OM-Salzbourg: «On n’espionne pas, on observe!» Pendant les entraînements à huis clos, la colline a des yeux
FOOTBALL•C'est un sport national, les veilles de match, à Marseille : des supporters essayent d'assister à l'entraînement à huis-clos de l'OM. Reportage...A Marseille, Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Un «spot» connu des Marseillais permet d'observer à distance les entraînements à huis clos de l'OM.
- Mais le service de sécurité du club veille...
«On n’espionne pas. On observe ! » Toute la subtilité de la chose est résumée par Thierry*, quinquagénaire rigolard. Il connaît par cœur ce « spot » idéal pour suivre, de loin, les entraînements de l’OM fermés au public. Comme, ce mercredi, le dernier entraînement avant Marseille-Salzbourg. Seules les premières minutes étaient ouvertes à la presse et diffusées en direct sur Facebook.
Mais cette colline du 12e arrondissement a des yeux. Un peu partout. Derrière un bout de grillage arraché, les papas des U11 observent l’entraînement de leurs petits prodiges. Certains ont même amené une chaise pliante : « Bien joué Shayan ! » Sur un mur, une grande fresque : elle raconte les exploits de l’Olympique de Marseille. Basile Boli hurle sa joie et bloque la vue.
Il faut grimper sur une bouche à incendie, petit promontoire rouge, connu comme le loup blanc par les Marseillais. Quand on s’approche, l’emplacement est squatté par Mohamed* et Kévin*, 17 ans. Le premier est abonné chez les Fanatics, dans le virage Nord. L’autre fanatique tout court du club de sa ville : « On vient de temps en temps, on fait des petites photos, on regarde un peu la mise en place. »
Un vigile de l’OM les yeux dans les yeux
Les snaps sont partis, les deux minots aussi. Testons le spot. Pas mal. On voit les joueurs en pleine opposition, on entend les consignes, on sent la tension des gros matchs. On voit aussi, les yeux dans les yeux, le cerbère de la sécurité qui nous fait face. Il a l’air méchant. Mais il est à 100 mètres.
« Si tu ne sors pas un gros appareil photo, si tu restes discret, t’es pas emmerdé », reprend Thierry*, qui venait déjà dans le coin à l’époque où Basile Boli n’était pas sur la fresque, mais sur le terrain de la Commanderie. « T’es pas emmerdé », mais de temps en temps, la sécurité envoie un émissaire faire le ménage dans le virage. (Précision : nous sommes dans une traverse, ces mini-rues marseillaises, où il faut klaxonner dans les lacets pour ne pas emboutir la voiture qui arrive dans l’autre sens.)
La sécurité, elle ne klaxonne pas. Mais elle est inflexible. On se demande un peu pourquoi, à vrai dire. Les informations glanées là n’ont pas une grande valeur. « C’était à peu près le dernier entraînement avant le match », souriait, ironique, Rudi Garcia. Son équipe se retrouve de nouveau au centre d’entraînement ce jeudi matin, pour un dernier peaufinage tactique.
On ne tirera pas de conclusion, donc, de ce qu’on a vu ce mercredi soir. « Boubakar Kamara [en reprise] a l’air en forme », assurait, satisfait, un supporter en s’éloignant, vers 19 heures. On n’avait pas nos jumelles, mais nous aussi on s’est dit que tout allait bien pour le minot. Loupé. Une heure plus tard, l’OM l’annonçait forfait pour ce match. A moins qu’il «nique la science» (sic), comme Adil Rami, rétabli à la dernière minute avant OM-Leipzig.
Tant pis pour les infos. Espionner les entraînements, c’est de toute façon une petite filouterie marseillaise, une sucrerie d’habitués : « On est entre nous, ici, les Parisiens ne connaissent pas cet endroit », sourit Thierry. On confirme : face à l’entrée principale de la Commanderie, une poignée de fans fait le pied de grue.
« Tout est cloisonné », déplore Anthony, qui a regardé sur Facebook un entraînement qui se déroulait à 100 mètres de lui. « Allez, on rentre », soupirent Foued et Ali, supporters de l’OM qui vivent dans l’Essonne. Ils rentrent au local des South Winners, à la Belle de Mai. « On a passé l’aprèm’là-bas à les aider pour le tifo, raconte Ali. On a été super bien accueillis… pour des Parisiens ! »
* Certains prénoms ont été modifiés.