PSG-Real : «Les supporters parisiens méritent de rentrer aussi heureux que nous», les conseils d'un fan du Barça en «remontada»
FOOTBALL•Un an après le drame et quelques heures avant une autre soirée qu’on espère aussi mémorable, dans le bon sens du terme…Propos recueillis par Julien Laloye
On a dégoté Javier sans trop se forcer sur Twitter. Sa photo de profil ? Une photo avec sa femme, prise depuis les tribunes du Camp Nou. On a oublié de lui demander si elles dataient du 6-1, mais c’est tout comme. Le jeune homme nous raconte sa nuit mémorable. En souhaitant à ses collègues parisiens de vivre le même moment de grâce mardi contre le Real Madrid au Parc des Princes.
Une question bête pour commencer. Est-ce que tu as failli rater la remontada du siècle parce que tu n’y croyais pas ?
Presque. C’est ma compagne qui m’a offert les places après le match aller. Je l’ai remerciée, bien sûr, mais tout de suite je lui ai dit : « Ça ne s’est jamais vu dans l’histoire de se qualifier après un score pareil, tu es au courant ? » Tous mes amis, quand ils ont su qu’on y allait, nous disaient, « mais pourquoi vous avez dépensé autant d’argent pour ça ? » Elle répondait toujours la même chose : « C’est impossible, on est au courant. Et s’ils le font ? ».
En France, en ce moment, il y a une espèce de conjuration pour que l’ambiance soit incroyable au Parc mardi. C’était aussi le cas au Camp Nou ?
Plus le match approche, plus on se laisse convaincre, c’est comme ça que ça marche Dans ce genre de contexte, tu te prépares à aller au stade avec l’idée d’encourager un peu plus fort que d’habitude. Mais ce qui a tout changé, c’est de marquer un but presque sur le coup d’envoi. A partir de là, même celui qui était venu un peu en spectateur attentiste, se laisser porter par la possibilité d’un exploit. Et puis il y a eu cette fin de match.
Le but de Sergio Roberto, c’est le plus beau moment de ta vie ?
Je n’ai pas de mots pour décrire ce qui m’est passé par la tête à ce moment précis. Je me souviens que je ne savais pas qui avait marqué. Je me souviens aussi que sur le moment, j’ai complètement oublié que j’étais avec ma compagne. J’ai été emporté par la vague. Ce moment d’extase, même dans mes plus grands rêves, je ne pensais pas le vivre un jour. J’étais aussi au stade le jour du 5-0 contre le Madrid du Mourinho, mais le sentiment était incomparable.
C’est quoi le sentiment le plus fort dans la remontada ? L’attente, la certitude que ça va se faire, ou la délivrance ?
C’est après, quand les gens sortent du stade, se regardent sans y croire. Cette soirée valait plus qu’une Ligue des champions. Rentrez chez soi en ayant vécu un truc pareil, qui ne se reproduira jamais, pffff, c’est impossible de dire avec des mots à quel point on était heureux.
Vous avez pensé à la détresse des supporters parisiens au même moment ?
Ils chantaient beaucoup, et puis on ne les a plus entendus. Je n’ai pas de souvenirs précis, mais si je devais résumer ce que j’ai vu sur leurs visages, c’était l’incrédulité. Ils ne pouvaient juste plus parler après ce qui s’était passé. Ils étaient sidérés. J’ai souvent pensé à eux dans les jours qui suivaient, en me disant que ça faisait partie des meilleurs souvenirs de ma vie, quand eux avaient sans doute vécu l’un des moments les plus douloureux de leur vie de supporter.
Vous pensez qu’ils peuvent vivre une soirée similaire mardi ?
Déjà, la situation n’est pas tout à fait comparable. Remonter un 3-1, c’est plus facile, même si c’est le Real en face. Et si après ça tu mènes 1-0, tout le monde va penser à la qualification et l’ambiance sera extraordinaire. Evidemment, je supporte le Barça et toutes les équipes qui jouent contre le Real, mais j’espère vraiment une qualification du PSG. Après ce qu’il s’est passé l’an dernier, les supporters parisiens méritent une revanche. Je leur souhaite de vivre une soirée aussi folle que la nôtre il y a un an.
Si vous aviez un dernier conseil à leur donner ?
Y croire, tout simplement. Au Camp Nou, après le but du 3-1 de Cavani, il y a eu un certain abattement, tout le stade pensait que c’était fini. Je me rappelle que mon voisin a quitté sa place à ce moment-là. Et son voisin à lui est parti à dix minutes de la fin, pour éviter la foule. Vous imaginez ce qu’ils ont raté ? Ils s’en voudront toute leur vie