OL-ASSE: Finalement, à quoi ressemble «un terrible esprit de revanche» dans un derby?
FOOTBALL•L’historique rouste lyonnaise (0-5) à l’aller, conclue par la fameuse célébration de Nabil Fekir, sera forcément dans les têtes des joueurs de l’ASSE, ce dimanche (17 heures)…Jérémy Laugier
L'essentiel
- Humiliée comme jamais dans le Chaudron (0-5) le 5 novembre, l’ASSE voudra évidemment montrer un autre visage ce dimanche (17 heures) lors du derby retour à Lyon.
- Certains joueurs lyonnais et stéphanois ayant vécu d’autres calvaires dans l’histoire du derby racontent à « 20 Minutes » ce sentiment « revanchard ».
Robert Valette aurait presque eu de la chance de n’avoir vécu que 20 minutes sur les deux derbies de la saison 1969-70. Car près d’un demi-siècle avant la claque subie par les Verts dans le Chaudron (0-5), l'OL a subi un enchaînement cauchemardesque 1-7 à Gerland puis 6-0 à Saint-Etienne. « Heureusement que je n’étais pas entré en jeu à l’aller, se souvient l’ancien défenseur lyonnais. Autant on savait qu’on allait en prendre une à Sainté vue l’équipe assez inexpérimentée qu’on présentait, autant on ne s’attendait pas du tout à ce que ça tourne si mal à Gerland. »
Robert Valette imagine assez bien l’état d’esprit « revanchard » qui va habiter l’ASSE ce dimanche (17 heures) au Parc OL, pour être donc déjà passé par là. « Ce n’était pas la peine d’envisager se promener en ville après le 1-7 à Gerland. Nous étions devenus la risée de tous les Lyonnais. Ça avait fait très mal et il fallait laver l’affront, un peu comme Marseille a dû le faire après un 8-0 à Lyon [en 1997]. » Et là d’autant plus qu’il s’agit du rendez-vous de l’année pour ces deux clubs rivaux.
« On avait un esprit de revanche terrible »
Véritable légende à l’OL, Fleury Di Nallo avait participé lui aussi à ce naufrage retour de 1970, mais il se souvient davantage d’une claque sur le même score (6-0) en octobre 1964 dans le Chaudron. « On avait pris une sacrée raclée alors qu’on était deuxièmes du championnat à ce moment-là, confie le petit prince de Gerland. On s’était promis de ne pas louper le derby suivant. On avait un terrible esprit de revanche. » Cinq mois plus tard, les Lyonnais s’inclineront malgré tout mais en montrant autrement plus d’opposition (0-1).
Dans le camp stéphanois, le tunnel de derbies maudits a été terrible entre 1994 et 2010, avec une série de 12 défaites et 9 nuls. Fousseni Diawara, qui a porté le maillot vert dans cette période délicate, a notamment vécu un sanglant 4-0 en avril 2006, contre un OL fêtant à Gerland son 5e titre de champion de France consécutif.
« « Ce derby nous a fait très très mal sur le coup. Certes, on n’avait plus rien à jouer en fin de championnat. Mais voir les Lyonnais faire la fête, avec confettis et peinture sur le visage, avait été l’une des pires humiliations de ma carrière. » »
« Ce match nous a piqués dans notre orgueil jusqu’au derby suivant »
Comme pour les Lyonnais lors des décennies précédentes, le derby a autant été synonyme de frustration que de tentatives (en vain) de réaction dans les années 1990-2000. « Ce match nous a piqués dans notre orgueil jusqu’au derby suivant », explique l’ancien international malien de l’ASSE. Avec là aussi une défaite à la clé, en octobre 2006, mais seulement sur un but à la 89e minute de jeu de Juninho (2-1).
Submergés dans un match aller qui plus est marqué par l’envahissement du terrain des supporters stéphanois et un très long arrêt de la partie, les partenaires de Stéphane Ruffier vont-ils montrer un autre visage ce dimanche à Décines ?
Perrin et Cabella pourraient-ils montrer leur maillot aux Bad Gones ?
« Les Verts ont commencé leur dégringolade après la défaite dans le derby, souligne Fleury Di Nallo. Là, ils ont retrouvé des couleurs et pour eux, c’est LE match de la fin de saison car ils sont quasiment certains de ne pas descendre. » Éliminés des coupes et comptant désormais 7 points d’avance en Ligue 1 sur le barragiste (Amiens), les joueurs de Jean-Louis Gasset auront en effet une vraie opportunité de redorer (un peu) leur saison ce dimanche.
« Il y avait eu un abandon total à l’aller donc ce match retour sera plus que spécial, assure Fousseni Diawara. J’espère qu’après l’épisode Nabil Fekir en novembre, un Stéphanois va célébrer dimanche un but d’une manière qui fera parler. Genre Rémy Cabella ou Loïc Perrin montrant son maillot aux Bad Gones, ce serait le meilleur pied de nez possible. » Et sans doute la plus mémorable revanche dans l’histoire du derby.