INTERVIEWEmploi fictif, trajet à rallonge... L'histoire méconnue des finales de l'OM

OM: «C'était une sorte de consolante, comme à la pétanque!» L'histoire méconnue des finales de Marseille

INTERVIEWEn éliminant Salzbourg de la Ligue Europa, Marseille s’est qualifié pour la cinquième finale européenne de son histoire. Gilles Castagno, auteur d’une encyclopédie sur l’OM, revient sur l’histoire mouvementée et étonnante du club dans en finale nationale ou européenne…
Jean Saint-Marc

Propos recueillis par Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Saviez-vous que l’Olympique de Marseille recrutait dans les bars parisiens à une époque ?
  • En 1991, la victoire de l’Etoile Rouge face à l’OM était quasi écrite d'avance si le match se terminait aux tirs au but.

Un bout du Vélodrome et une mini Coupe de la Ligue trônent à l’entrée de son bureau. S’y empilent aussi des centaines d’archives. Gilles Castagno est plus qu’un collectionneur. Plus qu’un supporter, aussi. Ce Marseillais, abonné depuis 36 ans au Vélodrome, est l’auteur d’une encyclopédie sur l’OM*.

Pour 20 Minutes, il retrace l’histoire de l’OM à travers ses finales, européennes ou nationales, mythiques ou anecdotiques.

La plus lointaine ?

«La première finale de l’histoire de l’OM, c’est la finale de la Coupe de l’Union en 1919. Elle devait se jouer sur terrain neutre, à Paris. Mais comme il n’y avait pas de club parisien, elle a été un peu ignorée. Les Marseillais sont arrivés épuisés au Havre et perdent 4-1. Les journaux de l’époque racontent qu’ils ont joué 51 heures après être partis de Marseille, et après seulement huit heures de sommeil. Lyon, c’est plus facile d’accès… (sourire)»

La plus historique ?

«La Coupe de France 1924 face à Sète, c’est le premier titre de l’histoire de l’OM. A l’époque, les meilleurs joueurs étaient à Paris. Alors les dirigeants marseillais avaient envoyé un recruteur là-bas, dans les bars fréquentés par les joueurs. Ils ont trouvé des emplois plus ou moins fictifs à deux joueurs : Jean Boyer, le meilleur avant-centre de France, et Edouard Crut. L’OM gagne la Coupe de France dès l’année de leur arrivée, avec une victoire mémorable en quart contre le Stade Français : l’OM était mené 2-0 à la 78e. Un match fédérateur, déclencheur, un peu comme face à Leipzig cette année.»

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La finale plus anecdotique ?

«La Coupe Drago, remportée en 1957, c’était une sorte de consolante, comme à la pétanque… C’était un tournoi pour les clubs professionnels éliminés prématurément en Coupe de France. Pour faire rentrer de l’argent, parce qu’un club pouvait se retrouver en difficulté financière sans les recettes de billetterie.»

La plus frustrante ?

«La finale de C1 perdue contre l’Etoile Rouge de Belgrade, en 1991, c’est un des matchs qui m’a le plus déçu dans toute ma vie. En 1990 et 1991, pour moi, ce sont les meilleures équipes qu’on n’ait jamais eues. Mais l’OM n’a pas joué ce match. Belgrade se savait moins fort et attendait les tirs au but. Dans leur championnat, tous les matchs nuls se terminaient par une séance de un contre un. Donc ils avaient un gros avantage.»

« En 1993, nous avions des joueurs de devoir, qui se battaient en permanence. Un peu comme cette année !» »

La plus mythique ?

«1993, bien sûr. Mais pour moi, c’est un souvenir un peu amer. Car c’est la seule finale où je ne suis pas allé. Je venais de trouver du boulot et mon patron ne m’a pas laissé partir. Le Milan AC était bien meilleur. Mais l’OM avait du cœur, avec des joueurs de devoir, qui se battaient en permanence. Comme cette année !»

L'OM n'a remporté qu'une seule de ses quatre finales européennes, en 1993.
L'OM n'a remporté qu'une seule de ses quatre finales européennes, en 1993.  - C. Max / SIPA

Et il y a les finales que l’OM n’a PAS disputées…

«En étant champion d’Europe 1993, l’OM doit jouer la finale de la Supercoupe et la finale de la Coupe intercontinentale. Tapie compte énormément sur ces matchs, qui rapporteraient des dizaines de millions de francs ! Mais l’UEFA suspend le club après l’affaire VA-OM. Tapie avait porté l’affaire devant le tribunal de Berne, mais comme la France venait d’être désignée pour organiser la Coupe du monde 1998, Le Graët le supplie de retirer sa plainte. Il y a une autre finale non disputée : c’est en 1992, après la catastrophe de Furiani

* Le quatrième tome de son encyclopédie sortira le 1er octobre. Disponible sur encyclom.com