipements… Et tous ces jeunes joueurs qui sont arrivés après. » En 2011, le projet Red Bull en est encore à ses débuts : les impressionnantes infrastructures de la Red Bull Académie ne sont pas encore sorties de terre. Le club Autrichien est alors vu comme un nouveau riche au palmarès uniquement domestique. Comme le PSG, en fait.

Le taureau qui veut se faire aussi gros que le boeuf.
Le taureau qui veut se faire aussi gros que le boeuf. - SIPA

Les Qataris sont arrivés à l’intersaison et ont dépensé plus de 85 millions d’euros au mercato d’été. Et Claude Makelele, ancien joueur et conseiller des dirigeants, s’enflamme en début de saison en annonçant qu’une victoire en Ligue Europa est un vrai objectif pour le club, « pour avancer et penser, après, à la Ligue des champions. »

Pour Salzbourg, Noël était arrivé en avance. Pour le PSG, il sera glacial. Kombouaré, champion d’automne, apprend qu’il est viré le 22 décembre. Ancelotti débarque. Maxwell, Thiago Motta et Alex suivent : « Après cette défaite, le club change de braquet », analyse Bruno Salomon. Sur la scène européenne, il connaîtra de plus violentes humiliations. Mais cette sortie « comme des malpropres » en Ligue Europa reste un vrai traumatisme pour les supporters. Rémi, du site HistoireduPSG. fr, conclut, un peu amer : « On essaye de chambrer les Marseillais sur la réputation de Salzbourg et de leurs adversaires précédents en Ligue Europa. Mais c’est sûr qu’on serait très heureux d’être à leur place… Enfin, de vivre ce genre d’émotions en Coupe d’Europe. »