OM-OL: Orgueil, calendrier, jeunesse… Le Lyon court toujours et relance le match pour le podium face à Marseille
FOOTBALL•Et non, la saison des Lyonnais n'est pas terminée...Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Après leur élimination prématurée (et honteuse) en Ligue Europa, les Lyonnais jouaient très gros au Vélodrome.
- Une défaite aurait mis fin à leurs espoirs de troisième place.
- Après ce spectaculaire 3-2, l'OL, quatrième avec deux points de retard sur l'OM, revient dans le match.
Au stade Vélodrome,
« Le Lyon est mort ce soir. » On les a vus, les confrères qui, avant le match, affûtaient la classique référence awimboienne. Et qui, surtout, enterraient d’avance l’Olympique Lyonnais. Loupé. Le Lyon court toujours, et plutôt vite : malgré sa récente série noire (une victoire en sept matchs), voilà l’OL à deux petits points de l’OM. Et voilà un Lyon étonnamment renforcé de quelques certitudes alors que l’OM se pose pas mal questions. A huit journées de la fin, petit point d’étape.
Les (quelques) certitudes lyonnaises
- Les solistes ont de l’orgueil.
On aime le bonhomme ou on le déteste, pas de souci. Mais disons-le, la célébration de Memphis Depay avait de la gueule. Le torse nu lacéré de tatouage, l’arcade en sang, les doigts sur les oreilles. Pour faire taire le Vélodrome, les critiques, ou même Bruno Genesio quand il a annoncé la compo ? Le Néerlandais a débuté sur le banc de touche. Mais Mephis a toujours autant le boulard, et, bonne nouvelle, toujours autant d’orgueil. Même si ce lob face à Mandanda à la 90e est son seul geste réussi du match, il vaut tellement cher…
Maxwel Cornet, buteur mais surtout vendangeur en série face à Moscou, en Ligue Europa, s’est lui aussi partiellement racheté : il était très actif, a vu une jolie frappe repoussée par Mandanda sur le poteau (40e), et il a suffisamment chahuté Rami pour qu’il marque contre-son-camp (42e). Mariano Diaz a été plus inégal, mais il offre une passe décisive à Memphis sur le non moins décisif but de la 90e.
- Les jeunes ont du talent.
Les observateurs ont souvent pointé, et à raison, l’individualisme des jeunes pépites offensives lyonnaises. Ce dimanche, à Marseille, c’est leur talent qui irradiait. Il n’y a pas que l’excédent brut d’exploitation du club qui donne le sourire à Jean-Michel Aulas. La bonne forme de ses jeunes joueurs aussi.
Le jeune Aouar (20 ans) a réussi un match monstrueux, avec un joli but de loin. Le milieu qu’il forme avec Ndombele (21 ans) et Tousart (21 ans) a clairement fait souffrir l’OM. L’ailier Bertrand Traoré (23 ans), a aussi livré une belle prestation, avec une passe décisive. Et Mandanda a dû sortir le grand jeu face à lui (28e, 70e).
- Genesio (un tout petit peu) conforté.
En tout cas officiellement. Bruno Genesio et Jean-Michel Aulas ont en cœur démenti que le premier avait proposé sa démission au second, jeudi, après la piteuse élimination en Ligue Europa. Et Jean-Michel Aulas a souligné que l’entraîneur avait « su motiver son équipe » avant ce rendez-vous olympique. On ose espérer qu’ils se sont motivés tout seul, mais bon…
Les interrogations marseillaises
- Rudi Garcia va-t-il un jour briser la malédiction des grands matchs ?
Fort avec les faibles, faible avec les forts. Et le pire, c’est que le rival Lyonnais est tout l’inverse. L’OL a une fâcheuse tendance à bazarder les « petits matchs », c’est vrai. Mais les Lyonnais ont remporté douze points face aux quatre meilleurs du classement. L’OM, au contraire, n’a pas battu une seule équipe du Top 4 cette année. Et depuis que Garcia est à la tête du club, il n’a battu que Lyon en Coupe de France (et en prolongation, l’an dernier), et réussi que trois petits matchs nuls (le PSG au Parc en 2016 et au Vélodrome en 2017, et contre Monaco, cette année).
Ce dimanche, « les responsabilités sont partagées », note Garcia, particulièrement énervé contre sa défense (et contre l’arbitrage, mais c’est une autre histoire). Il a également trouvé Thauvin un peu en dedans. Nous aussi. L’international s’est certes peu entraîné cette semaine, mais cette tendance à disparaître dans les grands soirs devient inquiétante…
- Un effectif au bord de la rupture ?
« On était fatigués », a également noté l’entraîneur olympien, qui a titularisé dix des onze joueurs présents au coup d’envoi jeudi à Bilbao, tandis que Bruno Genesio a fait cinq changements par rapport à l’équipe qui a débuté face à Moscou. La fatigue est synonyme de contre-performances (et de coups de sang) pour certains, comme Rami ou Ocampos. Et de blessures pour d’autres : Hiroki Sakai est sorti à la 35e.
L’OM n’a que très peu de solutions pour faire tourner. Rudi Garcia y sera toutefois peut-être forcé, puisqu’Adil Rami risque d’être sanctionné pour un coup sur Marcelo. Une charnière Rolando-Abdennour ou Rolando-Kamara n’a rien de réjouissant…
- Est-il possible de jouer la Ligue Europa à fond et le championnat ?
« Maintenant, on ne va pas s’épuiser dans les matchs du jeudi », a glissé Jean-Michel Aulas, dans une déclaration passive-agressive comme il les aime tant (il s’est aussi déclaré supporter de l’OM en Ligue Europa et a jeté des fleurs à Bernard Tapie).
Le calendrier coûtera en effet sans doute quelques points à l’OM, qui a toutefois une trêve internationale pour se retaper. Mais avec un déplacement à Leipzig trois jours avant de recevoir le coriace Montpellier, par exemple, les Olympiens ont quelques raisons de s’inquiéter. Ils peuvent se dire, pour se rassurer, que la programmation est plutôt clémente : Troyes, Dijon, Lille, Amiens, on a connu des adversaires plus terrifiants. Sauf que ceux de Lyon ne le sont pas beaucoup plus. L’OL, comme l’OM, joue seulement trois équipes du Top 10 lors des huit dernières rencontres de cette Ligue 1. Le sprint des « gros » se joue donc contre les « petits »…