TFC: Pas assez efficace Corentin Jean? «J’accepte ce reproche, car c’est effectivement mon défaut»
INTERVIEW•Très lucide dans ses analyses, l’attaquant du TFC Corentin Jean ne l’est pas assez devant le but. Un souci qui freine la progression de l’ancien Troyen et Monégasque de 22 ans…Propos recueillis par Nicolas Stival
L'essentiel
- Même s’il n’a pas beaucoup joué à Monaco, Corentin Jean garde un excellent souvenir de l’ASM, qu’il retrouvera samedi au Stadium de Toulouse.
- Très précoce, de la même génération que le Mancunien Anthony Martial, l’attaquant de 22 ans est conscient de ses qualités, mais aussi de ses limites.
En avril dernier, Corentin Jean n’avait pas pu jouer lors de la défaite de Toulouse à Monaco (3-1), à cause d’un accord entre les deux clubs. Le jeune attaquant était alors prêté par le club de la Principauté au TFC, qui l’a recruté définitivement pour environ 3,5 millions d’euros cet été.
Samedi, l’ailier droit de 22 ans postule à une place de titulaire contre l’ASM, où il n’aura fait que cinq apparitions toutes compétitions confondues (un but) en première partie de saison dernière. International dans toutes les catégories de jeunes jusqu'aux Espoirs, l’ancien prodige troyen catégorie poids légers (1,70m, 65 kg) se montre lucide quant à ses manques. A commencer par son problème d’efficacité.
Deux victoires, un nul et une défaite honorable contre Paris depuis la nomination de Michaël Debève. Donc, ça existe vraiment le choc psychologique…
Oui, ça existe. « Mika » a pris la suite logique de Pascal (Dupraz). On s’est tous remis en question. On reste sur une bonne série même s’il y a la déception du nul à Amiens (0-0). Contre Monaco, on est dans l’obligation de prendre des points car derrière nous (le TFC est 16e), c’est serré, et des matchs difficiles nous attendent.
Mais qu’est-ce qui a vraiment changé ?
Pas énormément de choses. Au niveau des règles de vie, c’est exactement pareil qu’avec Pascal Dupraz. Michaël Debève a son style. On se plie à ses consignes et ça marche plutôt bien pour l’instant. Défensivement, on n’a pris qu’un but lors des quatre derniers matchs. En revanche, le coach nous a dit que nous étions la 19e attaque de Ligue 1 (22 buts en 26 journées). Ça fait mal avec les joueurs de qualité que nous avons devant.
Que retenez-vous de votre courte expérience monégasque (recruté à Troyes à l’été 2015, il a été prêté à l’ESTAC dans la foulée pour une saison et n’a joué pour l’ASM que de juin 2016 à janvier 2017) ? Un sentiment d’inachevé ?
Oui. Je n’y ai passé que six mois et je n’ai pas joué tant que ça. Après, au niveau humain, c’était vraiment formidable. Je suis aussi tombé sur une saison où les joueurs alignés étaient irréprochables (Monaco a fini champion). C’était logique que je ne joue pas. Mais grâce aux entraînements de haut niveau, à un coach fort tactiquement (Leonardo Jardim), qui met les joueurs en confiance, j’ai senti une progression.
Quel regard portez-vous sur votre saison avec le TFC jusqu’à présent ?
Je peux faire beaucoup mieux. Je dois être plus décisif. Je suis combatif, je me donne à fond, mais il faudrait que je garde de la lucidité pour conclure. Sur le plan physique, j’ai de bonnes « cannes » depuis quatre ou cinq matchs. Je veux finir la saison à fond pour qu’on se sauve. J’ai vécu une montée (2015) mais aussi deux descentes avec Troyes (2013 et 2016), je sais ce que c’est. Si on est solides et que le public nous soutient, on va y arriver.
La faiblesse de vos statistiques (un but et aucune passe décisive en 25 matchs de L1 cette saison), c’est un reproche récurrent que l’on vous fait…
Je joue sur un côté, ça demande énormément d’efforts. J’ai été formé dans un système à deux attaquants de pointe, c’est là où je serai le plus performant, je pense. Mais ce sont les choix du coach. A droite, je peux également amener ma vitesse, mes débordements. Ceci dit, si j’obtiens dix penaltys par saison, c’est bien, mais il faut aussi faire marquer les attaquants et marquer soi-même.
Je suis toujours à 100 % et c’est le reproche que l’on me fait : je dois être plus tranquille dans la zone de finition, être plus efficace dans mon geste. J’ai quand même confiance en moi. A l’entraînement, je travaille devant le but, j’ai de la qualité. Mais j’accepte ce reproche, car effectivement c’est mon défaut.
Vous avez commencé très jeune en pro, en novembre 2012, à l’âge de 17 ans. Cinq ans et demi plus tard, êtes-vous au niveau auquel vous aspiriez à l’époque ?
Peut-être pas. Quand j’ai commencé, on m’a tout de suite mis sur un piédestal, comme un phénomène. Je me souviens que l’on me mettait dans la catégorie d'Anthony Martial. J’ai un peu de talent, mais Anthony en a beaucoup plus que moi, il faut être honnête. J’ai pour objectif d’évoluer à l’étranger, dans un plus grand club, en Espagne. Je vais me donner tous les moyens. Si je n’y arrive pas, ce sera peut-être un petit échec.
Mais à un moment, il faut être conscient de ses qualités mais aussi de ses limites. Si j’étais à 20 buts et 20 passes décisives, il y aurait beaucoup de clubs sur moi. Ce n’est pas le cas. J’ai la tête sur les épaules. Je ne vais pas me prendre pour un autre. J’essaie de faire le maximum, mais on ne peut pas me demander de faire des passements de jambes et de dribbler cinq joueurs…