OM: Risque de huis clos, de suspensions... La fin de saison de l'OM peut-elle être gâchée par les sanctions?
FOOTBALL•Juste avant un sprint pour la troisième place et avant son quart de Ligue Europa, l'OM joue très gros sur le terrain juridique...Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Ce jeudi, l'OM passe devant la commission de discipline de la LFP pour usage de fumigènes.
- La commission va également se saisir de la bagarre entre Marseillais et Lyonnais.
- Toujours ce jeudi, la commission de discipline de l'UEFA examine les «troubles» qui se sont déroulés lors du déplacement à Bilbao.
Après la baston, la convocation. Tous les collégiens un jour impliqués dans un petit pont moulon* ou dans une filade** connaissent la règle. Adil Rami aussi. Il pourra toujours tenter le « c’est pas moi qui ai commencé. » L'OM pourra toujours dire que ses supporters sont aussi ingérables qu’une bande de cinquièmes du collège des Bartavelles un jour de neige. N’empêche. La fin de saison marseillaise se joue en grande partie aujourd’hui, pas en conseil de classe, mais dans les chics bureaux de la LFP et de l’UEFA. Et dans le XVIe arrondissement de Paris comme à Nyon (Suisse), on ne connaît pas les nuances de l’argot marseillais…
Des virages sous la menace
On espère que le directeur juridique de l’OM a un abonnement illimité à la SNCF. Car l’OM est sans cesse convoqué devant la commission de discipline de la LFP. Ce jeudi, comme souvent, c’est pour usage de fumigènes, ou plutôt « débordements pyrotechniques ».
On espère que le directeur juridique de l’OM a un don d’ubiquité. Car le cas de l’OM sera aussi examiné par la commission de discipline de l’UEFA, ce jeudi - qui accepte aussi les défenses écrites, rassurez-vous. L’OM devra se dédouaner pour le comportement de ses supporters, à Bilbao : l’UEFA reproche à l’OM la « mise en place et le lancement de feux d’artifice » et « des troubles dans le stade » lors du déplacement à Bilbao. Des fumis balancés (ou échappés ?) dans une tribune basque, et des coups portés à un stadier…
>> Ce que risque l’OM : Des huis clos et des amendes. La LFP a déjà sévi cette saison, avec un virage sud entièrement à huis clos pour la réception de Nantes, et trois groupes sanctionnés (à la dernière minute) pour celle de Metz. L’UEFA a quant à elle sanctionné l’OM d’un huis clos partiel et de 14.000 euros d’amende pour jets d’objets, utilisation de fumigènes et escaliers bloqués, lors du match OM-Konyaspor. Et à 25.000 euros d’amende (plus le règlement des dégâts auprès de Guimaraes) pour l’invasion des supporters à Guimaraes.
>> Les conséquences sportives : On passe sur les amendes (25.000 euros, c’est même pas deux jours de salaire de Gustavo). Les huis clos, en revanche, c’est plus embarrassant. « On l’a vu contre Metz, ça rend les ambiances pesantes », lâche Valère Germain. Avec un impact sur les résultats, aussi ? Difficile d’établir une corrélation.
- Plus de 60.000 spectateurs n’est pas synonyme de victoire (nul contre Paris, défaite contre Lyon).
- Mais moins de 25.000 rime souvent avec énorme purge (les tristes victoires contre Konyaspor et Guimaraes devant 9.000 et 13.000 personnes, le nul contre Salzbourg devant 24.000 mordus).
Adil Rami : une baston qui peut coûter cher
« Moi j’ai vu, si vous n’avez pas vu, c’est que vous ne voulez pas voir. » Jean-Michel Aulas a le sens de l’allitération comme celui de la polémique. Mais nul besoin de « séquestrer les images » : la commission de discipline de la LFP a l’habitude de les utiliser, avec les rapports du délégué et des arbitres. On ne sait pas si Ruddy Buquet ou ses assistants ont vu en direct l’embrouille Marcelo/Rami, qui a lancé les hostilités, au coup de sifflet final. Les caméras ont bien saisi le déroulé : petit coup d’épaule du Lyonnais et, en réponse, un bon taquet en plein sternum porté par le Marseillais. Elles ont vu, aussi, cette gifle d’Anthony Lopes contre un intendant marseillais, en pleine mêlée, sur le chemin des vestiaires.
>> Ce que risque Adil Rami : « A mon sens, Adil Rami devrait être sanctionné, car le coup est volontaire », note l’avocat en droit du sport Erwann Mingam. Si les officiels jugent qu’il s’agit d’une « bousculade », il risque jusqu’à cinq matchs de suspension. Si c’est un « coup », jusqu’à sept matchs, vu que le geste a été commis « hors action de jeu. » Et son comportement provoquant dans le tunnel ne va pas vraiment jouer en sa faveur… Steve Mandanda aussi devra sans doute s’expliquer auprès de la commission de discipline, tout comme Lucas Ocampos, très très énervé.
>> Les conséquences sur le terrain : Le nerveux Adil Rami n’est pas impérial, le Vélodrome l’a constaté contre Lyon (un but contre-son-camp et une responsabilité directe sur le but de Memphis.) Mais avec Rolando, il forme la seule charnière qui tienne à peu près la route à l’OM. Adil Rami n’a loupé que trois petits matchs cette saison. Et pour cause : mis à part une anecdotique qualification à Epinal en Coupe de France, la défense a toujours souffert sans lui.
- La charnière Rolando-Abdennour a encaissé deux buts et s’est fait éliminer par Rennes en Coupe de la Ligue.
- L’innovation Rolando-Sertic-Doria a vécu un naufrage à Monaco (6-1).
Enfin, la bonne nouvelle, dans tout ça, c’est que Grégory Sertic est de retour de blessure. Et il est en pleine bourre. Avec la réserve, il vient d’enchaîner deux lourdes défaites. 3-0 face à Marignane, avec une grosse perte de balle à son actif. Et un nouveau 6-1 face à Monaco. Apparemment, Greg aime bien le tennis.
* Pour les Parisiens qui nous lisent : avatar marseillais du petit pont massacreur
** Vous êtes motivés, dis donc : filade, nom féminin. Bagarre, embrouille.