PSG-Real Madrid: Et si on se faisait juste à l’idée que Paris ne gagnera jamais la Ligue des champions?
FOOTBALL•L’élimination logique contre le Real Madrid remet en cause plus encore que les années précédentes la validité du projet QSI à Paris…Julien Laloye
Au Parc des Princes,
Un commentaire sorti du lot mardi sur les plateaux européens. Arrigo Sacchi l’ancien entraîneur du grand Milan, qui y va à la grosse bertha après le nouveau naufrage du projet parisien contre un grand club européen.
« « Le Real a affronté un adversaire très faible. Le PSG n’est qu’un groupe de joueurs. Les idées, ça ne s’achète pas. Le club passe toujours avant tout. Il manque beaucoup de choses à ce PSG. Je pensais voir une équipe le couteau entre les dents. J’ai juste vu le Real jouer une cigarette à la bouche. Je pense qu’au PSG, il manque l’institution. Quand tu vois Verratti et son attitude, ça veut dire qu’il n’y a pas de club derrière. » »
BIM. Apportez la civière et la trousse médicale pour l’émir Al-Thani, qui choisit mal ses soirées pour venir au Parc. Oui, on cite directement le boss du fin, parce qu’il ne faut pas s’y tromper. Les secousses de cette sortie sans gloire dépassent de beaucoup le cas du pauvre Emery. L’entraîneur espagnol rendra son appart dans l’indifférence générale en juin et Nasser repartira à la pêche pour trouver mieux, soit. En attendant, disons les choses comme elles sont : Voilà six ans que le PSG se fracasse en Ligue des champions, et la fois où il a été le plus proche d’atteindre le dernier carré remonte à la saint-glinglin (2014, contre Chelsea).
On pressentait vaguement la catastrophe dès l’été dernier. Comment imaginer foirer un an de plus en C1 après avoir vidé toutes les banques de Doha pour se payer Neymar + Mbappé ? On y est, et cette fois, on ne voit pas la suite.
Ça va discuter du rouge de Verratti, de l’âge canonique de Motta, des manques à tel endroit, ok, mais pour le manque de lucidité générale, on fait quoi ? Le président parisien avait déjà interloqué les suiveurs après le match aller
en chargeant les instances européennes sur l’arbitrage comme dans un mauvais sketch de Mourinho. Mardi, il était encore sur une autre planète :
« « On est très déçus du résultat, la première mi-temps on l’a dominée, mais il a manqué seulement d’un but, le match aurait été très différent. Le carton rouge a tué le match. J’ai regardé dans les yeux des joueurs, tout le monde était prêt, on était beaucoup mieux que le Real Madrid, mais on ne peut pas dire qu’on a perdu contre n’importe qui. » »
Le PSG mieux que le Real Madrid ? Sur ce match, pas une seconde, et cette analyse pour le moins parcellaire participe au sentiment de ridicule des dernières semaines. Dans le désordre :
- La pression mise par Henrique sur l’arbitre dans L’Equipe, dans la continuité du discours de l’aller. Comme si les grands clubs européens, les vrais, avaient besoin de ça pour franchir un quart de finale
- La campagne de com’délirante pour un match retour de 8e de finale. Limite si on n’était pas fusillé sur le champ si on sortait en ville sans son maillot du PSG.
- Les ultras qui passent de parias à tout est permis pour tenter de faire peur à des gars qui viennent de claquer deux Ligues des champions d’affilée
- La gestion de la blessure de Neymar, qui mériterait un chapitre entier
Allons-y tant qu’on y est. Le gars a posté une photo de lui en train de mater le match depuis le Brésil avec un grand sourire et le maillot de Lebron sur le dos. Heureusement que Nene était à côté, sans quoi on se dit que Neymar aurait lancé une partie de Counter strike au quart d’heure de jeu vu son attachement au PSG. Demandez à nos confrères brésiliens qui se tapent encore sur le ventre depuis qu’ils ont entendu Nasser parler de Neymar senior « en gentleman », parce que ce dernier avait accepté de rester à Paris jusqu’au match contre Madrid. Neymar senior, qui appelle une télé chez lui pour dire que son fiston sera absent deux mois alors qu’Emery racontait encore cinq minutes avant qu’il y avait encore un petit espoir de le voir sur pied pour le Real. Lolilol.
L’institution PSG se fait piétiner par Neymar, et ceux qui pensent que ça n’a rien à voir avec ce qui nous occupe se fourrent le doigt dans les trous de nez. Prenez le rouge de Verratti pour contestation : c’est toujours la même histoire avec lui, et pourtant Nasser s’est fâché tout rouge l’été dernier quand le Barça s’est frotté de trop près à l’Italien. Un président qui place ses joueurs sur un piédestal, un directeur sportif qui laisse son entraîneur de démerder tout seul quand surgit un problème...Comme s’il manquait un truc à ce club dans la façon dont il est géré, indépendamment des entraîneurs, des joueurs, des arbitres, pour accomplir son rêve européen. Trop gentil, trop maladroit, trop plein de choses.
« Le PSG va la gagner bientôt »
Ne restent que des convictions individuelles ici et là, comme celle de Thiago Motta, qui peut bien dire ce qu’il veut puisque veut puisqu’il ne sera bientôt plus concerné par le problème. « Je suis persuadé qu’on va y arriver. Ce n’est pas le moment de discuter ce qui doit changer, pas changer, mais je suis persuadé que le PSG va gagner la Champions League et qu’il va la gagner bientôt. »
Qui y croit, encore, franchement ? On a posé la question à Marquinhos sans détour. Le défenseur brésilien nous a refait le coup de Rome qui ne s’est pas fait en un jour
« « La Ligue des champions est vraiment pour les grands joueurs, pour les grandes équipes, et nous, je pense qu’on a besoin d’un peu de temps pour mûrir, pour savoir comment faire pour gagner ce genre de matches qu’on puisse réfléchir, se parler comme équipe, des grands hommes et se dire ce qui va et ce qui ne va pas.. C’est le moment de rester uni, de faire confiance au projet de notre président, de notre club et c’est le moment d’avoir le calme pour analyser ce qui n’a pas été et ce qui a été. On doit commencer à penser à répondre sur le terrain pour faire grandir ce club comme équipe et comme histoire. » »
Très bien. On disait déjà la même chose au Camp Nou il y a cinq ans après avoir raté la qualification face à un tout petit Barça d’un Messi sur une jambe. En fait, c’était juste prémonitoire de la suite. Un club qui reste au bord du truc, tout le temps. Au bord de renverser le Real, qu’il avait à sa merci à l’aller avant une fin de match immonde. Au bord de se rendre compte qu’il n’y arrivera jamais ? Ça brûle.