Vingt ans après, l'héritage de France 98 peut-il nous faire gagner un nouveau Mondial?
FOOTBALL•Toute une génération a eu le temps de grandir depuis le seul sacre mondial de l’équipe de France de football…Nicolas Camus (avec J.L.)
L'essentiel
- L'équipe de France affronte la Colombie en match amical vendredi soir.
- Avec la rencontre en Russie mardi, ce sont les deux derniers matchs des Bleus avant la liste et la préparation pour la Coupe du monde.
- Vingt ans après, le succès de 1998 doit plus que jamais être une source d'inspiration pour les Bleus actuels.
Putain, 20 ans… Voir Marcel Desailly cajoler le trophée de la Coupe du monde, de passage à Paris mardi sur la route de la Russie, nous a tout de suite replongés dans un état contemplatif dont on est parvenus à s’extirper que pour se repasser une 123e fois «Les Yeux dans les Bleus». Le trophée Jules Rimet, de son petit nom, n’a pas fait le voyage jusqu’à Clairefontaine, où les Bleus sont en train de préparer leurs deux derniers matchs amicaux avant l’annonce de la liste en mai. Mais de toute façon, le seul que les joueurs actuels ont le droit de toucher est la réplique géante qui trône à l’entrée du domaine.
On va beaucoup leur parler de France 98 d’ici à cet été. Parce qu’on aime les anniversaires des grandes victoires et que ça aurait une sacrée gueule de remettre ça pile vingt piges plus tard. Et aussi parce que cette compétition demeure la référence absolue, avec sa petite sœur de l’Euro-2000. On n’a rien gagné depuis, et les années qui passent ne font que renforcer le mythe. Trop ? « Ça ne doit pas être un poids. Au contraire, il faut se servir de cet héritage, estime Bixente Lizarazu. Je ne sais pas si c’est spécifique à la France, mais je trouve qu’on n’en tire pas assez profit. »
Un nouveau doc-anniversaire
Une génération est passée. Pas mal de Bleus actuels sortaient à peine de la maternelle cet été-là, l’un (Mbappé) n’était même pas né. La filiation n’a rien d’évident, alors les anciens se sont donné le mot. « On aurait grand tort d’oublier ce qu’on a fait il y a vingt ans. Au contraire, servons-nous en, assène Laurent Blanc. On dit toujours "il faut avoir la culture de la gagne". C’est vrai, mais il faut l’avoir vécu pour le faire. C’est le cas de peu de monde, nous on fait partie de cette catégorie et on est là pour le transmettre. »
Ce vécu, les deux ex-défenseurs et tous leurs coéquipiers de l’époque en parlent dans un nouveau documentaire-anniversaire. Produit par TF1, il sera diffusé le 12 juin, juste après un match de gala face à une sélection mondiale. L’épopée revisitée par ses acteurs, avec plus de recul, plus de compréhension dans leurs émotions. Et une volonté d’inspirer. « Franchement, si j’étais joueur de l’équipe de France aujourd’hui, je le regarderais ce documentaire, reprend Lizarazu. Ça me donnerait des frissons et surtout envie de vivre ce truc-là. Ça te conditionne, ça te donne une énergie. »
On imagine déjà les Bleus, main dans la main, les yeux rivés sur l’écran en train de murmurer une incantation à la gloire de Zizou. Information prise, il n’y a pas encore de projection prévue avant leur départ en Russie. On a profité d’avoir Antoine Griezmann sous le coude mercredi en conférence de presse pour lui demander comment les tricolores de 2018 pouvaient s’inspirer de leurs aînés. Sa réponse :
« On a un coach qui était dans là en tant que capitaine, il nous donne des conseils, il sait comment nous amener sur le bon chemin. C’est vrai que ça fait rêver, ça donne envie de les copier et de tout donner pour ramener cette Coupe du monde en France. » »
Le liant, c’est bien sûr Didier Deschamps. DD la gagne, capitaine des grands succès, a commencé à monter cette équipe il y a déjà six ans. On ne peut pas dire qu’elle arrive enfin à maturité puisque de nouveaux talents ne cessent de s’y incruster, mais la continuité est là. « Il n’y a qu’avec un collectif que tu peux gagner une grande compétition, rappelle Liza. Cette force, c’est à Didier de la faire naître. Il y avait quelque chose qui y ressemblait au Mondial au Brésil et à l’Euro. Maintenant, l’idée c’est que ce soit encore plus costaud. »
C’est sûr qu’en la matière, les anciens se posent là. Aimé Jacquet ne jurait que par la notion de groupe, qu’il a fini par réussir à modeler exactement comme il le souhaitait. « C’est lui qui nous a dit que c’était notre devoir de faire quelque chose, pour que ça perdure », raconte Youri Djorkaeff. Le tout en évitant si possible de passer pour les pères la morale. « Il n’y a rien de "vieux jeu" là-dedans, aucune arrière-pensée, promet Blanc. On est tous à fond derrière l’équipe de France 2018. » On n’en doutait pas une seconde.