FOOTBALLQue vont retenir les livres d’histoire du passage d'Emery au PSG?

«Cinq ou six matchs avec la vraie patte Emery», que vont retenir les livres d’histoire du passage du Basque au PSG?

FOOTBALLCe n'est pas encore fini entre Emery et le PSG, mais c'est tout comme...
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Unai Emery ne devrait très probablement plus être l'entraîneur du PSG la saison prochaine.
  • Après deux ans passé sur le banc parisien, on a voulu savoir ce que Unai Emery avait apporté au PSG.

Voilà, c’est (bientôt) fini. Si l’on en croit ce que nous disait récemment le latéral droit/journaliste sportif Thomas Meunier (« beaucoup de choses vont changer au PSG, dont le coach »), Unai Emery devrait plier bagage au terme de sa deuxième saison avec le Paris Saint-Germain. Et, alors que l’ancien coach sévillan s’attaque à l’un de ses derniers gros défis avec la finale de la Coupe de la Ligue face à Monaco, samedi soir au Matmut Atlantique de Bordeaux, on s’est demandé ce qu’Emery allait laisser comme trace de son passage en France.

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« Pfff, je ne sais pas trop quoi vous dire… », voilà les premiers mots qui sont sortis de la bouche de Vincent Guérin, l’ancien milieu du PSG, quand on a évoqué avec lui notre sujet. Ça commence bien. « Autant Laurent Blanc avait laissé une empreinte, autant là… je ne trouve pas qu’il aura laissé une empreinte réelle sur le jeu du PSG, poursuit-il après de longues secondes de silence. C’est difficile d’avoir un avis bien tranché parce qu’il n’y a pas eu un système de jeu bien particulier mis en place depuis qu’il est arrivé. Il y a eu pas mal d’hésitation, de changements, on n’a pas eu l’impression qu’il voulait, ou qu’il pouvait, mettre en place ses idées. »

Le constat est dur de la part de l’ancien Parisien, surtout quand on se souvient des promesses qui ont accompagné l’arrivée du triple vainqueur de la Ligue Europa dans la capitale. Pêle-mêle :

  • Une intensité de dingue sur le terrain et un pressing à faire flipper les adversaires.
  • Un apport énorme des latéraux dans les phases offensives.
  • Un jeu vertical tranchant avec ce que l’on avait vu ces dernières années avec un PSG en mode sénateur.

« C’est vrai que tout ce qu’on attendait d’Emery quand il est arrivé, après l’avoir vu du côté de Valence et du FC Séville, on en a juste aperçu des bribes. Sur deux ans d’Emery, on aura vu quatre mois et cinq ou six matchs avec la vraie patte Emery, pas plus », constate Florent Toniutti, le créateur du blog Chroniques Tactiques. Mais il a des circonstances atténuantes, nous dit le journaliste de la défunte émission « Data Room » sur Canal +.

« « Emery a dû reconstruire une équipe de zéro puisque le rythme auquel jouait le PSG était fait pour Ibrahimovic. Or il a eu affaire à des joueurs qui jouaient au même rythme sans avoir Ibra à leurs côtés. Il a donc fallu qu’il change un peu les mentalités et ça c’est sa première victoire. De la défaite face à Monaco en août 2016 jusqu’au 4-0 face au Barça, il y a une lente mais assez certaine progression du PSG sur le plan collectif, où on a une équipe qui joue un peu plus de manière verticale. » »

Le 4-0 qui cache le 1-6 (ou l’inverse)

Ah ce fameux 4-0 face au Barça, on l’oublierait presque. C’est vrai que le séisme de la remontada qui a suivi a eu tendance à effacer de certaines mémoires ce match de dingue. Un match jouissif où, l’espace d’une soirée, on a eu l’impression d’assister à un condensé de la philosophie Emeryenne dans toute sa splendeur. « Ce que je retiens d’Emery ? Je retiens qu’il a réussi à mettre 4 buts au Barça sans en prendre un seul au Parc des Princes », salue Laurent Fournier, un autre ex de la maison rouge et bleu.

« Si les gens vont se souvenir du 6-1, il ne faut pas non plus qu’ils oublient le 4-0 du match aller, appuie Toniutti. Même si, in fine, c’est vrai que le PSG s’est fait éliminer, il ne faut pas oublier cette superbe rencontre. C’était l’un des plus beaux matchs d’un club français en coupe d’Europe depuis très longtemps. »

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« Est-ce que ce n’est pas le contexte qui a fait qu’il s’est retrouvé à jouer comme ça ?, s’interroge Guérin, visiblement pas du tout emballé par le travail du Basque au PSG. Motta était suspendu, il a donc été dans l’obligation de faire jouer Rabiot-Verratti-Matuidi. Alors que si Motta avait été là il aurait forcément joué et ça n’aurait pas du tout été le même rendu, je pense. Donc voilà, ce n’est pas significatif, c’est plus l’occasion qui a fait le larron. Pour moi c’est plus ça qu’une « patte Emery » sur ce match. C’est plus un accident de parcours entre guillemets, un bon accident de parcours. Mais ce n’est pas quelque chose qui a été mis en place dans la continuité. »

« Pour moi, la période qui ressemble le plus à la philosophie d’Emery, offensivement (je ne parle pas du pressing car ça, ça n’a jamais vraiment marché), se situe de novembre 2016 à février 2017. C’est là que tu as un PSG avec l’identité Emery la plus prononcée. Mais c’est vrai que derrière, une fois que la Ligue des champions s’arrête, tout s’est arrêté », regrette Florent Toniutti.

Le petit Nasser de Noël

Maintenu à son poste après une saison marquée par la remontada et la perte du titre en Ligue 1, et ce malgré de grosses hésitations venues de Doha qui a un temps songé à le remplacer dès la première saison, Emery a eu droit à une seconde chance. Et deux jolis cadeaux nommés Neymar et Mbappé. Sauf que, manque de pot, Neymar s’est blessé et n’a pas pu se transformer en sauveur lors du retour contre le Real.

Pour Toniutti, avec ce recrutement de mammouth, Unai Emery a un peu abandonné ses principes pour donner les clés du camion à ses stars à 400 millions.

« « Il s’est effacé devant les deux individualités que sont Neymar et Mbappé, il a construit une équipe pour essayer de garder un certain équilibre, tout en laissant le soin à ces deux-là de faire les différences. Et c’est là qu’on a vu une équipe qui défendait à 7 avec les trois de devant qui jouait un peu à la carotte pour contrer. Mais là ce n’était plus la « patte » Emery, c’était juste la patte d’un coach qui fait avec les grosses individualités qu’on lui a donné, mais sans forcément les mettre dans les meilleures dispositions. Tactiquement, c’est une vraie déception cette deuxième saison d’Emery parce qu’au final les joueurs qui semblaient être en mesure de progresser, je pense notamment à Verratti ou Rabiot, ne l’ont pas fait. » »

« Pour le reste, je dirai que s’il n’a pas fait mieux que les précédents coachs, il n’a pas fait pire », tempère Laurent Fournier, pour une fois suivi par son ancien coéquipier Vincent Guérin : « Après, il a quand même maintenu un certain niveau de performances sur le plan national. » Ça, on ne pourra vraiment le dire qu’au terme d’une saison où autre chose qu’un triplé Ligue 1-Coupe de la Ligue-Coupe de France serait vécu comme une (nouvelle) humiliation.

Car c’est bien le problème pour tous les coachs qui sont passés et qui passeront au PSG version Qatar : marcher sur la France est vécu comme quelque chose de normal (et ça l’est, en un sens), c’est le minium syndical en somme. Et c’est bien sur la scène européenne et sur elle seulement que les coachs parisiens sont jugés. Emery a clairement échoué. À qui le tour ?