VIDEO. France-Colombie: Du coup, on peut compter sur qui quand il faut aller à la castagne?
FOOTBALL•Les Français ont été mangés dans l’agressivité alors qu’ils semblaient tranquillement maîtriser leur adversaire (2-3)…Julien Laloye
Au Stade de France,
Petite blagounette de zone mixte soufflée par un confrère en attendant que les Bleus passent au parloir. « Avec Jojo Ferri, on n’aurait jamais perdu ce match ». Référence au caractère teigneux du milieu lyonnais, incarnation parfois caricaturale du FC Castagne qui fait se tordre de rire les supporters des Gones sur twitter après chaque embrouille provoquée ou alimentée par le gars sûr de leur club préféré. Comprenez que les Bleus ont singulièrement manqué de caractère en seconde mi-temps. Pire que ça, ils se sont fait secouer comme les hanches de Shakira sur une cumbia du pays. Passés au shaker, désossés, avec les dents, cabossés comme des auto-tamponneuses à la dérive. Bonne nouvelle, les gars ont conscience d’avoir failli sur l’engagement.
Hugo Lloris
« « On a commencé à faire un peu moins d’efforts et à ce niveau-là, on ne peut pas. C’est un problème d’ensemble. On ne va pas pointer du doigt qui que ce soit, parce que les erreurs font partie du jeu. Mais c’est sûr que dans l’ensemble, dans l’attitude, on se doit de faire plus, en termes d’énergie, en termes de cœur. On doit plus donner ». »
Olivier Giroud
« « On ne peut pas se reposer sur ses lauriers et baisser de pied comme ça, surtout dans les valeurs qui sont les nôtres en temps normal et qui sont primordiales dans le foot et surtout dans ce genre de match de très haut niveau : l’engagement, l’agressivité, la détermination sont des ingrédients indispensables pour réussir. On n’a pas su réagir dans les moments difficiles, je nous ai sentis, moi le premier, un peu amorphes et déstabilisés. On a du travail encore là-dessus, et ce genre de match doit nous servir ». »
Raphaël Varane
« Face à une équipe conquérante dans le pressing, on n’a pas trouvé de réponse pour contrer cette façon de jouer. On sait ce qu’on n’a pas bien fait. L’adversaire a joué différemment en jouant beaucoup plus haut, on a une marge de progression. On a été trop attentistes, contre ce type d’opposition, il faut arriver à mieux gérer ». »
Pour la série d’excuses
- On est en pleine période où les gars ont la tête à la Ligue des champions ou le titre avec leur club plutôt qu’à un amical avec les Bleus.
- Personne ne jouait sa place pour le Mondial dans le onze de départ (à la différence d’un Payet il y a deux ans, ou de certains face à la Russie dans le match qui vient)
- Les Colombiens ne sont pas des peintres et ils jouaient devant un Stade de France à moitié rempli de compatriotes, ce qui les a certainement incités à en mettre un peu plus après une entame complètement cata
Arguments recevables. N’empêche, toutes ces déclas sentent beaucoup trop la facilité et le renoncement. Il a manqué de l’agressivité, et personne n’a été fichu de mettre un ou deux taquets pour calmer les Colombiens quand ceux-ci ont monté le niveau d’intensité. Même un Kanté, qui donnait plutôt l’impression de trois Kanté à la fois, est un gars trop propre pour ce genre de match où l’équipe d’en face décide de déplacer le débat sur le terrain de la dimension physique, chatouillage des tibias inclus.
Dans des circonstances un peu similaires en Bulgarie à l’automne, où les Bleus étaient tombés sur des gars qui avaient une revanche à prendre sur la vie, Tolisso avait pris son pied et rendu autant de semelles pour montrer que les Bleus savaient aussi jouer les durs. Le Munichois a manqué au Stade de France, comme il a manqué la hargne de Griezmann, lui aussi étouffé par l’engagement défensif des Colombiens. Comme il a manqué aussi des défenseurs qui font mal à l’adversaire. Au-delà de leurs erreurs individuelles du moment – un mauvais soir, ça arrive, Varane et Umtiti sont deux centraux qui jouent la tête haute et refusent de s’abaisser à se frotter dans la vase avec des golgoths style Zapata ou Muriel. Enfin, on est méchants, c’est surtout qu’ils n’ont plus l’habitude à force d’avoir le ballon 98 % du temps avec le Real ou le Barça.
L’avertissement est parlant. L’équipe de France failli gagner (en partie) un Euro en imposant des séquences d’intensité physique incroyables, et il y aura forcément un match cet été que les Bleus devront aller chercher avec les dents plutôt qu’avec le talent, parce qu’on ne devient pas champions du monde en ne mettant que des buts comme celui de Lemar. Dit autrement, Il ne faudrait pas l’accumulation d’une force de frappe offensive presque inédite dans son histoire fasse oublier le sens des priorités. Sans quoi on se retrouve à s’infliger des constats d’entraîneur de top 14 qui vient de prendre une rouste à l’extérieur parce que ses joueurs « n’ont pas répondu sur les fondamentaux et l’agressivité ». On a déjà le XV de France pour ça, alors merci de faire mieux.