VIDEO. PSG-ASM: 7-1 contre le deuxième, sérieusement? Vite, trouvez un vrai rival à Paris pour notre bien à tous
FOOTBALL•Quand un champion colle 7-1 à son plus sérieux rival, c'est que le suspense est vraiment décédé...William Pereira
Deux clubs, deux dirigeants, deux ambiances. D’un côté, Vadim Vasilyev, vice-président de l’AS Monaco, deuxième de Ligue 1 en perdition sur la pelouse du nouveau champion. « Pour nous, c’est un scénario catastrophe. Les seuls qui ont été à la hauteur, ce sont nos supporters qui ont poussé l’équipe [le club a annoncé vouloir rembourser les supporters ayant fait le déplacement], j’attends une réponse de mes joueurs à partir de samedi contre Guingamp. »
De l’autre, Nasser Al-Khelaïfi, boss du Paris Saint-Germain un peu gêné d’avoir roulé à ce point sur ce qui était censé être l’adversaire le plus coriace de la fin de championnat. Pour lui, 7-1, « c'est un petit peu trop, honnêtement. […] Avant le match, si on m’avait demandé quel serait le score, jamais je n’aurais dit ça. » L’inverse eut été surprenant.
Ici, ce qui nous intéresse, c’est la litote de Nasser. Car il s’agit bien de litote. Claquer sept pions contre le deuxième de son championnat, c’est plus qu’un petit peu trop : c’est trop, point. On ne blâmera pas à l’excès l’ASM, prisonnier d’un projet Tetris qui l’oblige à reconstruire au fur et à mesure que les lignes de joueurs disparaissent ni le PSG d’être aussi fort. Mais après la démonstration dominicale des Parisiens - qui dixit Jardim « va laisser des séquelles » - on est bien obligé de remettre une pièce dans le jukebox des problématiques évidentes du football français : la L1 est-elle trop naze pour Paris ?
Berchiche et le manque de densité de la Ligue 1
Yuri Berchiche est assurément trop gentleman pour le dire en ces mots - et pas tout à fait assez fort pour se le permettre, soyons honnêtes - mais n’en pense pas moins. Dans un entretien accordé au JDD, voilà ce qu’il disait du supposé manque de compétitivité de notre championnat : « Les adversaires du PSG ne sont pas assez forts. En Espagne, la densité permet à Barcelone, à l’Atlético, au Real Madrid d’être mieux préparés à l’heure des grands rendez-vous européens. Souffrir le week-end, c’est utile. »
Également passé par la Liga, à Villarreal, Alphonse Areola n’est pas d’accord et l’a fait savoir avant le match du titre à Europe 1 et l’AFP.
« « On banalise trop ce championnat. Ce sont des efforts faits sur le long terme, on travaille depuis début juillet, et ça se joue sur toute une saison. Il faut être régulier, ne pas se blesser, être performant sur toute la saison… » »
On vous laisse choisir votre camp. Nous, on penche du côté de Yuri. Désolé Alphonse, mais ton discours prouve bien une chose : Paris ne se bat que contre lui-même. Quand il surmonte ses démons, il est injouable, et on l’a encore vu dimanche soir. Sur la pelouse du Parc, c'était Star Wars, mais les tous derniers. Vous savez, ceux où les gentils sont quinze fois plus fort que le côté obscur. C'est nul.
Des rivaux plus forts, mais pas assez encore
Sur les trois dernières saisons, le PSG connaît un accident de parcours que l’on attribuera à la perte de son phare - Zlatan - autant qu’à l’état de grâce de Monaco. Les deux tranches de pains qui englobent le sandwich sont d’immenses boucheries :
- Une saison à +31 points sur le dauphin lyonnais en 2015-16
- Une saison en cours à +17 points sur le dauphin monégasque et cinq matchs restant à jouer
On vous passe les records de buts marqués, encaissés, et autres séries d’invincibilité. Ce qui semble constituer une exception dans des pays comme l’Espagne ou l’Angleterre - où les balades du Barça ou de City restent rares - est en train de devenir la norme dans l’hexagone. Une norme dangereuse pour l’intérêt sportif de cette ligue. Qu’on ne s’étonne pas qu’elle soit alors « trop banalisée », bien qu’elle attire aujourd’hui des journalistes des quatre coins du globe à en observer le polyglottisme ambiant en zone mixte.
Le pire finalement, c’est que Monaco a rarement été aussi fort que ces deux dernières années, que l’OM va peut-être chercher un titre européen, que l’OL est, on le sait, capable de battre Paris et que Nice émerge. Techniquement, les rivaux sont de plus en plus forts. Mais quand on vous met des Neymar et Mbappé dans les roues, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que d’observer le gouffre croître et se lamenter sur le destin immuable de la Ligain. Pendant ce temps, Nasser pourra toujours continuer de demander pardon pour les défaites européennes et les roustes infligées à ses dauphins français. C’est déjà ça.